De la blouse blanche à l’écharpe tricolore
Née en 1956 dans les Landes, Geneviève Darrieussecq a d’abord poursuivi une carrière médicale. Diplômée de la Faculté de Médecine de Bordeaux-Segalen, elle a exercé comme allergologue libérale et médecin attachée à l’hôpital de Mont-de-Marsan de 1983 à 2008. Ces 25 années d’expérience sur le terrain lui ont conféré une connaissance approfondie des enjeux de santé publique.
Mais sa carrière prend un tournant décisif en 2004 lorsqu’elle entre en politique comme conseillère régionale d’Aquitaine. Son engagement politique s’intensifie progressivement, culminant avec son élection à la mairie de Mont-de-Marsan en 2008. C’est à cette époque qu’elle décide d’abandonner sa pratique médicale pour se consacrer pleinement à ses fonctions politiques.
Elle remet son chemisier pendant la pandémie
Geneviève Darrieussecq, alors secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées, s’est personnellement impliquée dans la lutte contre la pandémie. Elle a rejoint une « unité Covid-19 » à l’hôpital d’instruction des armées Percy, situé à Clamart dans les Hauts-de-Seine. Elle intervenait « trois matinées par semaine » dans cette unité.
Son rôle était d’examiner et de trier les patients suspectés d’être infectés par le virus.
Geneviève Darrieussecq a expliqué ses motivations au journal Le Figaro : « Je voulais me rendre utile (…) Cela m’a fait un grand plaisir de reprendre un stéthoscope. »
« Je ne peux pas rester les bras croisés, explique Geneviève Darrieussecq à son mari, ses quatre enfants et ses huit petits-enfants, restés confinés dans les Landes. Ministre ou pas, c’est mon devoir. Une question de conscience professionnelle. » Cette déclaration souligne sa volonté de mettre à profit ses compétences médicales dans un contexte de crise nationale.
Une ascension politique fulgurante
Depuis 2008, Geneviève Darrieussecq a gravi les échelons politiques :
– Maire de Mont-de-Marsan (2008-2017)
– Président de l’agglomération de Mont-de-Marsan (2009)
– Député de la 1ère circonscription des Landes (2017)
– Secrétaire d’État auprès du ministre des Armées (2017-2020)
– Ministre délégué à la Mémoire et aux Anciens combattants (2020-2022)
– Ministre déléguée aux Personnes handicapées (2022-2023)
Des défis majeurs à relever
En tant que nouvelle ministre de la Santé, Geneviève Darrieussecq devra s’attaquer à plusieurs dossiers brûlants :
– Préparation du budget de la santé
– La crise persistante de l’hôpital public
– La lutte contre les déserts médicaux
– Pénurie de médicaments
– Les revendications des professionnels de santé, notamment des infirmières libérales
– Piloter le projet de loi sur la fin de vie
Certains observateurs s’interrogent sur la capacité de Geneviève Darrieussecq à proposer une vision d’avenir pour le système de santé et à défendre efficacement le secteur face aux contraintes budgétaires.. Sa discrétion lors de ses précédents mandats ministériels pose question sur sa capacité à s’affirmer dans les arbitrages avec Bercy et à contenir d’éventuels mécontentements dans le secteur de la santé..
Un bilan mitigé sur le handicap
Son passage au ministère des Personnes handicapées a été jalonné de critiques. L’Unapei, grande association du secteur, a dénoncé un manque d’ambition dans la politique du handicap. Le Conseil de l’Europe a même pointé du doigt le non-respect par la France de ses engagements internationaux en matière de droits des personnes handicapées.
Les associations critiquent notamment :
– L’insuffisance des annonces faites lors de la Conférence nationale sur le handicap
– Un manque de moyens financiers pour réaliser la transition vers une société plus inclusive
– Un écart entre les promesses et les actions concrètes
Une vision pour l’avenir de la santé en France
Malgré ces critiques, Geneviève Darrieussecq apporte un regard singulier au ministère de la Santé. Sa double expérience de médecin et de politicienne pourrait lui permettre de mieux comprendre les enjeux sur le terrain tout en naviguant efficacement dans les méandres de l’administration.
Elle soutient notamment la création de l’Agence de l’innovation en santé (AIS), qui pourrait jouer un rôle clé dans la modernisation du système de santé français.
Les professionnels de la santé attendent de voir si Geneviève Darrieussecq saura tirer les leçons de son expérience passée pour relever les défis complexes qui l’attendent au ministère de la Santé. Sa capacité à traduire sa connaissance du terrain en actions concrètes et à mobiliser les ressources nécessaires sera scrutée de près dans les mois à venir.
Les premières réactions
Sur les réseaux sociaux, l’UFMLS félicite Mme Geneviève Darrieussecq pour sa nomination au poste de ministre de la Santé et de l’Accès aux soins, tout en demandant une rencontre rapide. L’UFMLS exhorte la ministre à ne pas se laisser influencer par les ministères des Finances et de la Santé, comme ses prédécesseurs, et à établir une relation de confiance avec les professionnels de santé. En tant que médecin ayant une expérience à la fois dans le secteur privé et hospitalier, elle est invitée à comprendre et à respecter les différences entre ces deux mondes tout en favorisant leur union. Le syndicat appelle à éviter les solutions simplistes et à aborder la question des soins en tenant compte des spécificités des territoires. Enfin, l’UFMLS attend de Mme Darrieussecq qu’elle ouvre une nouvelle page les professionnels, avec courage et indépendance, pour relever le système de santé.
L’Ordre national des infirmiers félicite Geneviève Darrieussecq pour sa nomination au poste de ministre de la Santé, ainsi que Paul Christophe pour son poste de ministre des Solidarités. Dans un contexte de crise d’urgence et de difficultés d’accès aux soins, l’Ordre souligne l’importance du rôle des infirmières et appelle à la reconnaissance et au développement de leurs missions. Il appelle à la mise en œuvre rapide des décrets en cours concernant l’accès direct et la première prescription des API, ainsi qu’à la reprise des réformes législatives interrompues, notamment pour créer une consultation infirmière.
” L’Ordre national des infirmières appelle Mme Geneviève Darrieussecq à se pencher sans délai sur la question de l’accès aux soins, de l’amélioration de la prise en charge des patients et de l’accompagnement de leurs proches. Plusieurs solutions peuvent être mises en œuvre. Consensuelles et transpartisanes, elles résident dans une meilleure coopération entre les professionnels de santé et dans la reconnaissance du rôle des infirmières en cohérence avec les missions qu’elles accomplissent au quotidien auprès des patients. L’Ordre national des infirmières alerte également la ministre sur la nécessité d’accorder une attention particulière à la santé et au bien-être des soignants dont le travail de plus en plus difficile affecte également la qualité des soins. ” souligne Sylvaine Mazière Tauran, présidente de l’Ordre national des infirmières.
Crédit photo : J. Robert, CC BY-SA 4.0 via Wikimedia Commons
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