Vincent Labrune, capitaine de la tempête
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Vincent Labrune, capitaine de la tempête

Réélu à la tête de la Ligue de football professionnel dans un climat délétère et en plein fiasco des droits TV de la Ligue 1, l'électrique Vincent Labrune, présenté comme un négociateur infatigable, a désormais quatre ans pour réformer, pacifier et relancer le football français.

Elu pour la première fois en 2020 à la surprise générale face à Michel Denisot, l'ancien président de l'Olympique de Marseille, 53 ans, a consacré tout son premier mandat à tenter de régler l'inextricable question de l'attribution des droits TV du football français dans un contexte tendu avec Canal+, son diffuseur historique.

A peine propulsé à la tête de l'instance, l'Orléanais se retrouve confronté à une catastrophe économique majeure : la faillite du précédent diffuseur, le groupe sino-espagnol Mediapro.

Un krach industriel qu'il a évité de justesse en sortant Amazon Prime de son chapeau comme nouveau diffuseur et en concluant un accord très controversé avec CVC, un fonds d'investissement luxembourgeois, qui a apporté 1,5 milliard d'euros au football français, dont les finances avaient par ailleurs été saignées à blanc par les conséquences du Covid-19, contre environ 13% de ses recettes commerciales à vie.

Une fois l'orage passé, Labrune s'est vanté de pouvoir valoriser les droits TV du football français à un milliard d'euros par saison, se lançant corps et âme dans la quête de cette somme folle, suivi par tous les présidents de Ligue 1, totalement séduits par ses idées, son bagout et probablement l'attrait de revenus jamais envisagés auparavant.

Hélas, Labrune n'a jamais réussi à faire revenir Canal+ dans les négociations, s'estimant floué, et a dû arracher un accord au terme d'interminables et improbables tractations avec DAZN, plateforme de streaming sportif britannique, et le groupe qatari beIN Sports, pour 500 millions d'euros par an, très loin du milliard escompté.

Très loin également du montant du précédent cycle de droits TV durant lequel les clubs français, dont certains tirent la majorité de leurs revenus de ces droits, se partageaient 624 millions d'euros par saison.

S'il savait que son premier mandat se déroulerait dans un « mauvais temps », Labrune, qui use parfois de métaphores maritimes, sait aussi que le second ne connaîtra probablement pas d'accalmie.

D'autant qu'il doit aussi préparer une refonte de la gouvernance critiquée de la LFP et faire face à une commission d'enquête sénatoriale sur la financiarisation du football qui prévoit de visiter le siège de la Ligue dans les prochains jours.

Rien qui ne découragera « Vincent Vega », surnom hérité de l'époque où il était attaché de presse au service des sports de France Télévisions dans les années 90, inspiré du personnage incarné par John Travolta dans Pulp Fiction, en raison de ses cheveux mi-longs.

« Il a un certain sang-froid face au danger », décrit à l'AFP Arnaud Rouger, directeur général exécutif de la Ligue, avec qui il forme un duo aussi solide qu'atypique.

Car la gestion de crise est la marque de fabrique de l’ancien conseiller de Robert Louis-Dreyfus : en cinq ans d’une présidence mouvementée à l’Olympique de Marseille (2011-2016), il a connu une victoire en Coupe de la Ligue (2012) mais surtout plusieurs tempêtes, encore. La dernière s’est soldée par son départ et la vente du club phocéen…

– « Travailleur fou » –

Les violons s'accordent sur l'immense capacité de travail du leader, présent sur tous les dossiers chauds, fidèle à son tempérament fonceur et légèrement colérique déjà entrevue à Marseille, où il avait fini détesté des supporters.

« C'est un bosseur fou. Il est obsédé par le résultat et la manière de l'obtenir, confie à l'AFP son ancien collègue à l'OM Luc Laboz. La crise ne lui fait pas peur, il a les neurones pour la gérer. »

Et un certain sens de l'improvisation, comme en 2016, un soir de manifestation houleuse au stade Vélodrome où, pour désamorcer le fait d'être retranché avec plusieurs personnes dans la loge présidentielle, Labrune avait organisé une partie de billard.

Même Jean-Michel Aulas, le président lyonnais qui l'avait traité de « marionnette » lors d'un match houleux OM-OL, semble convaincu par sa connaissance du monde audiovisuel : « Vincent Labrune est arrivé avec des idées nouvelles, plus jeunes et plus dynamiques. »

Attendu au tournant, l'ancien bras droit de Jean-Luc Delarue chez Réservoir Prod a quatre ans pour enfin les concrétiser.

Avec l'aide d'un conseil d'administration de la LFP qu'il aura, fait notable, réussi à garder derrière lui au cœur de toutes les tempêtes qu'il a traversées.

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