autres lieux concernés par la réglementation sur le bruit

À Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier se déplace la plupart du temps en courant, son bureau dans son sac à dos, à la recherche de sujets et de gens passionnants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les horizons dans cette chronique urbaine.

Alors que l’on vient d’apprendre que le mythique cabaret La Tulipe, anciennement le Théâtre des Variétés, ferme ses portes à cause d’un voisin intolérant, il n’est pas le premier lieu de spectacle à être contraint de fermer ses portes en raison du règlement draconien sur le bruit de la Ville de Montréal. Quatre autres petites salles adorées du public ont subi le même sort ces dernières années.

Les Bobards en 2015, l’Inspecteur Épingle en 2016, le Divan Orange en 2017 et Le Scaphandre (aussi appelé Diving Bell Social Club) en 2023 ont également été muselés définitivement suite à une série de plaintes et une rafale d’amendes.

« Les gens sont surpris que La Tulipe ferme, mais pas moi ! », s’exclame Jon Weisz, fondateur de la jeune agence de talents musicaux Indie Montréal.

« Le problème, c’est le règlement de la Ville, qui est absurde parce qu’il exige l’impossible. Il dit que si on entend quelque chose quand on se tient sur le trottoir devant une salle de spectacle, c’est du bruit excessif », résume M. Weisz.

« Le juge qui a ordonné à la salle de ne faire aucun bruit audible hors de ses murs n’a fait que suivre à la lettre ce règlement ridicule ! »

Plaintes en série

Jon Weisz lui-même a assisté à des dizaines d’interventions du SPVM au Divan Orange.

« Une voisine a emménagé dans le bar et elle a appelé la police environ 180 fois en 250 jours », se souvient-il.

C’était alors une sorte de loterie pour voir si les agents envoyés se montreraient compréhensifs ou tatillons.

Certains policiers appliquent ce règlement à la lettre, d’autres non.

Après des dizaines de milliers de dollars d’amendes, de frais juridiques et quelque 200 visites de la police, les propriétaires du Divan Orange ont jeté l’éponge.

Que leur est-il arrivé ?

Dans l’ancien Divan Orange, devenu magasin Heureux Bouddha, le piano est toujours là, encore raisonnablement accordé, au fond.

« Des clients y jouent parfois et certains me disent qu’ils ont déjà donné des spectacles ici », raconte Camille Bertrand, la propriétaire de la boutique.

Vers l’arrière, elle me montre la zone où se trouvait la scène.

De l’époque du Divan Orange, il ne reste que ce piano, au fond du magasin Heureux Bouddha qui occupe l’adresse depuis cinq ans.

Photo LOUIS-PHILIPPE MESSIER

Plus haut sur Saint-Laurent, le magnifique bar circulaire de l’ancien Les Bobards a été relooké et continue d’impressionner dans le restaurant-bar Le Darling.

En me rendant à l’ancienne salle de concert Le Scaphandre, dont le logo est encore visible près du bar des Champs, je tombe sur des portes closes dans l’ancienne cage d’escalier qui sent la bière.

Le logo du Scaphandre apparaît toujours sur le chapiteau, mais la salle, en proie à des plaintes pour bruit, a fermé l’année dernière.

Photo LOUIS-PHILIPPE MESSIER

Quant à l’ancien Inspecteur Épingle, rue Saint-Hubert, il est devenu depuis quelques semaines un café-buvette baptisé Le Ravito.


Dans les locaux de l’ancien inspecteur Épingle, fermés pour éviter un déluge d’amendes, vient d’ouvrir un café-buvette baptisé Le Ravito.

Photo LOUIS-PHILIPPE MESSIER

Exode vers le Québec

La scène musicale locale ne s’est jamais remise de toutes ces fermetures.

« L’époque où Montréal était un foyer de talents musicaux qui attirait de jeunes musiciens de partout est révolue », déplore Jon Weisz.

Alors, où vont les jeunes musiciens qui veulent se concentrer sur leur musique et tenter de percer ?

«Au Québec!», répond M. Weisz.

« Les loyers sont plus raisonnables à Québec. On y trouve des salles de répétition abordables, des lieux pour se produire et un sentiment de communauté. »

 
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