le jour où Lars a perdu son père

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L’écrivain norvégien Lars Ramslie à Oslo en 2016. LARSEN, HAAKON MOSVOLD/NTB VIA AFP

« Une montagne, un fusil, un lac » (Fjellet, gæværet, vannet), de Lars Ramslie, traduit du norvégien par Hélène Hervieu, Paulsen, 224 p., 19 €, numérique 12 €.

En 1997, le premier roman de l’écrivain norvégien Lars Ramslie, un récit autobiographique intitulé Biopsie (non traduit), décrit la relation entre un père toxicomane, en fin de vie, et son fils, alors jeune adulte. Une montagne, un fusil, un lac revient aux origines de cette histoire familiale, pour livrer le portrait de la figure paternelle à travers les yeux du garçon.

Pendant les vacances d’été de 1983, alors que Lars a 9 ans, son père décide de l’emmener à la montagne, son terrain de jeu d’enfance. L’ascension prend vite des allures de rite de passage : l’enfant est tenu dans l’ignorance de sa destination et peine à suivre le rythme fou que lui impose l’adulte, déterminé à pousser son fils à se dépasser physiquement, jusqu’à le mettre en danger.

Concentré sur cela « journée spéciale »L’histoire comporte cependant de nombreux flashbacks dans le temps qui mettent en lumière le mélange de peur et d’admiration que le fils éprouve pour son père. Le père de Lars est en fait le cadet d’une famille qui a fini par le déshériter à cause de son tempérament “imprévisible”, et que l’alcool l’a rendu encore plus incontrôlable. Le narrateur le compare au personnage biblique de Samson, en raison de ses cheveux longs et de sa force hors du commun (il est boxeur), mais aussi en référence à ses accès de colère dévastateurs. Avec son fils, en revanche, il se montre doux, le plus souvent. D’où le titre du deuxième chapitre, « Et les abeilles firent du miel dans le crâne du lion », qui fait écho à un épisode de la vie de Samson et illustre les pôles opposés du personnage paternel.

Transmissions manquées

Si ce personnage est si ambivalent, c’est aussi parce qu’il nous parvient à travers le regard amoureux du jeune garçon. Les enfants voient tout, comprennent souvent plus qu’on ne le pense, et Lars ne fait pas exception : témoin du comportement odieux de son père (le troisième chapitre débute par une scène glaçante de violence domestique), il lui pardonne presque toujours, dans des élans désespérés de tendresse. On comprend l’usage constant de la deuxième personne dans le livre, comme s’il s’agissait de s’adresser directement à cet homme, en essayant d’atteindre par le langage la vérité profonde de celui que Lars et sa mère appellent parfois « celui que nous n’avons jamais réussi à connaître ».

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