« Diriger un studio, ce n’est pas seulement faire des jeux vidéo », selon Mylène Lourdel

« Diriger un studio, ce n’est pas seulement faire des jeux vidéo », selon Mylène Lourdel
« Diriger un studio, ce n’est pas seulement faire des jeux vidéo », selon Mylène Lourdel

Alors que le secteur du jeu vidéo semble en perte de vitesse ces derniers mois, Mylène Lourdel, présidente de Racoon Games et vice-présidente de l’association SO Games, organisatrice du forum Horizon(s), craint pour l’avenir des petites structures.

Alors qu’il y a quelques années on parlait encore de l’âge d’or du jeu vidéo, est-ce encore le cas aujourd’hui ?

Il est vrai que l’industrie n’a plus la même dynamique que pendant le Covid-19. Mais nous n’avons pas d’inquiétude majeure, ce n’est pas un effondrement du secteur. D’ailleurs, la France reste moins touchée que d’autres pays. Il y a eu du surinvestissement : des profits records pendant le Covid-19, des prêts à des taux très bas… Forcément, des investisseurs d’ailleurs ont voulu injecter leur argent, avec parfois des attentes très élevées. C’est une sorte de bulle qui se dégonfle.

Quelle est la situation à Bordeaux et plus largement dans le Sud-Ouest, qui est l’une des grandes régions du jeu vidéo ?

Bordeaux, qui a l’avantage d’avoir de grandes entreprises qui s’y sont implantées [dont Ubisoft Bordeaux ou Asobo Games, NDLR]La tendance est nationale. Ici, nous n’avons pas été touchés par de grandes vagues de licenciements. En revanche, des structures plus petites, plus dépendantes du marché et des investissements, pourraient être en difficulté. Pour l’instant, dans le Sud-Ouest, nous n’en avons pas encore entendu parler.

Qu’est-ce qui rend la région attractive pour ces studios ?

Bien sûr, les villes. Principalement Bordeaux, qui attire beaucoup grâce à sa proximité avec Paris. Il ne faut pas oublier les aides régionales qui nous soutiennent. Concrètement, le Sud-Ouest représente 10 % des studios nationaux.

Pour revenir au forum Horizon(s), est-il nécessaire que les professionnels se réunissent une fois par an pour trouver de nouvelles idées ?

La particularité d’Horizon(s) c’est que le forum est centré sur l’idée qu’un studio n’est pas seulement un endroit où l’on fait des jeux vidéo. Il y a bien d’autres choses : la gestion de la transition environnementale, une équipe, les situations de harcèlement, les erreurs financières à éviter, etc.

Parce qu’il y a des différences entre un studio et une entreprise traditionnelle ?

Déjà, les flux financiers ne sont pas les habituels, car la production de jeux vidéo prend beaucoup de temps, on dépense beaucoup avant d’avoir nos premiers revenus. Par contre, il y a évidemment des sujets généraux, quand un avocat va nous parler des obligations légales pour gérer le harcèlement dans les entreprises. Comme partout ailleurs, on reste dans une société, avec des problématiques patriarcales. Ce qui a changé, c’est qu’on écoute beaucoup plus les victimes qu’avant.

Vous êtes également membre de Women in Games France, est-ce vraiment difficile d’être une femme dans le jeu vidéo ?

Bien sûr, c’est toujours plus difficile. On a encore des témoignages de jeunes de 16-17 ans qui entendent : « Les jeux vidéo, ce n’est pas pour toi parce que tu es une fille. » Pour cela, il faut travailler dès le début des études, pour les filles et aussi pour les personnes qui n’ont pas les moyens d’étudier.

 
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