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dans ce club, les malvoyants peuvent rouler librement

Depuis près de quarante ans, être malvoyant ne vous empêche pas de faire du vélo à Limoges ! Enfin, tandem plus précisément. Né de l’initiative d’une association caritative, le Limoges Tandem Club compte aujourd’hui près d’une quarantaine de membres, dont la moitié voit les pilotes, et l’autre moitié ne voit pas, les copilotes.

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« Je n’avais jamais touché à un vélo, et pour cause, j’étais aveugle de naissance ! Mais je me suis dit : pourquoi ne pas faire du tandem ?

Claudine vit avec sa cécité depuis plus de soixante ans, mais ce n’est pas ça qui va l’empêcher de se lancer. En plus, “même dans la rue, avec ma canne blanche”avoue-t-elle en riant… Alors lorsqu’une amie lui a parlé de cette initiative, il y a presque vingt-six ans, ni un ni deux, elle a contacté le club. « J’ai pris rendez-vous, ils m’ont expliqué comment ça fonctionnait et j’ai passé un test. Et depuis, je n’ai pas arrêté.

Un conducteur voyant à l’avant, un copilote aveugle à l’arrière : avec le Limoges Tandem Club, les aveugles peuvent pratiquer le vélo !

© France Télévisions

Le projet est né en 1984 dans l’esprit des membres du club Kiwanis de Limougeaud. Associés, à l’époque, à l’association Limoges Loisirs, ils souhaitaient offrir la possibilité à des personnes aveugles, aveugles ou malvoyantes de continuer à pratiquer le vélo, avec cette idée simple mais géniale : le faire en tandem. , avec un pilote, forcément voyant, devant, et un copilote, qui ne voit pas, derrière, mais qui pédale pareil.


Chacun s’équipe avant le départ : les sorties sont au minimum de 60 bornes !

© France Télévisions

Quelques tandems trouvés, quelques volontaires comme pilotes, et roule ma poule, l’aventure était lancée. Des pilotes bénévoles indispensables, car sans eux, rien ne fonctionnerait.

Et parmi les actuels, Jean-Baptiste, à la fois pilote, trésorier et doyen du club, à 85 ans ! “Quand j’ai pris ma retraite, je me suis dit qu’il fallait que je donne du - aux autres, car j’allais en avoir beaucoup. Les dirigeants de l’époque m’ont donné le goût de le faire, et depuis, je suis resté. Cela fait 26 ans, comme Claudine. En plus, elle a fait son test avec moi.

Depuis, les associations d’origine se sont désengagées, mais il y avait suffisamment de membres pour que le club continue. Et c’est ainsi qu’est né le Limoges Tandem Club (LTC) en 2004.

Elle compte aujourd’hui une quarantaine de membres, dont dix-huit aveugles et un malentendant côté handicapé. “Nous l’avons mis avec nous, les aveugles. Et oui, on dit aveugle, on s’en fiche”prévient Cyrille Durand, le président, qui est copilote. “Enfin, si cela dérange certains, on s’adapte. Cela m’est arrivé à 36 ans, à cause d’une maladie. C’est déjà difficile, donc nous n’allons pas y ajouter du vocabulaire… De toute façon, ça va.

Chaque week-end, et parfois même en semaine, qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige (rare, mais c’est aussi valable pour les fortes chaleurs estivales), les tandems PTC sillonnent les routes de Haute-Vienne.

« Nous privilégions les petites routes bien sûr, pour des raisons de sécurité. Mais il n’y a pas de sécurité particulière, ni de voiture qui ouvre, ni de balayeuse.”prévient Cyrille. “Nous respectons les règles du code de la route, nous ne conduisons pas au hasard et nous nous fions aux instructions des conducteurs.

C’est à eux de surveiller la circulation environnante, d’éviter les arrêts, les dangers possibles ainsi que le type de terrain qui les attend. « Quand on va tourner à droite par exemple, je préviens mon copilote, et c’est lui qui l’indique, avec son bras, aux automobilistes. Si ça monte, j’annonce qu’il va falloir mettre les ischio-jambiers, si ça descend, on va souffler un peu Pareil quand je freine, j’annonce tout, enfin si ça cogne derrière, sinon… »rigole Jean-Baptiste. “Le plus difficile est de démarrer et de s’arrêter. Il faut être parfaitement coordonné, sinon attention aux chutes !

Ainsi les deux cyclistes partent du même pied, le gauche, après un compte de trois, et s’assoient simultanément sur leur selle. Il en va de même pour l’arrivée, où il faut placer les pieds à égalité. Dit comme ça, ça paraît simple. “Ouais, eh bien, la première fois, je suis tombé directement dedans.admits Cyrille Durand. “Mais vous savez ce qu’on dit, quand on tombe… Par contre attention, c’est sportif hein, on n’est pas dans une balade pépère. C’est au minimum une soixantaine de bornes pour la sortie.»


