(BFM Bourse) – Le spécialiste des tests est sanctionné en Bourse après avoir délivré une activité trimestrielle en hausse, mais inférieure aux attentes. Eurofins Scientific maintient ses objectifs pour cette année et pour 2027.
Autrefois l’un des grands gagnants en Bourse dans la lutte contre la pandémie via sa gamme de tests pour détecter le Covid-19, Eurofins peine encore à convaincre le marché qu’il est capable de négocier l’après-crise sanitaire.
Le groupe d’analyses pharmaceutiques et alimentaires a toutefois publié une activité globalement en hausse en début d’année, alors que les trimestres précédents ces revenus étaient plombés par la réduction des tests Covid-19. Mais cela ne suffit pas pour le marché.
Un début d’année « poussif »
Entre janvier et fin mars, le groupe d’analyses pharmaceutiques et alimentaires a annoncé un chiffre d’affaires en hausse de 5% sur un an, à 1,653 milliard d’euros. Eurofins Scientific précise que cette croissance a été « légèrement ralentie » par des effets de change de 1 point de pourcentage, et par un effet calendaire, puisque la période comprenait également « près d’un jour ouvrable en moins ».
Cette tendance marque clairement une amélioration par rapport au premier trimestre 2023. Le groupe faisait alors état d’une baisse de 10,5% de ses revenus, plombés par une baisse des ventes liées aux tests et réactifs pour le Covid-19 d’au moins 10 millions d’euros, par rapport à à plus de 300 millions d’euros un an plus tôt. Ces revenus issus des tests et réactifs Covid-19 sont désormais nuls.
Mais pour Stifel, le chiffre d’affaires d’Eurofins Scientific au premier trimestre s’est révélé “faible”, avec un chiffre d’affaires ressortant 3% en dessous des attentes des analystes, placées donc à 1,7 milliard d’euros. Ils sont également en deçà des attentes d’Oddo BHF, qui visait 1,717 milliard d’euros de chiffre d’affaires.
Organiquement, la croissance des activités « core business », c’est-à-dire le chiffre d’affaires hors tests cliniques et réactifs liés au Covid-19, s’est établie à 5,5% sur un an, ce qui marque un échec par rapport au consensus Visible Apha affiché à 6,3%, mais Oddo BHF estime que cette dernière n’a pas été « ajustée » aux effets calendaires.
Hors ces activités liées à la pandémie et effets calendaires, le chiffre d’affaires d’Eurofins augmente de 6,8% à données comparables sur un an. La croissance organique du groupe “a dépassé les objectifs à long terme d’Eurofins Scientific” de 6,5% par an sur la période 2023-2027, et a été soutenue notamment par une tendance positive en Europe, avec une croissance atteignant 6,8%, ainsi qu’en Amérique du Nord ( +7,2 %). Ailleurs dans le monde, Eurofins Scientific a réalisé une croissance organique de 8,8 %, tirée par une activité dynamique en Chine, à Taiwan, en Australie et en Inde.
Stifel note cependant que ce rythme organique « marque une décélération de 0,3 point de pourcentage par rapport au trimestre précédent », et juge sans détour le premier trimestre d’Eurofins Scientific « atone ».
“La bonne nouvelle de cette publication, c’est la reprise accélérée des fusions et acquisitions, avec 7 opérations ciblées (bolt-on) qui représentent 110 millions d’euros de chiffre d’affaires acquis”, apprécie de son côté Oddo BHF.
Concernant le trimestre en cours, Stifel s’attend à ce que la période soit marquée par “un mélange d’éléments positifs (moins d’impact négatif des taux de change, pas d’impact négatif supplémentaire d’OmniGraf, aux Etats-Unis) et négatifs (baisse des ventes liée aux tests Covid). ».
“Ces résultats confirment nos inquiétudes à moyen terme quant aux objectifs apparemment trop ambitieux du groupe, qui laissent peu de place aux surprises positives”, prévient également Stifel dans sa note du jour.
Perspectives renouvelées pour 2024 et 2027
L’entreprise a renouvelé ses perspectives pour 2024, annoncées pour la première fois en février dernier. Pour l’année en cours, Eurofins Scientific anticipe toujours un chiffre d’affaires compris entre 7,075 milliards et 7,175 milliards d’euros, un résultat brut d’exploitation (Ebitda) ajusté compris entre 1,525 milliard et 1,575 milliard d’euros et un cash-flow compris entre 800 millions et 840 millions d’euros.
Eurofins a également confirmé ses objectifs pour 2027, soit un chiffre d’affaires proche de 10 milliards d’euros, une marge d’Ebitda ajusté de 24% et un cash-flow autour de 1,5 milliard d’euros.
Ces confirmations d’objectifs sont reléguées au second plan par un marché qui sanctionne la publication du jour. A la Bourse de Paris, Eurofins Scientific perd 6,4% à 58,26 euros après ces ventes trimestrielles jugées un peu courtes, et affiche ainsi la deuxième plus forte baisse du CAC 40. Seul Kering a fait pire (-8,2%), le groupe de luxe ayant a tendu les investisseurs après la forte baisse des ventes au premier trimestre, l’amenant à mettre en garde sur son bénéfice d’exploitation.
Eurofins Scientific est donc définitivement mécontent de cet exercice de publication. En février dernier, le groupe avait déjà tendu les investisseurs après avoir généré un cash-flow nettement inférieur aux attentes en 2023 et annoncé qu’il allait réduire son retour aux actionnaires.
A ce jour, le pensionnaire du CAC 40 s’échange désormais sous les 60 euros, soit moins de la moitié du pic atteint à plus de 125 euros au moment de son intronisation dans l’élite boursière, en septembre 2021.
Sabrina Sadgui – ©2024 BFM Bourse
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