Observation récurrente, « année après année, le taux de pénétration des médicaments génériques dans les villes ne dépasse jamais 86 %, observe David Syr, directeur exécutif de Cegedim Pharma et directeur général adjoint de Gers Data. L’enjeu est désormais de retrouver les 14% manquants pour maximiser la marge du réseau de pharmacies”. Selon Gers Data, le taux de pénétration atteint 85,8% en 2024, contre 83,9% en 2023 et 84,8% en 2022. Une légère hausse par rapport aux années précédentes, « des années très mouvementées à cause des ruptures »rappelle l’expert. Depuis 2023, 11 nouvelles molécules sont entrées dans le domaine public, générant 458 millions d’euros supplémentaires sur le marché des génériques. Si « le taux de pénétration des molécules nouvellement génériques est variableDavid Syr souligne, cette année, un record de 60% atteint, dès le premier mois, par le rivaroxaban”. Selon les statistiques de l’AdéquA, les génériques occupent toujours la première place des médicaments contribuant à la marge brute globale des pharmacies en 2023, en générant 29,52 % de celle-ci. « Les marges supplémentaires provenant des remises, rabais et coopérations commerciales sont obtenues principalement grâce aux remises sur les génériques et pèsent très significativement sur les finances de la pharmacie, ce qui la rend très dépendante des génériques », reconnaît le cabinet KPMG. . Son collègue CGP & expertise constate, à ce propos, « un niveau similaire de conditions commerciales sur les génériques, en 2023, quelle que soit la taille de l’officine, grâce à l’aide des groupements, mais aussi une baisse des remises accordées par les fabricants de génériques, les des éléments manquants nuisent essentiellement au niveau des remises accordées par le principal fabricant de génériques.
Biosimilaires : une transition patient-dépendante
Tous biosimilaires confondus, le taux de pénétration culmine à 34,1 % en 2024, malgré une légère augmentation continue au cours des deux dernières années (32,3 % en 2023, 29,2 % en 2022). Pour rappel, trois groupes de biosimilaires sont actuellement interchangeables en pharmacie. Ceux du filgastrim et du pegfilgrastim – substituables depuis avril 2022 – détiendront, en 2024, respectivement 97,7 % et 89,3 % de parts de marché par rapport aux bioréférents, selon le réseau Iqvia-Pharmastat. Mais dans les faits, l’effort de substitution pour ces deux produits émane, dans une très large mesure, des prescripteurs. Lucentis – dont le marché représente 246 millions d’euros de chiffre d’affaires sur 12 mois – a été ajouté à la liste des médicaments substituables en novembre. Toujours selon les données d’Iqvia, les biosimilaires du groupe ranibizumab détiennent actuellement 5% de part de marché. « La transition vers le biosimilaire repose désormais sur un bon accompagnement du patient pour assurer la continuité de l’observance, estime David Syr. La substitution par le ranibizumab est un premier test. “Comme la présentation du produit n’est pas la même, la gestuelle diffère, tout comme le confort d’injection, et ce problème concerne la plupart des biosimilaires”, ajoute l’expert. L’enjeu de la substitution par les biosimilaires est d’accéder aux économies de la Sécurité sociale tout en optimisant la qualité de vie des patients.
Le poids de l’incertitude
Accompagner le patient, oui, mais avec quelle rémunération ? La question reste toujours sans réponse. Certes, l’article 54 du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2025 autorise le pharmacien à « substituer un médicament biologique de référence prescrit par un médecin par son biosimilaire deux ans après la commercialisation du premier biosimilaire du même groupe, sauf avis contraire de la part du médecin ». l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM). D’ici le 31 décembre, l’ANSM devrait publier son avis sur l’ouverture de nouveaux groupes de biosimilaires à la substitution, et les arrêtés d’application devraient suivre, début 2025. Certes, à l’heure de la généralisation de la substitution générique en pharmacie, « nous avions observé une accélération massive des taux de pénétration et le même phénomène devrait se produire pour les biosimilaires à partir de 2025 »déclaré, en octobre dernier, dans les colonnes de Moniteur en pharmacie, Sébastien Trinquard, directeur général du syndicat des fabricants de génériques et biosimilaires (Gemme). Le seul problème est que rien n’est encore décidé concernant la rémunération des pharmaciens. Or, « le manque de temps et la faiblesse des salaires sont les deux premiers facteurs de non-engagement dans de nouvelles missions évoqués par les pharmaciens »souligne Bertrand Cadillon, comptable en charge du marché de la pharmacie chez Fiducial. Deux variables qui pourraient bien freiner le développement du marché.
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