« Pousser plus loin le concept de centre de formation »

« Pousser plus loin le concept de centre de formation »
« Pousser plus loin le concept de centre de formation »

“Nous prenons de l’ampleur.” Déjà à l’avant-garde dans la formation des jeunes coureurs, notamment depuis la création de « La Conti » en 2019 puis du programme juniors en 2021, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ entend bien soutenir davantage ses efforts dans ce domaine. On fait le point avec Thierry Cornec, directeur général adjoint de la structure.

Thierry, le modèle d’entraînement va encore évoluer cet hiver. Pour quoi ?

Notre sport, comme tous les autres, rajeunit, les performances rajeunissent et nous avons nous-mêmes signé des projets à long terme avec des coureurs, des juniors au WorldTour. À mon arrivée en juin dernier, j’étais convaincu de la nécessité pour l’équipe de structurer davantage son modèle de formation. Notre vision sur 3, 5 ou 10 ans est que l’équipe puisse nourrir le plus haut niveau de sa structure, à savoir le WorldTour, maintenant ainsi un réel équilibre entre coureurs de La Conti et coureurs potentiellement recrutés ailleurs. C’est ce qui permettra à terme à l’équipe de garder le sens qu’elle souhaite donner, son ADN et ses valeurs. C’est quelque chose de particulièrement important pour nous, pour nos partenaires Groupama et FDJ, et compte tenu de l’histoire de l’équipe. Le modèle est déjà installé depuis 2019, avec une promotion unique de Conti sur le WorldTour pendant l’intersaison 2022 (8 coureurs sont passés de Conti au World Tour cette année-là). Notre ambition est de le porter à un nouveau niveau.

“Une équipe”

Comment cela se traduira-t-il d’un point de vue structurel ?

Une équipe. Des juniors, mais plus encore de La Conti jusqu’à la WorldTeam, Groupama-FDJ est une seule et même équipe. Cela était déjà vrai dans la pratique, notamment avec ces fréquents ascenseurs entre Conti et WorldTeam. Désormais, cela se reflétera dans l’organisation. Julien Pinot est responsable du service formation, et donc de tous les coachs, des juniors jusqu’au WorldTour. Philippe Mauduit est responsable de la direction des courses, donc de tous les directeurs sportifs, des juniors au WorldTour. C’est une étape importante. Quant aux coureurs, nous utiliserons le programme junior et La Conti pour intégrer le staff dans l’équipe, l’aider à grandir et l’amener au WorldTour. Une seule équipe donc.

Comment cette « équipe unique » va-t-elle se concrétiser ?

Par exemple, le calendrier et la participation des coureurs seront gérés conjointement entre La Conti et le WorldTour, sous la supervision de Philippe. Cette coordination existait auparavant, elle est désormais formalisée dans l’organisation. L’objectif est de faire en sorte que la participation des coureurs de La Conti à des courses avec la WorldTeam soit bénéfique à leur développement ainsi qu’à celui de l’équipe.

Les ressources humaines sont-elles également augmentées ?

Nous montons en puissance structurellement, mais nous renforçons aussi significativement l’accompagnement et l’accompagnement dans les secteurs junior et Conti avec les arrivées de Yann Le Boudec depuis début septembre et de Jimmy Turgis dès début novembre. Yann Le Boudec arrive en tant que responsable de la détection et du repérage. Il prendra le temps nécessaire pour comprendre l’environnement du coureur, connaître ses attentes, et savoir si elles correspondent aux nôtres. Jimmy Turgis arrive en tant que coordinateur du programme junior et entraînera également les juniors et La Conti. Nous proposerons ainsi aux juniors un véritable guide de formation vers Conti. Jimmy entraîne actuellement des coureurs d’une autre équipe WorldTour, il était lui-même coureur et comprend exactement ce qu’implique ce travail. Nous avons renforcé la structure à la base, pour qu’elle soit encore plus solide aux niveaux supérieurs.

“Il y a une vraie responsabilité commune”

Les fondations sont déjà très solides.

Certainement. Quand j’étais hors de l’équipe, en 2022, et que je voyais arriver ces huit coureurs de La Conti sur le WorldTour, je me disais que le modèle de « centre de formation » propre au football ou à d’autres sports portait ses fruits de manière fulgurante. Depuis, nous avons vu émerger de nombreuses équipes de développement ces dernières années. En rejoignant l’équipe cycliste Groupama-FDJ, j’ai eu la confirmation que les bases du centre de formation étaient bien en place ici. L’ambition est désormais de les renforcer significativement sur de nombreux aspects. Besançon est une base physique autant qu’humaine. Nous souhaitons, avec ce camp de base, apporter tous les ingrédients pour accompagner le développement idéal des jeunes qui nous rejoignent.

