Prendre le - de voyager autrement, c’est l’essence même du slow tourisme. Dans cet entretien, Brice Duthion, Fondateur de l’agence « Les nouvelles voyages extraordinaires » revient sur les principes de cette approche respectueuse de la nature et des territoires, ses implications pour les politiques publiques et les aspirations qu’elle suscite chez les voyageurs. ‘Aujourd’hui. Des propos qui seront développés dans une série de chroniques pour le Slow Tourisme Lab.
Qu’est-ce que le tourisme lent ?
Brice Duthion, Fondateur de l’agence « Nouveaux voyages extraordinaires »
Le slow tourisme est un mode de vie qui repose sur l’art de voyager en prenant son - et dans le respect de la nature. Cela implique de ralentir pour mieux apprécier le voyage, rencontrer les habitants et partager des moments authentiques. C’est une démarche respectueuse des territoires et de leurs ressources.
Est-ce encore une tendance aujourd’hui ?
Oui, mais l’intérêt pour le tourisme lent s’est mêlé à une réflexion plus large sur la proximité, notamment après la crise du COVID-19. De nombreux territoires s’interrogent sur cette façon de voyager. Clermont-Ferrand valorise par exemple la découverte de ses volcans sous un angle lent et contemplatif. Autre exemple : les Combrailles, en Auvergne, s’appuient sur une communication originale : « Ici, vous ne ferez rien ». Sauf à être ensemble et à rencontrer la population. À l’échelle internationale, la Suisse est la destination du slow tourisme par excellence. Il propose des expériences comme le Grand Tour en train, qui invite à admirer les paysages et à créer des liens.
Quelles sont les grandes tendances liées au slow tourisme ?
Le slow tourisme répond à plusieurs aspirations. Il favorise la déconnexion et le ressourcement, permettant de voyager pour se retrouver et ralentir. Elle repose sur la frugalité, une manière simple et respectueuse d’aborder le voyage. Ce tourisme prône aussi une temporalité différente, avec des expériences plus longues et enrichissantes. Il met en avant les mobilités douces et partagées, pour réinventer les modes de déplacement. Enfin, il favorise l’implication locale, en construisant d’authentiques histoires territoriales avec les habitants.
Le cyclotourisme est-il une illustration du slow tourisme ?
Absolument. C’est l’un des éléments clés. Par exemple, des infrastructures comme la voie verte et la voie bleue dans la région Grand Est permettent de découvrir une destination à vélo tout en proposant des arrêts et des services associés. La Loire à Vélo est une belle illustration de ce concept. Mais le slow tourisme ne se limite pas aux paysages : il favorise aussi les rencontres avec les locaux, comme en Bretagne avec l’initiative « En Bretagne sans ma voiture », qui a précédé la période COVID.
Qu’en est-il des moyens de transport inhabituels, comme les dirigeables ?
Les dirigeables pourraient s’inscrire dans cette même tendance à l’avenir, comme cela est envisagé dans l’Arctique à l’horizon 2028. Certes, cela restera marginal, mais cela offre une nouvelle perspective de déplacements doux et respectueux. Tout comme les montgolfières qui sont une manière unique de découvrir une destination dans un esprit de lenteur et de contemplation.
À mesure que le tourisme lent se développe, des moyens de transport comme l’Hyperloop font leur apparition et avec eux la promesse de tout accélérer. Assiste-t-on à un tourisme à deux vitesses ?
Je ne pense pas que ce soit une opposition, mais une cohabitation d’ambitions différentes. Certains préfèrent voyager vite, à bord d’un Hyperloop ou d’un train à suspension magnétique au Japon, tandis que d’autres optent pour la lenteur. Ces innovations technologiques, bien que loin du slow tourisme, contribuent également à réduire l’empreinte carbone. Selon moi, innovation et tourisme lent peuvent aller de pair.
Quelles sont vos missions au sein du Slow Tourisme Lab ?
Au Slow Tourism Lab, nous considérons la ruralité comme la destination du futur. Nos missions sont multiples : devenir une plateforme de référence du slow tourisme, accompagner les porteurs de projets, acculturer les professionnels et les habitants, et expérimenter de nouvelles idées. L’objectif est de réinventer le lien entre territoires ruraux et urbains, car ces espaces regorgent de potentiels et d’initiatives à valoriser.
Pourquoi le slow tourisme est-il durable à long terme ?
Face au manque de considération pour la ruralité, il est crucial de redécouvrir ces territoires. Les locaux ont beaucoup à offrir. Le slow tourisme propose un modèle où innovation, respect de l’environnement et authenticité se conjuguent pour répondre aux attentes d’un public en quête de sens et de renouveau.
Photo d’ouverture : vague
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