La performance XXL de l’artiste toulousain Pavan crée le buzz

La performance XXL de l’artiste toulousain Pavan crée le buzz
La performance XXL de l’artiste toulousain Pavan crée le buzz

l’essentiel
Traverser un gigantesque cube de blocs de béton, c’est le défi que s’est lancé Pavan, un artiste toulousain qui aime se confronter à la matière la plus brute pour faire surgir des empreintes humaines. Une expérience filmée, qui questionne l’acte artistique et ses ratés. Et qui a fait le tour du web…

S’attaquer à un énorme cube de blocs de béton pour la Journée du Patrimoine… D’où vous est venue cette idée folle ?

Je travaille sur ce projet depuis une dizaine d’années. Ce cube de blocs de béton, 2 150 précisément, est une métaphore du mur auquel chacun d’entre nous peut se retrouver confronté à un moment ou un autre de sa vie. Ce sont les défis auxquels la vie nous confronte. Comment affronter et traverser un deuil, une séparation, une maladie, c’est aussi le parcours des migrants qui laissent tout derrière eux pour tenter de trouver un avenir meilleur. Ce projet est la suite logique de mon travail de sculpture dans le mur, comme « Toujours Berlin », le mur construit à Launaguet, « L’Homme d’Aucamville » ou encore « Le Colosse d’Argile », portrait de Thierry Dussautoir.

La représentation n’est pas passée inaperçue sur la place de Béthune au pied du célèbre beffroi, mais les choses ne se sont pas vraiment déroulées comme prévu…

C’était une première, c’est vrai. La construction de ce cube en parpaings au milieu de cette belle place était effectivement marquante, des parpaings au milieu des briques du Nord. Le simple fait de poser ce cube commençait à susciter des interrogations chez les passants. Je tiens à souligner que la construction de ce cube en deux jours avec l’aide d’une entreprise de maçonnerie de Béthune « L’empreinte » était en soi une prouesse et je remercie encore toute l’équipe pour ce travail. Le seul problème est que les parpaings auraient dû être des parpaings creux mais ils étaient pleins ce qui change complètement le projet et sa réalisation. Je me suis retrouvée devant un mur infranchissable.

« Physiquement, j’ai atteint la limite de ce que je pouvais faire. »

Les images et vos déclarations après votre performance deviennent virales sur les réseaux sociaux, pourquoi avez-vous exprimé votre déception si crûment ?

Je me suis retrouvée, comme je l’ai dit, face à un mur presque infranchissable, il fallait que j’oublie de traverser ce cube au ciseau et au marteau comme je l’avais prévu, il fallait que j’oublie le projet, j’étais effectivement très en colère et je ne voulais pas abandonner. Des gens m’ont suivi et m’ont fait confiance comme Pandemart, l’entreprise de maçonnerie qui m’a aidée, François Catonné qui a fait le film de la performance… Ne rien lâcher était inconcevable pour moi. Il fallait donc que je rebondisse et que je travaille quand même, j’ai travaillé 7 heures, je suis allée au bout de ce que je pouvais faire, j’étais physiquement et moralement au plus bas. Sous l’effet de la déception, j’ai laissé échapper quelques mots assez crus, repris sur les réseaux sociaux, mais c’était de la colère dirigée contre moi-même. En aucun cas contre tous ceux qui m’ont aidée.

L’échec même de votre performance ne remet-il pas finalement en question la véritable nature d’une œuvre d’art ?

Oui, c’est ce que j’avais formulé sur le projet initial de l’œuvre, j’avais formulé la possibilité d’un échec face à la réalisation de cette œuvre d’art. Le fait de ne pas pouvoir traverser comme on ne peut pas traverser un deuil, une maladie ou la Méditerranée. Mais le projet avait été pensé pour pouvoir y parvenir, ici ce n’était pas le cas, je ne pensais pas que ce seraient des problèmes matériels et techniques qui m’en empêcheraient. C’est aussi pour cela que très vite face à ce mur j’ai essayé de rebondir et de proposer une autre vision de cette œuvre La Traversée est devenue La Fracture, ouvrant le cube de haut en bas pour tenter de passer comme se forment les fractures dans les mines du Nord.

Votre prestation un peu folle a été filmée par François Cantonné, grand exploitant de cinéma, comme une mise en abîme de l’acte créatif. Est-ce peut-être là la réussite ultime du projet ?

Je suis très ému et fier que François Catonné ait voulu faire un film sur cette performance artistique. François Catonné est un grand nom du cinéma français, directeur de la photographie avec les plus grands Polanski, Tavernier, Wargnier, Blier, César pour le film Indochine. Il a tourné des documentaires sur des artistes comme Segui et Velickovic, c’est donc un honneur d’avoir travaillé avec lui, accompagné d’Alexandre Spieser. Il a décidé de me suivre sur ce projet car il était beau et « fou ». On a hâte de voir le film qui gardera une trace de cette « traversée ».

 
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