un thriller plein d’hommages à Hitchcock

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Lucrezia (Mélanie Laurent) et Alexander Child (Christopher Stills) dans « Requiem pour un tueur » (2011), de Jérôme Le Gris. FILMS ANCIENS

AVANT-PREMIÈRE À PARIS – DIMANCHE 1EST SEPTEMBRE À 23H20 – FILM

Voix d’ange, yeux de vierge, doigts de fée, c’est une belle blonde à qui l’on donnerait le bon Dieu sans confession. Mais cette Lucrèce (Mélanie Laurent) n’est pas si vertueuse : elle exécute les hommes de sang-froid.

Lucrezia est une chanteuse de formation et une tueuse à gages. Elle travaille pour l’exécuteur le plus cher du marché. Alors qu’elle s’apprête à raccrocher son travail pour se consacrer à sa fille, elle est contrainte d’accepter une dernière mission.

Il s’agit de se faire passer pour une chanteuse d’opéra lors d’un concert privé dans un château suisse, et d’assassiner l’un de ses partenaires, un baryton britannique (Christopher Stills) qui, en plus de ses prestations musicales, dirige une entreprise de whisky. La distillerie qu’il vient d’acheter en Écosse freine la construction d’un pipeline censé rapporter beaucoup d’argent à British Oil.

Pendant que Lucrezia travaille à son plan, le contre-espionnage français, informé du contrat, envoie un agent d’élite, un peu grincheux (Clovis Cornillac), mais très motivé pour infiltrer l’orchestre et démasquer la personne dont le baryton est la cible, avec l’aide du châtelain qui a été informé.

Pluie de rebondissements

On a vu dans le prélude avec quel sang-froid la tueuse accomplit ses missions. Il s’agissait de faire avaler à un homme une hostie empoisonnée au cours d’une messe où il n’était pas le seul à communier. Cette fois, c’est lors des répétitions du Messiede Haendel, qu’il s’agit de jouer et, en solide admirateur d’Alfred Hitchcock, Jérôme Le Gris ne manque pas de rappeler la vertu musicale du suspense dans L’homme qui en savait trop (1956).

D’autres clins d’œil parsèment ce thriller ironique où le spectateur a une longueur d’avance sur les personnages : faux suspects, héroïne sous la douche, citrons avalés comme des verres de lait. La musique est tempétueuse comme une partition de Bernard Herrmann, les rebondissements pleuvent…

Ce que nous raconte Jérôme Le Gris a quelque chose de déjà vu : dernière mission avant la rédemption, huis clos… On se croirait dans Agatha Christie, avec un agent des services secrets venu fouiner pour arrêter le crime à temps, dans le renfrogné Hercule Poirot de Clovis Cornillac. Le réalisateur s’amuse d’un univers qu’Alfred Hitchcock maîtrisait parfaitement. Et le spectateur est invité à y déceler clins d’œil et références.

Requiem pour une tueuse peut donc être vu comme un thriller conventionnel, un alignement laborieux d’épisodes digne d’un feuilleton de gare (premier degré), ou comme un exercice de style brillant et ironique jouant avec les clichés avec une délicieuse maîtrise (second degré).

Hormis une fin inutilement explicative, nous opterons pour la deuxième hypothèse.

Requiem pour une tueuseby Jérôme Le Gris (Fr., 2011, 91 minutes) With Mélanie Laurent, Clovis Cornillac, Tchéky Karyo, Michel Fau. Paris Première

Jean-Luc Douin

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