Pour maîtriser la dette, l’OCDE appelle à augmenter la fiscalité sur la fortune

Pour maîtriser la dette, l’OCDE appelle à augmenter la fiscalité sur la fortune
Pour maîtriser la dette, l’OCDE appelle à augmenter la fiscalité sur la fortune

« Des mesures décisives sont nécessaires pour assurer la viabilité de la dette », a déclaré l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans un rapport publié mercredi, soulignant les « défis budgétaires importants » découlant de l’augmentation de la dette, du vieillissement de la population et des politiques de lutte contre le changement climatique. La dette publique mondiale a grimpé en flèche ces dernières années, aggravée par la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine, pour atteindre un record de 97 000 milliards de dollars d’ici 2023, selon un rapport des Nations unies publié en juin, soit presque le double depuis 2010.

« Plus d’efforts. » « Sans intervention soutenue, le fardeau de la dette continuera à augmenter de manière significative et la marge de manœuvre pour répondre aux futurs chocs négatifs sera de plus en plus limitée », poursuit l’organisation basée à Paris, estimant que « des efforts supplémentaires sont nécessaires pour contrôler les dépenses et renforcer les recettes ». Côté recettes, l’OCDE suggère aux États « d’adopter des mesures pour éliminer les dépenses fiscales qui créent des distorsions et d’augmenter les recettes provenant des impôts indirects, des taxes environnementales et des taxes foncières dans de nombreux pays ».

La fiscalité du patrimoine revient régulièrement dans les débats internationaux, dans un contexte de très forte croissance du patrimoine des plus fortunés grâce à l’envolée des cours boursiers ces dernières années.

Taxer les plus riches est notamment envisagé par la candidate à la présidentielle américaine Kamala Harris, ou par le nouveau gouvernement en France, confronté à un dérapage du déficit. Fin juillet, l’OCDE avait salué une « réalisation remarquable » après l’engagement des ministres des Finances du G20 dans une déclaration de coopérer en matière fiscale pour taxer les plus grosses fortunes, sans toutefois parvenir à s’entendre sur un impôt mondial qui était l’objectif initial du Brésil qui préside cette année le forum international, face au refus de plusieurs Etats.

« Améliorer le ciblage. » Outre l’augmentation des recettes, l’OCDE, qui regroupe 38 pays développés, appelle aussi à mettre l’accent sur la maîtrise des dépenses. Elle estime qu’il faut « améliorer le ciblage des prestations et des subventions » et « entreprendre de nouvelles réformes des retraites pour tenir compte de l’allongement de la durée de vie ». L’envolée de la dette et le coût de son financement sont d’autant plus problématiques que les taux d’intérêt restent élevés en raison du resserrement monétaire opéré par les banques centrales pour ralentir l’inflation ces dernières années, même si celle-ci revient progressivement à des niveaux plus soutenables.

Hors volatilité des prix, l’inflation devrait baisser à 5,4% cette année et 3,3% l’an prochain dans les pays du G20, contre 6,1% en 2023, ce qui donnerait aux banques centrales une plus grande marge de manœuvre pour baisser leurs taux, ce qu’elles ont commencé à faire à l’instar de la Réserve fédérale américaine et de la BCE cette année. L’assouplissement de la politique monétaire contribuera à renforcer la croissance mondiale, que l’OCDE prévoit à 3,2% cette année, en hausse de 0,1 point de pourcentage par rapport à sa dernière prévision de mai, et à un niveau similaire l’an prochain.

Japon. Parmi les changements les plus spectaculaires, l’OCDE a nettement relevé ses prévisions pour l’Espagne, qui profite pleinement de la reprise du tourisme, et le Royaume-Uni, dont les taux de croissance sont désormais attendus cette année à respectivement 2,8% et 1,1%, soit des hausses de 1 point et 0,7 point. En pleine guerre en Ukraine, la prévision de croissance de la Russie est remontée à 3,7% cette année (+1,1 point), et celle du Brésil à 2,9% (+1 point), tandis que celle des Etats-Unis est restée inchangée à 2,6%. A l’inverse, le Japon serait le seul grand pays développé à subir une récession cette année (-0,1%), l’OCDE révisant fortement sa prévision. La zone euro voit la prévision de l’OCDE inchangée pour 2024 à 0,7% et revue légèrement à la baisse à 1,3% en 2025, affectée notamment par la croissance allemande attendue cette année à 0,1%, et 1% l’an prochain.

Ali BEKHTAOUI

© Agence France-Presse

 
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