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Bientôt la fin du « télétravail open bar » en ?

Les salariés d’Amazon ont récemment été informés de leur retour au travail 100% en présentiel d’ici janvier.

De quoi faire craindre à certains que les entreprises françaises emboîtent le pas.

À tort selon le vice-président de l’association nationale DRH qui estime qu’il s’agit plus d’une question de réorganisation du télétravail en que de restriction.

Le télétravail est-il menacé en France ? La question a refait surface ces derniers jours à la suite de l’annonce par Amazon le 16 septembre d’un retour à 100 % au travail en présentiel pour ses salariés, comme avant la pandémie, à partir de janvier 2025. De notre côté de l’Atlantique, les syndicats des travailleurs du jeu vidéo (STJV), Solidaires Informatique et la CFE-CGC Fieci ont dénoncé ce jeudi 26 septembre la décision prise par Ubisoft France, à la mi-septembre, d’imposer “un retour forcé” au bureau, appelant à une grève de trois jours les 15, 16 et 17 octobre.

Si ces deux exemples récents et quasi simultanés suscitent de nombreux commentaires, ils ne présagent pas forcément d’un retour à un modèle entièrement présentiel en France, précise d’emblée Benoît Serre, vice-président de l’association nationale des managers RH (ANDRH). “C’est loin d’être la fin du télétravail en France, comme ailleurs”, explique-t-il, soulignant que le cas d’Amazon fait écho “au choix qu’ont fait les entreprises américaines d’accepter le télétravail à temps plein, ce qui n’a pas été fait en France.” Et cela est compréhensible, estime-t-il : “Le télétravail à 100% à long terme n’est pas crédible, tout simplement parce qu’une entreprise où personne ne vient jamais, finalement, n’existe pas vraiment.”

« Un télétravail plus structuré et organisé »

“Je ne crois pas que la fin du télétravail soit à l’ordre du jour en France”, insiste le représentant de l’ANDRH, tout en rappelant que la culture managériale française reste très attachée au travail en présentiel et qu’avant la pandémie, “Notre pays n’était pas très en télétravail” contrairement aux Etats-Unis qui avaient déjà entamé le processus depuis longtemps.

Les accords sur le télétravail conclus entre 2020 et 2021 pendant la crise sanitaire arrivent également à expiration, explique-t-il, soulignant qu’ils “sont triennaux” et cela en tant que tel “ils sont en cours de renégociation” avec les syndicats. « On peut presque considérer que la pandémie a obligé la France, assez réticente aux alternatives de travail comme le télétravail, à s’y mettre, et ces dernières années ont permis d’identifier les avantages et les inconvénients du modèle. » analyse encore Benoît Serre. Parmi les avantages mis en avant, une étude française a montré que les salariés en télétravail prennent moins d’arrêts maladie de courte durée. A l’inverse, dans la liste des désavantages, une étude américaine a montré que les salariés concernés tendent à être moins promus et moins élevés. À la lumière de ces enseignements, “Ce qui se dessine en France, c’est un télétravail plus structuré et organisé, le télétravail raisonné et raisonnable va perdurer.”

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Concrètement, cela pourrait prendre la forme de jours de la semaine exclus du télétravail, comme le vendredi ou le lundi. Il pourrait également être question à l’avenir d’un quota de jours de télétravail à répartir sur le semestre. “au bon moment”, évoque le vice-président de l’ANDRH. “Nous avons beaucoup réfléchi en termes hebdomadaires jusqu’à présent en matière de télétravail mais nous commençons à voir apparaître une autre manière de faire qui, je pense, est sans doute le bon modèle plutôt qu’un système qui crée une forme d’injonction au télétravail” , continue-t-il.

“Heureusement qu’il y a ce mouvement”

Si la fin du télétravail n’est pas arrivée, des ajustements semblent se profiler à l’horizon suite aux renégociations des accords en cours. “Pour les salariés qui ont pris l’habitude du télétravail en open bar, ce phénomène organisationnel peut être ressenti comme une contrainte mais heureusement il y a ce mouvement”, insists Benoît Serre. “On a beaucoup parlé de raison d’être dans le monde de l’entreprise, et maintenant il devrait y avoir beaucoup de discussions sur les raisons de revenir”, résume ce dernier, qui considère que « à terme, le télétravail est le moyen le plus perceptible et le plus simple pour les salariés d’avoir ce sentiment d’autonomie » et c’est ce qui inquiète le plus “Je ne veux pas perdre.” Et d’insister : “Ce que l’on observe, c’est que les gens qui y ont goûté ne veulent pas y retourner.”

Dans ce contexte, alors que le télétravail concerne aujourd’hui 25 à 30 % des salariés, pour les ramener au bureau avec intérêt, les chefs d’entreprise ont aussi un rôle à jouer. « Il s’agit de se dire : si je veux que les gens reviennent, je ne peux plus ignorer qu’ils ont besoin de ce sentiment d’autonomie, alors comment repenser le management, on réduit le périmètre en termes de contrôles, on revoit les niveaux hiérarchiques, etc. .» .


Audrey LE GUELLEC

 
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