figuration narrative, pop art loin du pop art

La figuration narrative, un pop art loin du pop art

Le Musée d’Art de Pully propose une exposition haute en couleurs sur ce mouvement artistique européen né dans les années 1960, qui se voulait une alternative à Andy Warhol et consorts.

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« Clip ! Merde ! Des bang ! Des vlop ! Des zip ! Shebam ! Pow ! Blop ! Wizz ! » Serge Gainsbourg fait chanter Brigitte Bardot dans « Comic Strip » en 1967. Dans le clip vidéo accompagnant la chanson – l’un des tout premiers du genre –, l’actrice, affublée d’une perruque sombre, d’une combinaison rose moulante et d’une cape de super-héroïne, ressemble à une héroïne de bande dessinée. Une femme ultrasexualisée qui souffle des bulles de BD dans un décor de carton psychédélique. Du jamais vu à l’époque.

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Faisons un petit saut en avant de quelques décennies dans le temps. Direction Pully (VD), à Musée d’art qui fête cette année ses 75 ans. Une nouvelle exposition au titre évocateur investit les murs des deux étages : « Figuration narrative, un autre langage pop ». A première vue, les œuvres ultra colorées représentant des personnages et slogans cartoonesques ainsi que des icônes détournées de la publicité, c’est pop. Pas tant que ça, nous l’apprendrons plus tard en visitant l’exposition avec Victoria Mühlig, co-commissaire de l’exposition avec Yan Schubert, de la Fondation Gandur pour l’art.

Né à Paris

Si Campbell Soup et Marilyn d’Andy Warhol sont ancrés dans l’inconscient collectif, la figuration narrative est moins connue. Commençons par poser le décor sur une carte du monde : à la différence du pop art exclusivement anglo-saxon, la figuration narrative rassemble des artistes d’horizons plus divers. Ce mouvement français – c’est à Paris qu’ils se sont rencontrés pour la première fois – a conquis à ses débuts dans les années 1960 le reste de l’Europe.

En arrivant au premier étage, le co-commissaire explique le sujet : « C’est d’abord la volonté du critique d’art Gérald Gassiot-Talabot et des peintres Bernard Rancillac et Hervé Télémaque de trouver une alternative au pop art. En juillet 1964, ils s’associent pour organiser l’exposition « Mythologies quotidiennes » au Musée d’art de la ville de Paris. En s’opposant au pop art, ils manifestent des ambitions artistiques différentes. Le titre, qui fait référence à Roland Barthes, évoque l’idée de raconter ce qui se passe derrière une image. Une quête d’artistes plus intellectuelle, mais surtout plus engagée sur le plan social et politique. »

Ancrage politique

Même si la figuration narrative partage certains thèmes avec le pop art – le bestiaire des superstars de Walt Disney, par exemple –, elle a à cœur de s’ancrer dans un quotidien et une réalité politique. « Dans ces années-là, en Europe, il y avait un esprit très critique envers les États-Unis et les artistes refusaient de s’inscrire dans ce mouvement anglo-saxon », explique la curatrice passionnée.

En revanche, les peintres de ce mouvement pictural peinent souvent à s’entendre. Ces divergences d’opinion, tantôt politiques, tantôt artistiques, jouent sans doute en leur défaveur sur le marché de l’art. « Certains artistes ne voient aucun mal à être comparés aux artistes pop anglo-saxons, tandis que d’autres s’efforcent de faire connaître leur opposition à l’impérialisme américain et à la guerre du Vietnam. Certains ont un engagement plus social que politique, tandis que d’autres s’impliquent dans les manifestations de Mai 68. Ces divergences les ont rapidement divisés. Avec le recul, on peut penser que s’ils avaient accepté de s’unir sous le nom de pop art européen, ils auraient été aussi connus que leurs collègues anglais et américains », observe le conservateur du musée.

Parcours thématique

L’exposition s’articule autour de plusieurs thématiques. Après l’immersion dans l’univers des influences de la bande dessinée, le parcours se poursuit en montrant les transformations sociales à travers la publicité, la photographie et le cinéma. Plus loin, c’est l’essor économique des Trente Glorieuses, avec l’émergence d’un nouveau confort pour la classe moyenne, qui est raconté.

Eulàlia Grau, Têtes, culottes et chaussettes (Ethnographie), 1973.

Avant de conclure sur l’engagement artistique et le langage contestataire, l’exposition s’attarde sur les archétypes de la féminité. Et l’on repense à Bardot dans le clip de Gainsbourg. Entre autres. Car pendant que BB chante ses onomatopées cartoonesques, Jane Fonda part à la conquête de l’espace dans sa combinaison sexy Barbarella devant la caméra de son mari Roger Vadim en 1968.

Le pouvoir de l’humour

Vue de l'exposition « Figuration narrative, un autre langage pop », Musée d'art de Pully.

Nous avons fait du chemin. Elles ont à peine eu le temps de penser à rendre leur tablier de cuisine et à abandonner leur fer à repasser que les femmes voient leurs figures récupérées pour illustrer leur émancipation. Instrumentalisées et sexualisées tout en restant effacées dans leur objectification, notamment dans la publicité, certaines artistes prennent un malin plaisir à déboulonner les principes machistes du patriarcat. À l’image d’Eulalia Grau, qui, déjà dans les années 1970, puisait dans l’humour une force sans pareille pour démontrer l’absurdité de la disparité des sexes. À noter que l’artiste espagnole sera en discussion avec le collectionneur d’art Jean Claude Gandur, ainsi que le co-commissaire de l’exposition Yan Schubert lors de la table ronde et du brunch du 27 octobre, à 11h

« La figuration narrative, un autre langage pop », Musée d’art de Pully (VD), jusqu’au 15 décembre, museedartdepully.ch

Affiche de l’exposition « Figuration narrative, un autre langage pop », visible au Musée d’art de Pully jusqu’au 15 décembre 2024.
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