Jonglant entre les mondes du théâtre, du cinéma et de la performance, l’artiste égyptien Wael Shawky participe à la création de nouveaux univers. Grâce à ses talents de conteur et de metteur en scène, il aborde des sujets marquants tels que la colonisation, la révolution et les bouleversements identitaires à partir de mythes et récits fondateurs. Des mises en scène étonnantes se forment alors, notamment à travers son médium de prédilection : les marionnettes. Laissez-vous emporter dans le monde fantasmagorique et coloré de Wael Shawky pendant la Biennale de Venise jusqu’au 24 novembre.
Un joyau de l’art égyptien
La visibilité est un carburant hautement inflammable : c’est un constat que doit faire l’artiste Wael Shawky, dont l’œuvre polysémique, qui mobilise désormais les galeries Lisson et Sfeir-Semler, est exposée cet été au LaM de Villeneuve-d’Ascq ainsi qu’à la Biennale de Venise. Cette surexposition n’est pas le fruit du hasard, tant l’œuvre de l’Egyptien, né en 1971, parvient à habiter le monde avec subtilité, lui qui, formé à Alexandrie puis en Pennsylvanie, connaît par cœur les nuances des conflits identitaires et mémoriels.
Wael Shawky, Cabaret Crusades III : Les secrets de Karbalaa (marionnette), 2014, verre de Murano, 56x26x17 cm, © Wael Shawky, avec l’aimable autorisation de la Lisson Gallery
Bouleversements hypnotiques
À travers la vidéo, la photographie et le dessin, l’artiste explore depuis plus de vingt ans les grandes histoires fondatrices des temps modernes – croisades, épopées, colonisations – dont il « respecte les textes originaux ” mais “ bouleverse les images « Subtil, parfois surréaliste, ce » changement “, comme il le dit, propose non pas de relire mais de revoir l’histoire. Comme indiqué. Présenté au LaM, le film Je suis Hymnes des Nouveaux Temples est une grande fresque pompéienne parfaitement documentée, bien que composée de marionnettes. Le ballet Paradequi signa en 1917 la mémorable collaboration d’Erik Satie, Jean Cocteau, Léonide Massine et Pablo Picasso, n’est pas loin.
Wael Shawky, I am Hymns of the New Temples, 2023, vidéo, son, couleur, 57 minutes, installé au Museo di Palazzo Grimani, Castello, Venise, 2024 © Wael Shawky ; Courtesy Lisson Gallery
Un marionnettiste redoutable
Le monde est un théâtre, et Shawky n’aime rien tant que bousculer les récits, mêler fiction et réalité, amalgamer imaginaire et réel, inviter marionnettes ou vestiges : ainsi surgira la vérité, palimpseste. Abrité par le Pavillon égyptien de la Biennale de Venise, son film Drame 1882 est ainsi une réflexion prodigieusement singulière sur la révolution égyptienne et la domination britannique, conçue à la manière d’une vaste comédie musicale. Maître au royaume des fables et des contes, des odyssées et des paraboles, l’artiste est un formidable ” mythomane « .
Wael Shawky, Drama 1882, 2024, vidéo couleur 4k et son, VFX, arabe, 45 minutes, installé dans le pavillon égyptien, 60e Biennale de Venise © Wael Shawky, avec l’aimable autorisation de la Lisson Gallery
Wael Shawky en bref :
1971
Wael Shawky est né à Alexandrie, en Égypte.
2000
Titulaire d’un MFA de l’Université de Pennsylvanie.
2010
Fondation de MASS Alexandria, une résidence pour artistes égyptiens.
2013
Lauréat du Prix Biennal de Sharjah (Émirats Arabes Unis).
2010-2015
La trilogie Cabaret Crusades a été présentée à la Documenta (13) à Kassel en 2012, au MoMA de New York et à Art Basel en 2015.
2024
Présentation pendant deux mois de Je suis Hymnes des Nouveaux Temples au Palazzo Grimani, en parallèle du Pavillon égyptien de la Biennale de Venise.
DRAME 1882
Pavillon égyptien à la Biennale de Venise, Giardini, Venise,
du 20 avril au 24 novembre
JE SUIS LES HYMNES DES NOUVEAUX TEMPLES
LaM, 1, Allée des Musées, 59650 Villeneuve-d’Ascq,
www.musee-lam.fr
du 3 mai au 29 septembre
Prix Jameel 4 – Wael Shawky
