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« Le moyen le plus efficace de lutter contre la coqueluche est de vacciner les femmes enceintes »

Il s’agit d’un record alarmant pour Santé publique France : plus de 130 000 cas de coqueluche enregistrés depuis début 2024, avec 35 décès, dont 22 enfants. La majorité des nourrissons décédés avaient moins d’un an.

L’Institut Pasteur parle d’une épidémie record, la plus forte depuis vingt-cinq ans. « Depuis presque quinze ans que je fais de la pédiatrie, je n’ai jamais vu une épidémie aussi intense »confirme Romain Basmaci, chef du service de pédiatrie-urgences à l’hôpital Louis-Mourier de Colombes (APHP) et secrétaire général de la Société française de pédiatrie.

Il prévient également : « Nous ne sommes pas encore sortis de la phase épidémique. » Après le début de l’épidémie observé à la fin de l’année dernière et un «gros pic au printemps»la coqueluche a réapparu en septembre.

L’immunité globale moins « stimulée »

Explications de cette résurgence “sont complexes”précise prudemment le pédiatre. Mais la première hypothèse repose sur une immunité globale affaiblie, en raison de la pandémie de Covid-19. « Les épidémies de coqueluche sont cycliques, comme de nombreuses pathologies infectieuses. La dernière a eu lieu vers 2012. L’épidémie aurait dû revenir dans les années 2019-2020 mais à cause du Covid, rien ne s’est passé : tout le monde était masqué, il y avait des mesures barrières partout. » L’épidémie a donc été “décalé”et sa réapparition tardive, après la levée des mesures barrières, peut expliquer un rebond plus fort.

Cette immunité moins « stimulée » à cause du Covid est une piste évoquée par les chercheurs de l’Institut Pasteur et de Santé publique France. « L’un des soucis du vaccin contre la coqueluche est qu’il maintient une immunité à court terme, cinq à dix ans maximum »abonde Romain Basmaci.

Une chose est sûre selon lui : l’explosion de la coqueluche n’est pas liée à une baisse de la couverture vaccinale. En France, la prise en charge est de 96,7 % pour les premières injections, 98,6 % pour les rappels, selon l’Assurance maladie.

« Pas aberrant » de fabriquer des « vaccins tétravalents »

Alors, comment renforcer la protection de la population, et en l’occurrence des plus jeunes, qui sont les plus exposées aux formes graves de coqueluche ? Il convient de rappeler aux adultes le trio diphtérie, tétanos, poliomyélite (DTP) à 25, 45 et 65 ans. Ce qui n’inclut pas la coqueluche. Mais les rappels sont recommandés aux jeunes parents, grands-parents et professionnels de la petite enfance et de santé, en contact régulier avec les bébés.

« On peut aussi bénéficier de ces rappels (PAO) pour administrer des rappels contre la coqueluche, si nécessaire », ajoute le pédiatre. « Dans la période épidémique actuelle, il ne semble pas aberrant de proposer des tétravalents (qui couvrent quatre maladies). »

La priorité absolue des pédiatres reste la vaccination des femmes enceintes. Une recommandation récente (avril 2022), expliquant une couverture encore faible de cette population. « Mais c’est ce qui reste le plus efficace », insiste Romain Basmaci.

Pour une raison simple : un vaccin pendant la grossesse permet “Le pic d’anticorps passe dans le placenta”. « L’enfant pourra donc recevoir ces anticorps. Ils le protégeront pendant quatre à six mois, le temps de lui administrer ses vaccins et de lui permettre de remplacer les anticorps maternels par ses propres anticorps, qu’il produira suite à la vaccination.explique le pédiatre.

Une infection qui peut être mortelle pour les bébés

Pour les proches, la meilleure chose à faire, outre la vaccination, est de ne pas approcher les bébés s’ils sont malades. Parce que la coqueluche est extrêmement contagieuse. Le fameux R0, le taux de reproduction du virus, est de dix à quinze cas. Autrement dit, une personne atteinte peut contaminer quinze personnes supplémentaires. A titre de comparaison, le R0 du Covid-19 est de deux à trois cas.

Les symptômes classiques sont avant tout « des quintes de toux prolongées, sans reprise de la respiration entre les épisodes », explique Romain Basmaci en mimant une toux ininterrompue au téléphone. « A la fin, il y a une reprise inspiratoire bruyante que l’on appelle « chant du coq », d’où le nom de coqueluche. »

Chez le bébé, les formes graves peuvent être mortelles : « ralentissement du rythme cardiaque, voire arrêt respiratoire, gêne avec perte de conscience, et éventuels troubles neurologiques en cas de coqueluche dite maligne »énumère le pédiatre.

La coqueluche est donc loin d’être anodine. « Il faut savoir que les bébés que nous recevons peuvent rester hospitalisés plus d’un mois. Ce n’est pas une petite infection qui disparaîtra en trois jours. »

Margaux Malinge

points de repère

Vaccin contre la coqueluche, mode d’emploi

Le vaccin contre la coqueluche fait partie de ceux qui sont obligatoires pour les nourrissons depuis 2018. La première dose est administrée à l’âge de 2 mois, la seconde à 4 mois. Les bébés reçoivent ensuite une dose de rappel à 11 mois.

Enfant, les autres rappels ont lieu à l’âge de 6 puis 11 ans.

Le site de l’Assurance Maladie indique qu’un dernier rappel est proposé à partir de 25 ans. Si ce n’est pas le cas, “un rattrapage (peut) être proposé jusqu’à 39 ans”.

 
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