Ce texte fait partie du cahier spécial À l’écoute des causes sociales
Organisme indépendant fondé en 1974, le Conseil pour la protection des malades milite depuis 50 ans pour défendre les droits des usagers du système de santé et faire respecter leur dignité. Une action qui a permis de remporter de précieuses victoires, même s’il reste encore du chemin à parcourir pour favoriser la libéralisation de la parole des personnes les plus vulnérables.
Tout au long de sa vie, Claude Brunet s’est battu, malgré son handicap, pour améliorer l’humanisation des soins de santé au Québec et favoriser l’accès à des soins dignes et adéquats. Atteint d’une méningite irréversible qui l’a laissé tétraplégique très jeune, l’illustre Montréalais a trouvé la force de s’appuyer sur son destin malheureux pour livrer un combat exemplaire jusqu’à son dernier souffle en 1988. Son frère cadet, Paul Brunet, a depuis repris le flambeau. flambeau pour poursuivre l’engagement de l’emblématique « patient contestataire » à la tête du Conseil de Protection des Malades (CPM).
Créé en 1974, l’organisme indépendant à but non lucratif a mené de nombreux combats dans sa lutte pour faire respecter les droits des usagers du système de santé québécois. Joint au téléphone, Paul Brunet est fier d’énumérer les victoires obtenues par le Conseil de protection des malades au fil des années. « Nous avons été la première organisation à mener une action collective contre un syndicat pour une grève illégale dans un centre d’hébergement en 1978. Depuis, nous avons gagné tous nos recours », souligne l’avocat de formation, qui fait office de président et porte-parole du CPM. .
Des progrès notables
Si les CHSLD publics et privés conventionnés n’ont plus le droit de facturer des frais de buanderie aux résidents, car ils sont déjà inclus dans la contribution à l’hébergement, c’est grâce à l’action menée au cours des années 2000 par le CPM. Plus récemment, l’organisme a également obtenu la mise en place d’une nouvelle infraction pénale de maltraitance afin de renforcer la protection des aînés et de tout autre adulte en situation de vulnérabilité. «Nous avons fait beaucoup de progrès sur la question du soin aux utilisateurs», résume M. Brunet.
En 2020, la pandémie a constitué un tournant dans l’action du CPM, tandis que la COVID-19 a exacerbé les cas de maltraitance. Suite aux nombreux abus observés durant cette période noire, le Conseil de protection des malades a été le seul organisme autorisé par la coroner Géhane Kamel à témoigner à l’enquête sur le drame survenu dans les CHSLD publics et dans les résidences privées dans les premières heures de la pandémie. . A cette occasion, l’organisation a été invitée à formuler des recommandations afin de tirer les leçons de cette déplorable tragédie.
Depuis les premières luttes menées par Claude Brunet, au début des années 1970, pour défendre les patients victimes de grèves illégales au CHSLD Saint-Charles-Borromée, le CPM a soigneusement pris soin d’appeler les autorités, les établissements de santé ou les ordres professionnels. « Nous dénonçons régulièrement des situations qui, parfois, sont corrigées », confie Paul Brunet. Au fil du temps, j’ai commencé à avoir des contacts un peu plus directs avec certains cabinets de ministres. Et je n’hésite pas à leur dire que s’ils font des annonces qui peuvent être très intéressantes, la « machine » fait malheureusement souvent ce qu’elle veut. »
Briser l’omerta
Le CPM peut traiter jusqu’à 400 dossiers de réclamation par an, preuve que beaucoup de choses restent à améliorer. Pour mener à bien sa mission, l’association a lancé en 2016 un service individualisé, Protection Santé, donnant droit à quelques heures d’assistance juridique moyennant une modeste contribution. Ce programme de soutien compte actuellement quelque 300 abonnés à travers le Québec. Mais la loi du silence reste, dans bien des cas, difficile à briser. « Les gens ont encore peur de porter plainte, de peur de subir des représailles et de voir leurs soins coupés ou réduits », déplore Paul Brunet.
En fait, la lutte pour la libéralisation de la parole est encore loin d’être gagnée. Tout comme celle de la survie même du CPM. Entièrement dépendante de dons privés, l’organisme s’appuie sur 200 comités d’usagers et de résidents des établissements de santé, mais doit se battre pour continuer à être la voix des plus vulnérables. Une nouvelle campagne de financement visant à recueillir 500 000 $ vient d’être lancée afin de consolider un fonds de dotation évalué à 450 000 $. « Nous sommes les moins bien financées des organisations dites de défense des droits », constate amèrement Paul Brunet. Je commence à comprendre que plus on critique, moins on nous aide. »
Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales de Devoirrelatifs au marketing. L’écriture du Devoir n’y a pas participé.
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