Procédure civile
Cela ne veut pas dire pour autant que le milliardaire était «inculpé» comme le prétendent les publications virales. La mise en examen est un acte judiciaire visant une personne soupçonnée d’avoir commis un délit ou un crime (lien archivé ici). Cependant, l’affaire concernant Bill Gates, même si son jugement reprendra le 27 novembre, est une procédure civile et non pénale.
Comme l’indique le site officiel de la justice néerlandaise, le droit civil, ou droit privé, traite de «conflits entre personnes, conflits entre organisations et conflits entre personnes et organisations“(lien archivé ici).”L’objectif du droit civil est d’apporter une solution aux litiges entre les parties, en recherchant souvent une compensation ou une réparation de la situation.« alors que le droit pénal vise à punir »comportement considéré comme préjudiciable à la société», précise la plateforme de référencement des avocats néerlandais (lien archivé ici).
Interrogé par l’AFP, un porte-parole du tribunal du district Nord des Pays-Bas a confirmé le 31 octobre 2024 qu’il s’agissait d’un litige privé. “Cette affaire n’est pas une procédure pénale, mais une procédure civile dans laquelle un certain nombre de plaignants ont poursuivi plusieurs autres parties.“, a-t-elle précisé.
Ce n’est pas parce que le tribunal a accepté la demande que l’affaire est fondée, cela reste à trancher. “La règle fondamentale de notre système juridique est que n’importe qui peut intenter une action en justice.», a déclaré à l’AFP Remme Verkek, civiliste et professeur à l’université d’Utrecht, le 1er novembre 2024 (lien archivé ici).
Selon le spécialiste, le droit néerlandais ne permet pas à un juge de classer une affaire sans entamer la procédure. “En revanche, on peut dire qu’on s’adresse au mauvais juge. C’est ce que Bill Gates a essayé de faire», ajoute-t-il.
La demande du milliardaire ayant été rejetée, le procès va poursuivre son cours. Mais contrairement à ce qu’affirment certains internautes, le cofondateur de Microsoft ne devrait pas être contraint de comparaître devant un tribunal néerlandais.
Selon Remme Verkek, dans les affaires civiles, un témoin peut être contraint de comparaître devant le tribunal, mais cela ne s’appliquerait pas à Bill Gates car il est accusé dans ce procès. “Le juge pourrait rendre un jugement, mais je ne le vois pas émettre une ordonnance exigeant la présence de M. Gates. Ce n’est pas ainsi que cela fonctionne dans les affaires civiles. Il n’y a pas de fourgon de police pour récupérer quelqu’un pour l’audience.», souligne le professeur de droit civil.
Le porte-parole du tribunal du district nord des Pays-Bas a également confirmé à l’AFP que Bill Gates ne serait pas obligé d’assister aux audiences du tribunal néerlandais et qu’il pourrait être représenté par son avocat.
Bill Gates, cible récurrente des théoriciens du complot
Dans leur accusation, les plaignants évoquent notamment le «Grande réinitialisation” (ou “Grande réinitialisation« en anglais), ce qui induirait un «changement forcé et planifié“du monde à cause de”crises majeures« comme la pandémie de Covid-19 »qui ne peut être résolu que par une intervention mondiale centralisée« .
Cette initiative du Forum économique mondial (WEF) appelle à la réalisation des objectifs de développement durable des Nations Unies (ONU), définis dans l’Agenda 2030 (liens archivés ici et ici). Elle est régulièrement la cible de théories complotistes.
Dans l’affaire jugée par le tribunal du district nord des Pays-Bas, Bill Gates et dix hommes politiques néerlandais sont accusés d’avoir «mis en œuvre la Grande Réinitialisation«Pendant le Covid-19.
Ce n’est pas la première fois que le milliardaire américain est cité dans des procédures intentées par des particuliers contre la vaccination anti-Covid ou les restrictions sanitaires mises en place pendant la pandémie. Comme l’AFP l’expliquait déjà en 2021 et 2022, une plainte a été déposée le 11 janvier 2021 devant une instance judiciaire provinciale au Canada accusant l’OMS, le pape François, la reine Elizabeth II, Bill et Melinda Gates ou encore le premier ministre canadien Justin Trudeau.crimes contre l’humanité» pour avoir permis la mise en place de restrictions liées à l’épidémie de Covid-19.
La plainte a été rejetée en vertu de la règle 2.1 de la procédure civile locale, qui stipule que «le tribunal peut, de sa propre initiative, suspendre ou rejeter une procédure si elle apparaît à première vue frivole ou vexatoire, ou constitue un abus de la procédure judiciaire» (lien archivé ici).
Déjà nombreuses depuis des années, les fake news et théories complotistes visant le co-fondateur de Microsoft ont trouvé un nouvel élan grâce à la pandémie de Covid-19.
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