Pilotes et copilotes unis dans l’effort (même s’il y a trois tandems électriques au LTC !)

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Si certains aiment rouler ensemble, selon les affinités développées, les couples ne sont pas figés. “On n’hésite pas à changer, en tandem. Déjà, pour que tout le monde puisse se mélanger, se croiser, et pour ne pas pénaliser un copilote si un jour son pilote ne peut pas venir »explains Cyrille. “Mais tu sais”ajoute Jean-Baptiste, «Les malvoyants ont l’habitude d’être aidés, donc ils font tout de suite confiance. Et Claudine hoche la tête : «ah ben c’est comme dans une voiture, hein, si on veut conduire, il faut faire confiance, parce que ce n’est pas nous qui allons conduire après tout ! [rires]

« Vous savez, quand on est aveugle, que l’on soit aveugle de naissance ou plus tard, on se sent terriblement isolé. Et c’est pire pour le sport. Vous pouvez le faire, mais il s’agit principalement de sports d’intérieur. Là, la sensation de faire du vélo, la sensation de vitesse, certainement avec un pilote, c’est un plaisir énorme. C’est presque une renaissance ! Cyrille Durand ne cache ni sa joie de pratiquer, ni sa fierté de contribuer à ce que pratiquent les autres. “C’est une liberté incroyable de pouvoir faire du sport. Pour moi, c’est très important, c’est très agréable »ajoute Claudine.

D’autant plus qu’à vélo, la conversation ne s’arrête pas qu’à la bonne marche. “On parle des paysages que l’on traverse, des couleurs sur les arbres par exemple. On parle de tout en fait, on discute, enfin quand on peut »dit Jean-Baptiste. “J’adore quand c’est l’automne. Avec ce que me dit le pilote, j’ai l’impression de le voir !Claudine confirme.


Sport, détente et convivialité : telle est la devise du Limoges Tandem Club.

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D’autant que si l’athlète compte, la philosophie du club va bien au-delà. “C’est notre devise : sport, détente et convivialité.explique Jean-Baptiste, «et nous y tenons beaucoup. De plus, la particularité de notre club est que nous récupérons les gens à leur domicile. On les emmène au lieu de rendez-vous, on sort puis on les ramène. C’est un véritable atout pour eux, cela leur permet de ne pas être plus dépendants qu’ils ne le sont. Et comme ça, nous sommes devenus une famille.

“Moi”dit Claudine, “J’ai soixante-sept ans. Mais pour le plaisir de faire du vélo, et pour le plaisir d’être avec eux, si j’avais un conseil à donner à un jeune, c’est d’essayer, foncez, n’ayez pas peur et surtout n’hésitez pas. ! »

Et l’auteur de ces lignes, qui était aussi le journaliste du reportage, a avoué qu’il avait promis au LTC d’essayer, justement. Et ça le caméraman, le journaliste reporter d’images comme on dit dans le jargon, histoire de ne pas être en reste, itou. Et que les deux zigotos n’ont cessé de se poser des questions, retournant quelques projets supplémentaires…

Bref, faire traîner les choses. Mais une chose promise, une chose due ! Et il faut avouer qu’on a vraiment flippé, mais qu’on a adoré.


On a essayé, on a vraiment flippé mais on a adoré : un journaliste pas rassuré dans le dos !

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Jean-Baptiste et Claudine avaient raison : on ne peut que faire confiance. Une fois cela compris, et l’étrange sensation d’être totalement désorienté dépassée, vient une incroyable sensation de plénitude, de calme, le vent dans les oreilles, la banane accrochée au sourire.

Vous avez tout vu : le Limoges Tandem Club, rouler avec, c’est l’adopter !




durée de la vidéo : 00h03mn03s

Depuis près de quarante ans, être malvoyant ne vous empêche pas de faire du vélo à Limoges ! Enfin, tandem plus précisément. Né de l’initiative d’une association caritative, le club compte aujourd’hui près d’une quarantaine de membres, dont la moitié voit les pilotes, et l’autre moitié ne voit pas, les copilotes. Intervenants : 1/ Claudine Mesmin, copilote au Limoges Tandem Club depuis 26 ans 2/ Jean-Baptiste Garot, pilote, trésorier et doyen du Limoges Tandem Club 3/ Cyrille Durand, copilote et président du Limoges Tandem Club Équipe : JM Jonquard, N Chigot , S Passelergue


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