Le circuit des 24 Heures du Mans élu monument préféré des Français, un nouveau tournant pour le site automobile mythique

Le circuit des 24 Heures du Mans élu monument préféré des Français, un nouveau tournant pour le site automobile mythique
Le circuit des 24 Heures du Mans élu monument préféré des Français, un nouveau tournant pour le site automobile mythique

Le monument préféré des Français a été dévoilé mercredi 18 septembre sur 3. Le circuit des 24 Heures du Mans a été choisi parmi 120 monuments du patrimoine culturel français. Retour historique sur ce circuit mythique.

Le grand gagnant de cette édition 2024 du monument préféré des Français est sarthois ; il s’agit du célèbre circuit des 24 Heures du Mans.

Le site sportif accueille chaque année depuis 1923 l’une des courses automobiles internationales les plus célèbres. L’événement est même l’une des trois courses les plus prestigieuses au monde, aux côtés du Grand Prix de Monaco et des 500 miles d’Indianapolis.

Depuis plus de cent ans, les voitures de course s’élancent à grande vitesse sur les pistes de l’enceinte sportive. L’histoire de ce lieu s’est forgée au fil des innovations techniques et se confond avec la grande histoire de l’automobile. Petit voyage dans le temps pour comprendre l’évolution de ce nouveau « Monument préféré des Français ».

L’histoire du circuit des 24 Heures du Mans remonte à la fin du 19e siècle. À cette époque, les médias commencent à s’intéresser aux compétitions sportives et se rendent compte que le sport rapporte de l’argent.

Les journaux se focalisent traditionnellement sur les courses hippiques. Peu à peu, le cyclisme, la boxe et, enfin, l’automobile font leur apparition sur la scène médiatique. D’autres pratiques sportives les rejoindront, comme le football, le rugby et la course à pied, mais n’auront pas la même dimension de spectacle.

Les premières courses automobiles naissent au début du XXe siècle. A l’origine, les courses reliaient deux villes ; Paris-Berlin, Paris-Rouen ou encore le célèbre Paris-Madrid. Ce dernier sera déterminant pour la discipline.

En 1903, la course Paris-Madrid est particulièrement dramatique. Elle est interrompue à mi-parcours à Bordeaux. Après quatre jours, le bilan officiel est de huit morts et onze blessés. Les victimes sont des pilotes et des mécaniciens, mais aussi des civils.

Après ce massacre, le ministère de l’Intérieur a décidé d’arrêter cette course, qui n’aurait qu’une seule édition. Plus que Paris-Madrid, ce sont toutes les compétitions de vitesse sur route ouverte qui font polémique.

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En 1903, la course Paris-Madrid fit une dizaine de morts, pilotes et civils. (Photo d’illustration)

© La Collection Everett/Canva

Suite à ce sombre événement, l’Automobile Club de France (ACF) demande à tous les départements de savoir qui sera le premier à créer un circuit de course fermé. L’objectif est de continuer à organiser des courses de vitesse, mais en garantissant une plus grande sécurité, pour les pilotes, mais aussi pour les spectateurs.

Quelques circuits furent créés à Clermont-Ferrand et dans les Ardennes, mais c’est la Sarthe qui remporta la consultation publique de l’ACF en 1906 pour organiser le premier Grand Prix de France.

En six mois, le circuit de 103 km est construit. C’est aussi la naissance de l’Automobile Club de Sarthe, rebaptisé aujourd’hui, L’Automobile Club de l’Ouest (ACO). C’est le Hongrois Ferenc Szisz, au volant d’une Renault AK, qui remporte la compétition.

L’événement est un succès et le secrétaire général de l’ACO, Georges Durand, souhaite créer un rassemblement annuel au Mans. Mais son idée ne se concrétisera que seize ans plus tard, après la Première Guerre mondiale.

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Le premier Grand Prix automobile sur circuit fermé a eu lieu dans la Sarthe en 1906.

© Capture d’écran, Circuit découverte du 1er Grand Prix de l’Automobile Club de France – 1906

En 1921, c’est la grande répétition avant le départ des 24 Heures du Mans. Sur un circuit d’un peu plus de 17 km, un Grand Prix est organisé. Cette fois, ce sont les Américains qui le remportent.

Au Salon de l’automobile de Paris en 1922, Georges Durant, rêvant encore de sa course annuelle au Mans, rencontre le journaliste Charles Faroux et l’industriel Émile Coquille.

Ensemble, ils réfléchissent à un Grand Prix pour tester la qualité et la solidité des automobiles dont l’industrie commence à peine à se développer en France. Émile Coquille, le président de Rudge-Withworth, une entreprise de vélos, de motos et de voitures de sport, propose une course d’endurance de 24 heures.

Le 26 mai 1923, une trentaine de voitures s’élancent sur une route de 17 km pour la toute première édition du « Grand Prix de Vitesse et d’Endurance de 24 heures ».

À ses débuts, la course était une sorte de laboratoire à ciel ouvert. Elle démontrait la fiabilité des différents modèles de voitures disponibles sur le marché. C’était une course destinée à des clients potentiels pour stimuler le développement de l’industrie. L’objectif est de voir quelle voiture est la meilleure pour un usage quotidien.

L’apparition d’un nouveau revêtement routier allait révolutionner l’histoire du sport automobile. Au départ, les voitures ne partaient pas toutes en même temps. Les circuits étant en terre, chaque départ provoquait des nuages ​​de poussière considérables, également à l’origine de nombreux accidents.

A partir de 1926, l’ensemble du circuit est doté d’un revêtement constitué de gravillons calcaires et d’une émulsion de goudron bitumineux, lui-même recouvert de graviers goudronnés. Cette innovation permet à tous les pilotes de s’élancer en même temps, créant ainsi un effet beaucoup plus théâtral pour les spectateurs.

>Les 24 Heures du Mans ont apporté plusieurs innovations majeures dans l'histoire de l'automobile.
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Les 24 Heures du Mans ont apporté plusieurs innovations majeures dans l’histoire de l’automobile.

© Capture d’écran, Atomobile club de l’Ouest

Si le circuit change de visage, les voitures aussi. Les 24 Heures du Mans deviennent l’occasion non seulement de montrer la robustesse des véhicules, mais aussi de tester de nouveaux véhicules. L’événement devient un lieu d’innovation.

De nombreuses avancées ont été réalisées au cours de cette course : le moteur à injection directe introduit en 1952 par Mercedes, les freins à disque développés par Jaguar en 1953, ou encore les phares à iode inventés par Ferrari en 1962.

Le succès des 24 heures fut immédiat, la presse et le public s’intéressèrent rapidement à cet événement hors du commun. Le spectacle, d’une grande intensité, captiva le public.

Après la Seconde Guerre mondiale, l’événement est devenu un un véritable événement culturel. Les installations sont développées pour améliorer le confort des spectateurs ; attractions, bals, restaurants et autres buvettes complètent l’événement sportif.

D’année en année, la renommée de la course grandit. Les meilleurs pilotes et les meilleures marques automobiles se disputent la première place et des spectateurs du monde entier se déplacent pour assister au spectacle.

La course fait partie des trois événements motorisés les plus prestigieux au monde, avec le Grand Prix de Monaco et les 500 miles d’Indianapolis. Gagner les trois compétitions devient le Saint Graal pour les pilotes de course.

Mercredi 18 septembre, un nouveau cap a été franchi pour le circuit, désormais long de 13,626 km. Il est devenu le « Monument préféré des Français », un titre symbolique qui atteste de l’attachement des Français à ce patrimoine devenu légendaire en un siècle seulement.

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