Que peut espérer Arnaud Démare du millésime 2025 ? Est-il capable de retrouver son meilleur niveau ? Franchira-t-il le cap symbolique des 100 victoires en carrière, lui qui en compte actuellement 97 ? « J’ai toujours cet objectif en tête, comme celui de remporter à nouveau une étape du Tour et de gagner plus régulièrement, tout simplement ». Cette saison, Picard, figure du cyclisme français de la dernière décennie, sera encore une fois l’une des grandes attractions du peloton, une vraie question et une vraie curiosité aussi. Alors qu’il débutera sa saison en Espagne par une manche du Majorca Challenge, avant de mettre le cap sur les terres gardoises sur l’Etoile de Bessèges, le leader du Team Arkéa-B&B Hôtels espère oublier au plus vite une année 2024 particulièrement difficile.
“Je n’ai pas répondu aux attentes”
Sportivement d’abord, puisqu’il a peiné à trouver la bonne carburation et l’automatisation avec son nouveau train, au point de craindre de terminer la saison bredouille pour la première fois de sa carrière. « Florian Sénéchal s’est blessé à la clavicule, Amaury Capiot est également tombé, puis Dan McNay a été touché aux côtes… Sur Paris-Nice, deux coureurs du train étaient absents. Miles Scotson avait besoin de temps pour s’installer dans sa nouvelle équipe. C’était beaucoup, nous n’étions pas à 100 %. Pour ma part, j’ai eu du mal à trouver le bon curseur entre fraîcheur et force, j’étais un peu en dessous de ce dont je suis capable de faire. Je n’ai pas répondu aux attentes de l’équipe ». Mentalement aussi, et surtout, puisque sa compagne, Morgane, a été hospitalisée pendant près de trois mois en raison d’une grave dépression. Une épreuve particulièrement douloureuse qu’ils ont décidé de raconter, conjointement, dans le deuxième tome de « Un an dans ma roue »livre disponible aux éditions Talent Sport.
“C’est un sujet d’actualité, la santé mentale d’un sportif de haut niveau”. Pas vraiment désireux de se plaindre ni de trouver des excuses à sa saison 2024 décevante – en comparaison de ses standards -, Arnaud Démare et sa compagne ont simplement voulu se faire plaisir, sans tabous. « Ma femme a eu la force d’accepter de se confier. Le but de ce livre était d’aider les gens au quotidien”. A-t-il eu peur des réactions du milieu cycliste ? « Le livre a pour but de toucher des gens qui ont déjà, au départ, une certaine bienveillance à mon égard puisqu’ils font le pas d’acheter un livre. Ce n’est pas la même chose que de tomber sur un article sur Internet ou même de lire le journal. Lorsque vous achetez un livre, vous savez ce que vous allez obtenir. Alors non, je n’avais pas peur. Je voulais simplement montrer la difficulté de concilier la vie d’un sportif de haut niveau et les enjeux du quotidien. Tout est lié, il y a forcément un impact sur la pratique sportive”. Désormais, “la tempête est passée” et l’ancien vainqueur de Milan-San Remo (2016) entend être un élément incontournable de la WorldTeam bretonne pour ce qui sera sa quatorzième saison chez les pros.
« NE PAS REPRODUIRE LES MÊMES ERREURS ET JOUER SUR LA FRAÎCHEUR »
Pour ce nouvel exercice annuel, il est désormais entraîné par Frédéric Ostian, son quatrième coach en un an et demi. “C’est un changement, il faut s’y réhabituer même si quand on fait ce métier, on a une énorme capacité d’adaptation.” Parmi les principaux changements qu’il a mis en place depuis le début de la préparation hivernale, celui de « ne pas rouler à tout prix en étant malade par exemple. Avant, je pouvais me contenter de trois heures d’entraînement, mais c’est contre-productif. Si je dois souffler, je souffle”. Plus généralement, il s’est fixé une devise : « ne répétez pas les mêmes erreurs » que dans un passé récent, et se montrent capables de faire du bien « jouer sur la fraîcheur » tout au long de la saison.
Les attentes ? Arnaud Démare n’en fait pas toute une histoire. “Il y en avait déjà l’année dernière”. Et les saisons précédentes aussi. La pression ? « J’y mets encore beaucoup d’efforts. J’ai du mal à l’enlever. Cette exigence est en moi ». Mais il compte s’appuyer, plus que jamais, sur sa force mentale, sa patience et son abnégation. “Je sais tout cela et je sais comment faire”. Et si la victoire n’arrivait pas en début de saison ? « Je ne sais pas combien de temps je vais tenir. Peut-être qu’un jour j’en aurai marre mais pour l’instant, ce n’est pas le cas ».
«J’AI ENCORE LE PHYSIQUE POUR POUVOIR M’EXPRIMER»
Heureux d’avoir “revenir sur la bonne voie” et “Impatient” Pour en découdre, Arnaud Démare est convaincu qu’il peut encore réaliser de grandes choses. Et ne lui parlez pas d’âge ! « Je n’ai que 33 ans, je veux me faire confiance. André Greipel a remporté quatre étapes du Tour à 34 ans, Philippe Gilbert a remporté Paris-Roubaix à 36 ans et Mark Cavendish s’est imposé sur le Tour à 39 ans. Un sprint peut être aléatoire. Il faut trouver les bonnes ambiances, les répéter pour avoir un jour l’ouverture. J’ai encore le physique pour pouvoir m’exprimer”. 3ème à Villeneuve-sur-Lot avant d’être déclassé pour un sprint jugé irrégulier lors du dernier Tour de France, il sentait ce jour-là qu’il avait encore la victoire dans les jambes pour la plus grande course du Monde. “Je sais que sur cette étape, je pourrais gagner”.
Avant le grand objectif du Tour, Arnaud Démare tentera de s’imposer au plus vite. Du côté de Majorque ou à Bessèges, peut-être, où il aura “une grande équipe” pour le soutenir. Puis, si ce n’est pas déjà fait, à Almeria, Kuurne-Bruxelles-Kuurne et Paris-Nice. « En fonction de ma forme, j’aurai ensuite un beau programme sur les Classiques ». Après les problèmes de rodage l’an dernier, accentués par les blessures successives de ses poissons pilotes, le Picard espère cette fois avoir un train bien huilé. « Il y aura toujours Florian Sénéchal, mais aussi Miles Scotson qui sera souvent avec moi même si pour le moment il est en Australie ». Amaury Capiot est également cité par le leader, tout comme le spécialiste de la piste Donavan Grondin. « Il manque de régularité mais il a les qualités pour »assure Arnaud Démare à propos des Réunionnais. Si chacun s’exprime à 100%, il en est convaincu, “Il existe un moyen de faire de belles choses”. Y compris battre les hommes les plus rapides de la planète. « La confiance joue un rôle énorme. Il suffit qu’il y ait une bonne émulation au sein de l’équipe et tout est possible ».
Photo : Team Arkéa-B&B Hôtels
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