Quel est le rôle de l’équipe dans la formation ?

La responsabilité de l’équipe ne s’arrête pas à la signature du contrat. En discutant avec quelques coureurs désormais présents sur le WorldTour, je leur ai posé les questions suivantes : aviez-vous imaginé faire ce métier lorsque vous étiez au lycée ? Vous aimez ce métier au quotidien ? Vous sentez-vous bien à l’intérieur et à l’extérieur de l’équipe ? Notre responsabilité est avant tout de mettre en place ce qui est nécessaire pour amener, de la meilleure façon possible, ces coureurs à faire leur travail. Nous avons cette responsabilité de fournir les moyens et l’attention nécessaires. A l’inverse, le coureur a aussi une réelle responsabilité de mettre les bons ingrédients, à savoir son implication, son engagement, sa transparence sur ses attentes ou ses difficultés. Il existe une vraie responsabilité commune, et le renforcement de notre modèle de formation, de manière structurelle et humaine, s’inscrit dans cette logique.

Quels sont les pièges à éviter dans cette démarche ?

A cet âge, le coureur devient véritablement acteur de son développement. Sans sous-estimer les investissements réalisés chez les juniors ou les cadets pour atteindre un certain niveau, dans la catégorie junior et durant les deux premières années en tant qu’espoirs, les coureurs sont dans des phases particulièrement importantes de leur développement. Notre rôle est d’éviter qu’ils ne se dispersent, que ce soit en termes de formation, d’accompagnement ou de leur laisser croire que ce sera facile. Coureur est un métier. Pour certains, cela nécessite d’être membre d’une équipe, pour d’autres cela nécessite de développer des qualités de leadership, qui naissent souvent à ce moment-là, avec satisfaction et échec. La volonté de renforcer la structure agit aussi dans ce sens : détecter très tôt les qualités, les renforcer très tôt, et ne pas hésiter à faire monter un coureur jusqu’au WorldTour si ses qualités physiques le lui permettent. De la même manière, nous devons détecter très tôt les faiblesses, afin de pouvoir les corriger et qu’elles ne nous dérangent pas plus tard.

« Nous aurons réussi notre mission quand nous retrouverons les mêmes sourires, la même envie et la même énergie que chez Thibaud ou Brieuc »

Le sujet de l’attractivité est-il central ?

L’attractivité peut consister à faire briller quelque chose qui, en coulisses, est moins abouti. Notre orientation est plutôt de donner du sens aux projets sportifs et d’apporter aux coureurs des éléments de compréhension qui feront que notre démarche à Besançon les séduira plus qu’aucune autre. C’est à dire une démarche d’accompagnement solide, une volonté de les accompagner dans leur double projet pour les concernés et une vision sportive partagée. Un coureur qui a pour seul objectif de devenir un coureur du WorldTour ne réussira pas nécessairement. En revanche, un coureur qui rejoint La Conti et qui sait clairement qu’il est là pour se développer et que cela se fera grâce à un investissement mutuel, aura toutes les chances de réussir. Récemment, Brieuc et Thibaud ont encore confirmé que ce modèle fonctionnait. Notre volonté est de renforcer ce modèle pour le rendre encore plus performant et faire entrer les coureurs dans le WorldTour dans des délais plus ou moins courts, mais de la meilleure façon possible. Cela signifie non seulement obtenir de bons résultats en termes de résultats, mais aussi comprendre que c’est le travail qu’ils feront pendant des années et qui nécessitera des investissements et des responsabilités au quotidien.

Pouvez-vous nous dire un mot sur le recrutement des espoirs pour l’année prochaine ?

Nous avons porté une attention particulière aux différentes dimensions que j’ai évoquées précédemment. Rémi Daumas est par exemple en double projet à l’INSA de Toulouse. Reef Roberts confirme notre secteur néo-zélandais, avec le renouvellement de Lewis Bower l’année prochaine. Je suis également impatient de voir nos juniors rejoindre La Conti, avec Baptiste Grégoire et Eliott Boulet, en plus de l’intégration d’un coureur comme Maximilian Cushway, issu d’un club d’élite. Nous aurons réussi notre mission lorsque nous retrouverons en eux les mêmes sourires, la même envie et la même énergie que j’ai particulièrement perçus chez Thibaud ou Brieuc lors de leurs récents entretiens. Je pense aussi au staff qui les a accompagnés pendant deux ans. C’est particulièrement enrichissant et même émouvant pour eux de voir au quotidien les coureurs évoluer et s’épanouir au plus haut niveau de notre sport. La victoire de Brieuc dans le Tour de Lombardie Espoirs il y a quelques jours est à ce titre une très belle récompense pour Brieuc mais aussi pour le staff de « La Conti ».

 
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