Le surréalisme s'expose ailleurs qu'à Beaubourg

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« André Breton » (vers 1940), encre sur enveloppe, dans l’exposition « Provenance André Breton », à la galerie 1900-2000, à Paris. GALERIE 1900-2000

Le projet « Paris surréaliste » réunit une cinquantaine de galeries et librairies parisiennes pour des expositions qui accompagnent et complètent de plusieurs manières la manifestation « Surréalisme » au Centre Pompidou. Parmi les premières à ouvrir – d’autres suivront tout au long de l’automne – deux se distinguent par leur qualité historique et la rareté des pièces présentées. « Provenance André Breton » rassemble, comme son nom l’indique, des œuvres ayant appartenu au poète pendant une période plus ou moins longue.

Il en acquiert quelques-uns et d’autres, plus nombreux, lui sont offerts en gage d’amitié ou en hommage. Ainsi, plusieurs tableaux et dessins de Victor Brauner, dont un « picto-poème », sont accrochés côte à côte aux murs. dédié à « mythographe du devenir permanent » ; une longue lettre de Roberto Matta (1911-2002) où les phrases, en espagnol et en français, encadrent des dessins symboliques et d'autres dessins en couleurs du même auteur ; d'autres encore d'Arshile Gorky (1904-1948) ; une gravure de Max Ernst qu'on croirait d'Ingres ; une calligraphie de Ghérasim Luca (1913-1994) ; ou encore un paysage onirique de De Chirico de 1929.

Lire la critique : Article réservé à nos abonnés Au Centre Pompidou, une plongée en spirale dans le surréalisme

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Et Un ex-voto funéraire rapporté du Mexique en 1938 trône au-dessus d'une petite aquarelle religieuse du symboliste Charles Filiger, disciple de Gauguin, que Breton avait redécouverte dans les années 1950. Duchamp est là aussi et même la copie nou 1 de Le Boîte d'alerteune série de multiples réalisés par les membres du groupe en 1959 à l'occasion de l'exposition internationale du surréalisme qui eut lieu cette année-là à Paris.

Arts amérindiens et océaniens

Tout aussi abondant est « Surréalisme, zones de contact », qui célèbre la curiosité sans bornes de Breton et de ses amis pour les arts amérindiens et océaniens. Plusieurs des œuvres appartenaient au poète, notamment le masque en vannerie rouge de la culture Sulka (Nouvelle-Guinée) qu'il admirait tant qu'il en incluait une photographie dans l'édition originale de Nadia en 1928. La grande statue androgyne d'Uli, de Nouvelle-Irlande, qui se trouvait dans sa maison, nous accueille à l'entrée, inquiétante. Derrière elle, nous sommes observés par un masque tsimshian (Colombie-Britannique), portrait sans doute admirable d'intériorité et de sérénité, et par un visage pâle à la grimace effrayante sculpté dans le bois par un artiste yupik (Alaska).

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Poupée Katchina, Nouveau-Mexique, États-Unis, en bois, pigments naturels et plumes.

Poupée Katchina, Nouveau-Mexique, États-Unis, en bois, pigments naturels et plumes. VINCENT GIRIER DUFOURNIER/ANCIENNE COLLECTION ANDRÉ BRETON

Dans la salle suivante, une poupée kachina hopi (Arizona) attire le regard par les deux triangles noirs superposés qui traversent son visage blanc. D’autres œuvres non moins remarquables ont appartenu à Tristan Tzara, Matta, au collectionneur expert Robert Lebel ou au marchand Charles Ratton. Voilà qui corrige la faible présence de ces cultures à Beaubourg. L’exposition pose aussi une question difficile : pourquoi Breton a-t-il si nettement préféré les arts d’Amérique et d’Océanie à ceux d’Afrique, alors qu’il les connaissait tout aussi bien et que ces derniers ne manquent pas de visages, de corps et de symboles tout aussi dérangeants ?

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