Un règlement municipal entourant les manifestations est débattu au Québec

Un règlement municipal entourant les manifestations est débattu au Québec
Un règlement municipal entourant les manifestations est débattu au Québec

Le Service de police de Québec (SPVQ) assume un « pouvoir excessif » dans la conduite des manifestations, dénoncent plusieurs organismes communautaires de la capitale. En cause, selon eux : un règlement adopté l’année dernière qui ouvre « toutes sortes de brèches » et porte atteinte au droit fondamental de s’exprimer et de se mobiliser.

Le 1est En juin, une centaine de manifestants ont été entendus devant le Parlement en marge d’un rassemblement organisé par la Campagne Pro-Vie. « À peine 5 minutes après leur arrivée, déplore le Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale (RGFR-CN), une travailleuse a été violemment immobilisée et a reçu une contravention pour avoir traversé la rue. »

« Pourquoi cette contravention alors que la rue était fermée à la circulation ? », demande la manifestante verbalisée, Anne-Valérie Lemieux Breton.

Le 15 septembre, le Comité d’aide au logement de l’Ouest de Québec (CLAQO) a organisé un convoi pour visiter, à bord d’un autobus, le « Far West pour locataires » qu’est devenue Sainte-Foy, selon l’organisme. .

« Nous étions à peine une vingtaine. Or, trois voitures de patrouille et une quinzaine de policiers ont été déployés pour nous suivre», dénonce Charles-Olivier P. Carrier, un organisateur du CLAQO. « Je vous garantis que tous les participants ne se sentaient pas en sécurité. »

Un récent événement « festif et familial » n’a pas non plus échappé à la vigilance du SPVQ. Le 18 septembre, quelques dizaines de personnes, dont des enfants et des personnes à mobilité réduite, se sont rassemblées près d’une école pour réclamer une meilleure sécurité sur la rue Marie-de-l’Incarnation, une artère à quatre voies où les automobilistes désobéissent aux limitations de vitesse dans les zones scolaires. quotidiennement.

«Quelques minutes avant le début de la marche, deux policiers sont intervenus pour dire aux manifestants de rester sur le trottoir et que toutes les personnes qui marchent dans la rue recevront une contravention», explique Naélie Bouchard-Sylvain du RÉPAC. Cela a mis à mal le message et l’un des moyens d’expression des manifestants : l’occupation, par les piétons, de l’espace réservé aux voitures. »

Cette semaine encore, les dockers du Port de Québec, en lock-out depuis plus de deux ans, ont dénoncé la « répression policière abusive » déployée lors d’une manifestation où le SPVQ aurait réclamé, selon Frédéric Brisson du Syndicat canadien de la fonction publique (Syndicat canadien de la fonction publique) ( SCFP), pour se limiter aux passages piétonniers.

Une réglementation critiquée

Toutes ces interventions policières puisent à la même Source : le règlement 28-17 adopté en 2023 par le conseil municipal. Celui-ci vise à « assurer la sécurité des personnes » lors des rassemblements sur la voie publique, « tout en respectant les droits fondamentaux de liberté d’expression et de réunion pacifique. »

Il prévoit que « toute personne doit, lors d’un attroupement sur la chaussée d’un chemin public, obéir à un ordre d’un policier qui lui demande de s’éloigner de l’endroit où elle se trouve pour des raisons de sécurité. »

Ce règlement a succédé à son ancêtre, le 19.2, adopté dans la foulée du Printemps Maple puis jugé inconstitutionnel par la Cour d’appel en 2019.

Depuis sa création, le nouveau règlement 28-17 a été contesté par les organisations du Québec. «Nous l’avons contesté dès son dépôt», explique Josyanne Croteau, coordonnatrice de la section Ligue des droits et libertés Québec. « Pour nous, il s’agissait clairement d’une volonté politique de contrôler la manière dont la liberté d’expression peut s’exercer dans l’espace public. »

Depuis un an, elle observe « clairement une escalade » entre le SPVQ et les manifestants à Québec. «Les manifestations doivent avoir lieu de plus en plus souvent sur les trottoirs au nom de la sécurité», observe Josyanne Croteau. Si le SPVQ manque de personnel pour bien encadrer les rassemblements dans la rue, ce n’est pas une raison pour restreindre la liberté de manifestation de la population. »

« Non seulement la réglementation est problématique en soi, mais les policiers ne la respectent même pas », déplore Naélie Bouchard-Sylvain du Regroupement d’enseignement populaire en action culturelle des régions de Québec et Chaudière Appalaches (RÉPAC). Même lorsqu’on donne le parcours d’une manifestation, les policiers se permettent de modifier le parcours à la dernière minute, de nous presser à temps… Le SPVQ se permet de décréter que si nous ne sommes pas 50 ou 200, nous ne le ferons pas. je ne peux pas prendre la rue. C’est complètement arbitraire ! »

Le SPVQ défend son action et souligne que ses policiers respectent le droit fondamental de manifester garanti par la Charte des droits et libertés.

« Notre mission est avant tout de faciliter et de protéger le droit de manifester légalement et pacifiquement », a-t-il écrit en réponse à la Devoir. Il s’agit aussi, ajoute le mail, de « limiter la portée des obstacles à la circulation et à la vie économique. »

“Nous avons confiance”

Plusieurs organisations avaient déjà porté leurs doléances aux portes de la mairie le 18 juin pour demander l’abrogation du règlement. Ils prévoient d’être à nouveau entendus le 1est en octobre prochain.

Le gouvernement actuel refuse de céder à leur demande. Ce règlement, assure la conseillère responsable des dossiers policiers, Marie-Josée Asselin, vise avant tout à assurer la sécurité de la population.

« La réglementation ne s’applique pas différemment selon les causes défendues ou les personnes qui les soutiennent », assure-t-elle. Nous voulions un règlement qui s’applique également à tout le monde, qu’il s’agisse des camionneurs sur la Colline du Parlement ou des familles à proximité d’une école. »

Alors que plusieurs organisations dénoncent une réglementation qui les décourage de se mobiliser et de faire entendre leur voix, l’administration ne compte pas changer d’approche. « Personne ne voudrait d’une ville où les politiciens dictent aux policiers comment faire leur travail », estime-t-elle. Nous avons confiance en notre police, ses agents sont formés pour cela et ils supervisent environ 300 manifestations chaque année sans aucun problème. »

Aux yeux de Josyanne Croteau, la politique ne peut cependant pas « s’exempter » d’une réglementation « qui ouvre toutes sortes de brèches » dans les libertés constitutionnelles.

« La Ville, conclut-elle, a une responsabilité très claire dans ce domaine. Je ne pense pas qu’elle puisse se dégager de toute responsabilité. »

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