La station balnéaire annonce un grand projet pour devenir une destination majeure du cyclotourisme en France.
Gruissan, sa tour Barberousse, son port, ses chalets, ses longues plages et bientôt… ses vélos. « J’étais un peu excité quand on a commencé à dire, il y a quelques mois : « Faites de Gruissan la première station balnéaire sans voiture »a présenté le maire Didier Codorniou, à la veille de la présentation du grand plan vélo lancé par la ville de Gruissan.
L’ancien joueur du XV de France a également insisté sur la culture cycliste présente dans la station balnéaire. « Cela remonte à très longtemps avec l’équipe Festina qui venait ici préparer ses grandes compétitions… nous avons aussi l’habitude d’organiser des événements, avec l’arrivée du Tour de France le 16 juillet, de la Vuelta en 2017 mais aussi du Tour d’Occitanie, le Tour de Midi Libre, le Tour de l’Aude Féminin… »
Il y a quelques -, Gruissan a postulé pour accueillir un premier « Hub Vélo » en région Occitanie. Pour les profanes, moins à l’aise avec la langue de Shakespeare, ce « Centre du vélo » devrait apporter quelque chose de plus à la cité audoise, en accueillant les touristes.
« Des infrastructures coûteuses, pas seulement des travaux de peinture »
Gruissan compte déjà aujourd’hui une vingtaine de kilomètres de pistes cyclables, une série de bornes de réparation en libre-service pour les personnes ayant des problèmes techniques mais aussi, pour les cyclistes en itinérance, une offre de douches à la Capitainerie. Mais aussi des locaux à vélos, fermés à clé, sécurisés, et accessibles avec des applications, sur le port, et à terme l’installation potentielle de pontons flottants où garer son deux-roues.
« Nous souhaitons accélérer et aller vers la mobilité douce pour que demain, touristes comme habitants, comprennent qu’on parle de plus en plus de transition énergétique, de notre environnement, de protection de la biodiversité…ajoute l’édile. Il s’agira d’infrastructures coûteuses, pas seulement de peinture… pour des routes protégées permettant aux enfants de voyager.
Le vélo, un bénéfice pour la société
A Gruissan, un système de prime a déjà été mis en place pour les agents municipaux qui maîtrisent leur empreinte carbone et viennent travailler en pédalant, »Nous en sommes à 20 % aujourd’hui et nous visons 50 à 60 % à long terme. »explains Didier Codorniou.
« Je crois qu’il faut assumer cet objectif de « Gruissan sans voitures », un peu provocateur. L’idée n’est pas d’effacer les voitures du territoire, mais de déplacer les files”» déclare Joan-Manuel Baco, passionné de vélo et directeur de l’office de tourisme de Gruissan depuis le 1er juillet.
La ville de Gruissan accumule les labels
Après « Ville à Vélo », décernée par ASO, organisateur du Tour de France, adhésion au « Club des villes et territoires cyclables et piétonniers », la station balnéaire a hérité du label « Accueil Vélo », avec 26 établissements labellisés sur la commune. (6 400 en France).
« Le vélo, c’est l’ADN de l’Aude» déclare Nadine Carson, présidente de l’Agence de Développement Touristique de l’Aude. Avec la Méditerranée à vélo, le Vélosud, la voie verte, l’EuroVelo 8, c’est un bel atout.»
L’EuroVélo 8, la célèbre route européenne reliant Cadix à Athènes, fera bientôt de Gruissan l’une de ses nouvelles étapes.
Déplacer les lignes oui, mais cela coûte aussi moins cher à la société, alors qu’un kilomètre en voiture coûte environ 40 centimes, entre l’impact environnemental et la question des infrastructures. « Le vélo, c’est le contraire, c’est un bénéfice. Un trajet d’un kilomètre à vélo rapporte 58 centimes à la société, évitant des dépenses de santé, des infrastructures trop lourdes et un trop grand impact sur l’environnement”, explique le directeur de l’office de tourisme.
22 milliards d’euros et 13 500 emplois en France
« Le tourisme fait partie des activités sociales et économiques très émettrices de gaz à effet de serre, puisque la plupart des voyageurs en Occitanie se déplacent en voiture. » note Vincent Garel, président du Comité régional du tourisme et des loisirs (CRTL) d’Occitanie.
Première ville de la Région à lancer cette initiative, elle pourrait en inspirer bien d’autres. « Il nous fallait un cobaye, une station pilote… nous avons déjà 24 candidatures de villes qui souhaitent elles aussi développer un « Hub Vélo », se félicite Vincent Garel, dans un secteur qui pèse près de 22 milliards d’euros par an et emploie 13 500 personnes en France.
La France est la deuxième destination mondiale, derrière l’Allemagne, pour le cyclotourisme, l’Occitanie est la deuxième région française la plus prisée. Gruissan fera-t-elle demain partie des destinations phares des amateurs de vélo en France ?