prévenir avant de guérir – .

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Antoine Flahault est tombé dans la santé publique quand il était petit. Fils d’un pédiatre et médecin à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), cet homme de 63 ans a consacré sa carrière à la recherche et à la surveillance des maladies, des épidémies saisonnières au Covid-19, en passant par le virus chikungunya ou grippe porcine. “ La prévention a toujours été au cœur de mon métier » résume simplement ce natif de Cholet (Maine-et-Loire). Rien de plus logique donc pour cet épidémiologiste de renom que de lui consacrer un ouvrage entier (1).

Mais après deux essais et une myriade d’articles scientifiques, le professeur a cette fois choisi la fiction. “ J’ai toujours aimé écrire et j’ai toujours beaucoup écrit », reconnaît modestement cette référence mondiale en matière de surveillance des épidémies, omniprésente dans les médias tout au long de la crise du Covid-19. Cette fois, l’écriture lui permet de promouvoir de manière originale un sujet, la prévention, qui reste le « parent pauvre » les systèmes de santé dans les pays de l’OCDE. Si les médicaments sont généralement pris au sérieux, les mesures de prévention manquent parfois d’écho auprès du grand public.

Un « roman de prévention »

Pour les plus connus (manger cinq fruits et légumes, éviter le gras et le sel, faire 10 000 pas par jour, etc.), les injonctions sont parfois trop » moralistes ” ou même “ coupable « . L’épidémiologiste aux petites lunettes rectangulaires préfère les scénarios ludiques. Le résultat est un « roman de prévention » sous la forme d’une succession de scènes de la vie quotidienne, à travers lesquelles le lecteur suit les aventures d’une vingtaine de personnages, fictifs mais toujours réalistes.

Je reconstitue de vraies conversations », se souvient Antoine Flahault, aujourd’hui directeur de l’Institut de santé globale de l’Université de Genève, où il est revenu s’installer il y a dix ans. Un format qu’il suppose avoir emprunté au pédiatre américain Thomas Berry Brazelton, dont la lecture l’a aidé, lui et sa femme, à élever leurs trois enfants. “La fictionme permet aussi de présenter des idées qui ne sont pas les miennes et d’en débattre, tout en adoptant un langage moins académique et professoral », explique-t-il, conscient des divisions qui traversent la société.

“Lutte contre l’isolement social”

Il aborde ainsi des thématiques de santé publique aussi diverses que la consommation d’alcool pendant la grossesse, le dépistage de certains cancers ou l’exposition au soleil. Conscient que les restrictions inflexibles peinent à porter leurs fruits auprès de la population, il nous invite à ne pas « interdire ” mais à “ réduire les risques « . Lui-même boit peu, ne fume pas, pratique une activité physique régulière et cuisine souvent. “ Mais même les connaissances scientifiques ne suffisent pas pour adopter des comportements favorables à la santé. », tempère-t-il face à un mode de vie qui pourrait en culpabiliser plus d’un. Il reconnaît ainsi qu’il s’autorise “lacunes”comme un paquet de chips ou un soda de temps en temps, notamment sur les aires d’autoroute.

À ceux qui pourraient être surpris d’utiliser la fiction pour parler de prévention, Antoine Flahault rétorque que « la fiction entre régulièrement dans le champ de la science « . Notamment à travers l’apprentissage de la médecine : les étudiants jouent souvent le rôle de patients fictifs. “ Ce genre littéraire aborde aussi le processus de modélisation mathématique : on simule sur ordinateur, on crée des scénarios… J’avais d’ailleurs élaboré des synopsis de confinements bien avant la pandémie de Covid-19 ! », s’amuse l’épidémiologiste.

S’il ne fallait retenir qu’un seul conseil, Antoine Flahault nous invite à « bouger, pas forcément faire du sport, mais pratiquer une activité physique comme la marche, au moins 20 minutes par jour « . Et “ lutter contre l’isolement social », ce qui précipite le déclin cognitif. Il cite l’exemple de moaï, ces groupes d’entraide existant au Japon, pays où l’espérance de vie en bonne santé est dix ans supérieure à celle de la France. “ Avoir des amis est utile », sourit celui qui tente de garder sa famille, rencontrée lors de ses longues études. “ C’est un trésor qu’il faut cultiver. »

(1) Dites-moi ! Une meilleure santé à tout âge, Robert Laffont, 2024, 352 p., 20,90 €

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Sa boussole. « Preuve scientifique »

« En 2006, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche m’a envoyé à La Réunion pour étudier la maladie du chikungunya. À l’époque, le ministère considérait qu’il s’agissait d’une maladie bénigne, car toute la littérature scientifique allait dans ce sens. Mais en arrivant sur place, j’ai remarqué que les urgences débordaient de patients. J’ai compris que ce virus n’était pas si bénin. Il m’a fallu me débarrasser d’un conformisme intellectuel qui consistait à prendre sur parole ce qui était établi : pour un faible pourcentage de patients, ce virus pouvait provoquer des formes graves. C’est pour cette raison que j’ai demandé à mon éditeur d’ajouter des notes scientifiques détaillées à la fin de l’ouvrage. Montrer que malgré mon recours à la fiction, la preuve scientifique reste ma boussole. »

 
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