Aux États-Unis, enseignants et experts alertent sur les retards moteurs et cognitifs des jeunes enfants, liés selon eux aux différents confinements durant la pandémie de Covid-19.
Les difficultés rencontrées par les enfants pour retourner à l’école suite aux confinements liés à la pandémie de Covid-19 sont déjà bien documentées. Difficultés d’apprentissage, de concentration. Et même si la pandémie semble derrière nous, le retour à la normale n’est pas pour demain. New York Times L’association détaille dans un article, ce 1er juillet, les difficultés rencontrées par les enfants qui n’étaient pas encore à l’école pendant les confinements, soit les nourrissons et les jeunes enfants du début des années 2020. Plusieurs dizaines d’enseignants, pédiatres et pédopsychiatres rapportent des retards plus ou moins importants dans le développement cognitif et moteur, qui compliquent le parcours scolaire de milliers d’écoliers.
Interviewé par le New York Timeséducateurs, enseignants et spécialistes partagent plusieurs constats. Les enfants entrés à l’école maternelle cette année sont, selon eux, moins capables d’identifier les formes et les lettres. Washington Post fait le même constat, et informe que les jeunes écoliers ont eux aussi des difficultés à comprendre les mathématiques élémentaires (le constat s’étend aussi aux jeunes qui étaient à l’école pendant les confinements). Ils sont incapables de contrôler leurs émotions ou leurs désaccords avec les autres enfants, ce qui complique leurs échanges et leurs relations sociales. « Nous parlons d’enfants de 4 et 5 ans qui lancent des chaises, mordent et frappent sans contrôle. » « Certains sont également très en retard dans l’apprentissage de la parole et même de la gestuelle ; certains ne savent pas tenir un crayon dans la main », déplore Tommy Sheridan, directeur adjoint de l’association nationale Head Start, auprès du quotidien new-yorkais.
Confinements et autres facteurs multiples
Tous les enfants ne sont toutefois pas concernés par ces difficultés. Les plus touchés par ces retards sont les enfants issus de milieux défavorisés, de familles afro-américaines ou hispaniques, selon les données publiées lundi par la société Curriculum Associates, dont les tests sont distribués dans des milliers d’écoles américaines.
Pour les spécialistes, un autre facteur expliquant ce retard de développement serait le stress vécu par les parents pendant les périodes de confinement, ce qui aurait eu des répercussions sur leur progéniture. Les enfants auraient alors eu moins d’énergie pour apprendre et explorer.
En 2021, une étude menée par la National Library of Medicine a montré que les enfants américains nés pendant la pandémie avaient plus de difficultés à apprendre à parler. Sans lier ce problème au stress postnatal des jeunes mères, les auteurs de l’étude ont néanmoins souligné que les nourrissons nés dans des familles socioéconomiques élevées étaient moins sujets à des problèmes de développement de la parole et d’apprentissage. En moyenne, tous ceux nés depuis le début de la pandémie présentent un déclin des capacités cognitives de 27 à 37 points par rapport aux enfants nés avant 2020, sans expliquer si ce déclin est dû ou non aux confinements, ainsi qu’à d’autres facteurs.
Les restrictions de la sphère sociale mises en évidence
Ces enfants, qui ont évolué dans une sphère plus restreinte en raison des multiples confinements, ont fortement réduit leurs interactions avec les autres. N’ayant pas pu rencontrer de nouvelles personnes, ils ont accru leurs difficultés sociales. Pour certains, le seul lien avec le monde extérieur se faisait par le biais des écrans, déjà fortement pointés du doigt pour leurs effets néfastes sur le développement cognitif des jeunes enfants.
Ce manque de contact avec le monde extérieur et ce temps important passé sur les écrans ont considérablement retardé le développement moteur et cognitif des plus jeunes. Les experts sont néanmoins optimistes : ces enfants sont encore jeunes et devraient pouvoir rattraper leur retard rapidement.
