« Sven a compris ce dont les champions avaient besoin »

Une fois de plus, celui qui a pris en charge les équipes masculines espoir et élite en 2021 après quatre ans comme entraîneur du cyclo-cross belge met à profit ses qualités de psychologue. « Je n’utiliserais pas ce terme, mais c’est vrai que Sven est capable de trouver les mots justes, qui rassurent, quand il le faut. »explique Guy Vermeiren, l’attaché de presse de Belgian Cycling.

Ce sont les derniers jours que les deux hommes, qui se connaissent très bien,depuis que Sven entraînait le cyclo-cross“, passons ensemble, puisque dimanche soir, Vanthourenhout remettra son tablier.

Avec le plus beau palmarès pour un entraîneur belge. Une centaine de médailles ! On peut bien sûr dire que c’est plus facile quand on a sous sa direction des phénomènes comme Remco Evenepoel et Wout van Aert.

« Je ne veux plus être dans la voiture derrière le pilote. J’aspire à un autre rôleil confie. J’en ai discuté avec Tomas Van den Spiegel et Wouter Vandenhaute, qui ont une vision claire des choses. J’ai également discuté avec José De Cauwer, Adrie van der Poel et Lieven Maesschalck. Ils connaissent tous le milieu et ont confirmé que c’était le bon moment pour moi.

Sven Vanthourenhout, un règne couronné de succès à la tête de l’équipe cycliste belge

Il laissera derrière lui bien plus qu’une simple carte de visite.

« J’ai passé de nombreux moments merveilleux avec Svendit Wout van Aert. D’abord en cyclo-cross, puis sur la route. C’est une grande page de l’histoire de l’équipe nationale qui se tourne. Et c’est dommage que je ne sois pas là pour son dernier championnat.

C’est un secret de polichinelle : les deux hommes sont aussi amis dans la vraie vie. Ils ont donc vécu de grands moments ensemble, mais comme il ne faut en retenir qu’un seul, le pilote de Visma – Lease a bike saute le pas. « Je pense que c’est mon titre mondial en 2018 en cyclo-crossil dit. C’était le premier avec Sven… Mathieu (van der Poel) “Il était beaucoup plus fort que moi et était le grand favori. Mais Sven m’a vraiment porté vers la victoire.”

Ils continueront, dans la mesure du possible, à entretenir une passion commune. « Sven adore courir, et moi aussi.explique van Aert. En Australie, la semaine précédant les Championnats du monde 2022, nous avons partagé quelques sorties ensemble le matin. C’est une façon de créer des liens différents avec son entraîneur.

Ceux qui ont travaillé avec Vanthourenhout louent ses qualités de communicateur. « En tant que professionnel, j’ai connu quatre entraîneurs nationauxse souvient Tiesj Benoot. De tous, Sven est le meilleur en communication. Il tient toujours des discours clairs, avec des instructions précises. C’est d’autant plus important quand on a deux coureurs de pointe comme Wout et Remco dans son équipe et qu’on ne peut pas utiliser les écouteurs. Il a aussi le bon goût de ne pas vouloir se mettre au-dessus du groupe, sauf quand la situation l’exige. Ce que confirme Guy Vermeiren : « Il y a quelques années, je l’ai vu remettre à sa place un espoir qui n’avait pas respecté le plan. A aucun moment il ne lui a manqué de respect, mais je pense que son message est passé… »

« C’est vrai que Sven peut être inflexiblecontinue Benoot. Mais il reste au cœur de la mêlée, il n’hésite pas à rouler avec nous, à discuter de tout et de rien. Il a aussi l’immense qualité de rendre visite à ses troupes à tout moment de la saison. L’hiver dernier, il est venu me voir pour avoir mon ressenti sur les Jeux Olympiques et les championnats du monde. J’ai vu ça comme une démonstration de son impatience.

Ne pas exagérer et trouver les bons ingrédients pour réunir des champions au palmarès étoffé et aux égos prononcés est un autre domaine dans lequel Vanthourenhout s’est montré très habile.

« Il a tout de suite compris que les grands champions ont besoin d’un staff proche à leurs côtés toute l’année.Benoot explique plus en détail. C’est pourquoi il a laissé les proches de Wout et Remco occuper également le terrain au sein du groupe.

Malgré ce que certains considèrent comme un peu austère, il a également réussi à être une figure unificatrice. « Je me souviens qu’il a organisé un quizrappelle l’attaché de presse de Belgian Cycling. Tout le monde a participé. Et ceux qui répondaient mal recevaient des balles de ping-pong. Le lendemain, tous les coureurs, et je dis bien tous, avaient le sourire au petit-déjeuner. Sven avait réussi son coup.

Pour Remco Evenepoel, le départ de Vanthourenhout ne sera pas facile à combler.Celui qui lui succédera n’aura pas une tâche facile.e, assure-t-il. Il a tout gagné parce qu’il a réussi à créer une alchimie entre de grands individus. Il a formé un bloc centré sur un objectif commun.

Serge Pauwels, son adjoint depuis 2021, va plus loin : « Gagner crée une ambiance incroyable. Les jeunes sont tous fiers de porter le maillot de l’équipe nationale. Quand on arrive dans un grand championnat, on sent que tous les coureurs veulent représenter le pays. En cyclisme, la Belgique fait désormais peur, comme le Real Madrid en football. Quand on réunit van Aert et Evenepoel, c’est une équipe de rêve. Mais ce n’est pas tout. C’est une combinaison de choses. Et Sven a contribué à créer tout ça. »

Vanthourenhout n’est pas encore sûr de son avenir : « Je n’ai pas de nouveau travail »

Qui lui succédera ?

La question se pose maintenant de savoir qui lui succédera. Greg Van Avermaet a déjà été sondé. Sven Vanthourenhout estime que Serge Pauwels serait un bon successeur, tout comme Tom Steels, qui travaille chez Soudal Quick-Step. En tout cas, Pauwels propose son nom. « J’ai déjà eu un entretien avec Belgian Cycling, mais rien n’est finalisé. J’ai des arguments à faire valoir : j’ai toujours assisté Sven dans les grands moments. J’ai la même vision que lui et un coaching similaire. Et j’ai travaillé, chez les jeunes, avec tous les gars qui arrivent maintenant comme Arnaud De Lie, Thibau Nys ou Jarno Widar. Ma position est donc légitime. »

Reste à savoir ce que souhaitent les cadors du cyclisme belge : travailler dans la continuité ou tenter une nouvelle approche.