Paul Penhoët aura attendu le 9 mai pour lancer enfin sa saison 2024, la faute à une blessure au genou lors d’une séance de musculation. Si le coureur de la Groupama-FDJ entre rapidement dans le Top 5 (voir sa fiche DirectVelo), le garçon de presque 23 ans n’a finalement pas réussi à lever les bras. Ce qui n’empêche pas le sprinteur francilien d’aborder la saison 2025 avec beaucoup d’enthousiasme, comme il l’explique à DirectVélo.
DirectVelo : Comment jugez-vous votre saison 2025 ?
Paul Penhoët : C’est mixte. Il y a des points positifs et des points négatifs. Ce fut une année où j’ai beaucoup appris. Je ne suis pas satisfait sur le plan sportif donc j’essaie de ne pas me décourager et de garder ce qui a été positif, comme le fait d’avoir beaucoup appris et d’avoir pas mal grandi.
Qu’avez-vous appris ?
Une carrière peut se terminer du jour au lendemain. Il faut donc en profiter et ne pas se plaindre quand on va s’entraîner sous la pluie… Parfois dans une saison, c’est compliqué quand ça ne marche pas trop en course et que la spirale est négative. Mais quand des choses assez graves surviennent, comme une blessure, cela remet l’église au milieu du village. On fait du vélo parce qu’on l’aime et il faut vraiment en profiter et tout faire pour que ça marche, et être le moins déçu possible.
« NOUS NE POUVONS RIEN ME PROMETTRE »
Vous avez douté au point de vous demander si vous alliez pouvoir retrouver votre niveau ?
Quand je me suis blessé, le staff médical m’a dit qu’il ne pouvait rien me promettre en tant que sprinter. Je pourrais avoir des différences de puissance entre les deux jambes. J’ai été opéré grâce à l’équipe par l’un des chirurgiens croisés les plus célèbres, et même lui m’a dit que ça pouvait être compliqué. Je me suis concentré à 300% depuis le moment où on m’a dit que c’était les Crusaders jusqu’à mon retour sur le Circuit de Wallonie. J’étais concentré pour revenir à mon meilleur niveau le plus rapidement possible sans manquer aucune étape. Cela aussi m’a fait grandir en tant que cycliste. Lorsque vous faites tout correctement, vous obtenez finalement un résultat. Je suis revenu en forme même si la victoire n’était pas au rendez-vous. Et quand je suis revenu, mon genou était loin d’être dans l’état dans lequel il se trouve actuellement.
Mais ça doit être dur de ne pas gagner dans une saison quand on est sprinteur…
C’est super frustrant quand on se retourne. C’est un cercle vicieux. Dès que vous parlez à quelqu’un, il vous dit de ne pas vous inquiéter, qu’un sprinteur compte sur la confiance et que vous continuerez lorsque vous aurez gagné du premier coup. Mais mettre le premier en bas, ce n’est pas facile. Et quand ça ne marche pas, une, deux, trois fois, on peut vite être dans le négatif. Pour ma part, je me suis mis beaucoup de pression. En revanche, je ne le sens pas de la part de l’équipe mais je sais que le staff aimerait que je gagne. Le sprint est important pour eux, ils veulent se recentrer sur le sprint l’année prochaine car dans une équipe, c’est super important. Je sais que j’ai un rôle à jouer donc quand ça ne marche pas, ce n’est pas facile tous les jours.
Vous avez été sollicité par de nombreuses équipes, pourquoi avez-vous choisi de rester chez Groupama-FDJ ?
Même si je veux rendre la pareille, je ne suis pas resté parce que quelqu’un m’a contacté dans le passé, mais j’ai des valeurs. Quand j’étais Junior, j’étais loin d’avoir le niveau pour devenir pro et ils croyaient en moi. Lors de ma première année à Conti, ça s’est vraiment mal passé et je me suis dit que j’avais raison, je n’avais rien à faire là-bas mais ils m’ont dit qu’ils continuaient à croire en moi. Ensuite ça s’est bien passé, j’ai commencé à gagner avec le Conti. J’ai rejoint le WorldTour et maintenant je suis le sprinter de l’équipe. J’ai beaucoup de respect pour tout le staff et pour tout ce qu’ils m’apportent. C’était une vraie raison de rester. Il y a aussi le côté sportif, le fait d’avoir leur confiance fait que je serai aligné pour de belles courses. En plus, ils ne vont pas m’épuiser à l’entraînement car il y a un suivi, ce qui est très important pour moi. Je l’ai souvent dit, j’ai toujours eu une progression linéaire. Je ne veux pas que cela change, je veux rester sur cette tendance à la hausse. J’ai pu parler avec tout le personnel et j’étais plus que convaincu de rester. Je suis très heureux d’avoir re-signé.
« IL Y AURA DES GARS AUTOUR DE MOI »
Plusieurs grimpeurs ont été recrutés et les rapides Laurence Pithie, Noah Hobbs ou Marc Sarreau ne seront plus là l’année prochaine. Pourrez-vous bénéficier d’un train ?
On n’en a pas encore vraiment parlé mais pour mes objectifs, il y aura des gars autour de moi. Nous avons des coureurs qui savent se mettre à 100% dans ce rôle et ils le font très bien. Le sprint est important pour une équipe WorldTour. Les meilleurs sprinteurs se comptent sur les doigts d’une main, c’est donc compliqué pour une équipe de les trouver. A moi de prouver que j’ai ma place en tant que sprinter de l’équipe. Je dois gagner le WorldTour l’année prochaine pour assumer ce statut.
Où vous situez-vous par rapport aux coureurs les plus rapides du circuit mondial ?
Ce qui m’a marqué cette année, c’est que je ne me suis jamais senti très très fort mais lors du Renewi Tour, où il y avait tous les sprinteurs qu’on peut trouver sur les Grands Tours, c’est là que je me suis le plus découvert. J’aime quand il y a beaucoup de concurrence, ça me tire vers le haut. Je veux l’obtenir la saison prochaine, je veux participer à des courses de très haut niveau. Je vais faire mon premier Grand Tour, à ce jour je ne sais pas encore lequel ce sera. J’aime analyser les choses après un sprint, je fais tout pour m’améliorer. Je ne me contente pas de la 5ème place, je suis là pour gagner.
Avez-vous des points à améliorer ?
Il y en a eu cette année avec mon coach (Anthony Bouillod, NDLR). En ce moment, il y a déjà de bonnes choses à l’entraînement. Je veux juste voir à quoi ressembleront les prochains jours au camp d’entraînement à Calpe puis en course. Nous avons abordé un point vraiment intéressant. Cela se ressent dans les valeurs et les sentiments. Nous avons travaillé sur mon poste. Je fais aussi des séances de kinésithérapie pour mon genou et au final, ça touche tout mon corps. J’ai beaucoup travaillé mon sprint mais il n’y a pas que les jambes qui sprintent. Je l’avais un peu oublié.
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