Fourgons de police dans toutes les rues, patrouilles de CRS armés, rues bloquées à la circulation, la place du Parlement de Bretagne, à Rennes, ressemble à un camp retranché depuis mardi 14 janvier. La raison ? Un procès sensible s’ouvre devant la cour d’assises d’Ille-et-Vilaine. Pendant neuf jours, sept hommes, âgés de 25 à 41 ans, y ont été jugés pour des faits liés au trafic de stupéfiants à Nantes en 2019.
Série de règlements de compte à Nantes en 2019
Des faits qui s’inscrivent dans une guerre entre deux clans impliqués dans le trafic de drogue entre Nantes et le Maroc. Nommé « Gomorra », en référence au livre de Roberto Saviano sur la mafia napolitaine, « Gomorra. Dans l’empire de la Camorra, cette affaire a été confiée à la Juridiction interrégionale spécialisée de Rennes. Ce qui explique la localisation du procès, à Rennes et non en Loire-Atlantique.
En 2019, Nantes a été le théâtre de plusieurs dizaines d’implantations liées au trafic de drogue. Règlements de compte dans lesquels les accusés présents à Rennes seraient impliqués, directement ou indirectement. Le tribunal examinera ainsi l’agression d’un chef de clan, blessé dans la nuit du 4 au 5 avril 2019, à Nantes, mais aussi des fusillades dans la nuit du 18 au 19 avril dans le quartier Bellevue, entre Saint-Herblain et Nantes, et enfin des coups de feu dans le même quartier quelques jours plus tard, dans la nuit du 21 au 22 avril, où plusieurs hommes ont blessé quatre personnes.
Les hommes jugés depuis mardi, dont trois sont actuellement incarcérés, sont accusés, à des degrés divers, de tentative d’assassinat ou de complicité de tentative d’assassinat, ou encore d’association de malfaiteurs et de détention d’armes et de munitions de catégories A et B. Trois autres personnes sont poursuivies pour des crimes connexes.
«Quand vous avez des policiers cagoulés dans le box, ça plante le décor»
Un procès sous haute surveillance, puisqu’à l’intérieur comme à l’extérieur de la cour d’assises, le dispositif de sécurité est impressionnant. Signe de la tension qui règne au premier étage du Parlement, où se tiennent les audiences, l’avocat d’un des prévenus a contesté, ce mardi matin, devant le tribunal, qu’un des témoins clés soit entendu par visioconférence. Une absence justifiée par le fait, selon le président, que l’extraction de ce témoin, détenu à la prison de Vezin-le-Coquet, présentait de hauts risques sécuritaires.
« Cela crée un climat de tension », regrette l’avocat d’un des accusés. Quand on a des policiers cagoulés dans la boîte, ça plante le décor. » « Je considère ce système comme disproportionné, extraordinaire, dans un procès dont les faits sont contestés », ajoute Maître Claire Abello, avocate d’un autre accusé. Cela ne me semble pas justifié. »
La tension devrait durer encore un peu autour du Parlement de Bretagne. Le procès « Gomorra » se poursuivra jusqu’au vendredi 24 janvier.
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