Période Covid mal vécue, volonté de prolonger son avenir… Rabah Slimani (Clermont) se confie

Période Covid mal vécue, volonté de prolonger son avenir… Rabah Slimani (Clermont) se confie
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Par Thomas Corbet
Publié le

23 avril 24 à 6h28

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Largement utilisé par son club Clermont dans une saison à deux faces, difficile en Top 14 mais pleine de réussite en Challenge Cup, le pilier international (57 sélections) Rabah Slimani attend de savoir s’il se dirige vers un fin de carrière à partir de juin ou aux alentours extension.

Agé de 34 ans, Rabah Slimani s’est entretenu avec Actualités Rugby sur ses difficultés après la période Covid ainsi que sa situation actuelle à l’ASM.

Rabah Slimani : départ à la retraite en juin ou prolongation

Nouvelles: Votre extension était en préparation début 2024, a-t-elle été réalisée depuis ?

Rabah Slimani : Non.

Ah… alors vous vous dirigez vers une retraite de joueur en juin ?

RS : Je ne sais pas !

La situation semble assez floue… Vous ne savez pas si vous serez encore joueur l’année prochaine ?

RS : J’avais déjà signé pour un an comme entraîneur pour la saison prochaine. C’est ce qui était prévu, sauf que j’ai repris goût à jouer, j’apprécie. Et enfin, j’aimerais faire une saison de plus. Je ne sais pas. Honnêtement, je ne sais pas. Je fais ma saison, et je verrai. À la fin de la saison dernière, on savait qu’il me restait encore cette année, et qu’en juin 2024 elle serait potentiellement terminée. Mais nous avons parlé du sentiment que je faisais une saison de plus. Et à ce moment-là je me sentais plutôt bien, donc on s’est dit qu’on allait laisser du temps pour la préparation physique pour voir si je me sentais bien. Et ça s’est très bien passé, j’étais content, alors j’ai dit feu.

Un goût retrouvé pour le rugby

Pendant que d’autres finissent mâchés par le rugby professionnel, qu’est-ce qui vous pousse à vouloir prolonger ?

RS : Honnêtement, je ne pensais pas jouer autant. Et surtout, je ne pensais pas être à ce niveau-là. Parce que j’y ai repris goût, parce que les gens me faisaient confiance aussi. Les aléas ont fait que j’ai joué plus, il y a eu des blessures, la suspension de Cristian (Ojovan, ndlr), et plus on joue, plus on prend confiance, plus on y prend goût. Forcément, ça donne envie de continuer. Je me suis fixé un objectif en me disant que j’arrêterais à ce moment-là (donc en juin 2025, ndlr). Le problème c’est que ce n’est pas seulement moi qui décide…

Vous dites avoir repris goût au rugby. L’as-tu perdu ?

RS : Je ne vais pas dire que j’avais perdu ce goût, mais le Covid m’avait fait beaucoup de mal, et pas seulement physiquement. Psychologiquement, j’ai eu des difficultés. C’était après la Coupe du monde 2019, on avait repris le championnat, et à Clermont ça se passait plutôt bien. On a joué notre dernier match, en gagnant à Agen, on est entré dans les 6 avec une bonne dynamique créée. Après, il y a eu le premier confinement. On nous avait dit qu’on reprendrait au bout de trois semaines, j’avais pris du matériel, j’avais fait le nécessaire pour me maintenir en forme. Et quand on nous a annoncé qu’on était reconfinés jusqu’à nouvel ordre, j’ai compris que ça allait être long et j’ai pris un gros coup à l’arrière de la tête.

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Un rebond post-Covid difficile

Pourtant, une pause aurait pu faire du bien à une organisation très chargée… Est-ce sur le plan mental que cela a été plus difficile ?

RS : J’en parlais avec ma femme, et je lui disais presque tous les jours « je crois que je ne sais plus jouer au rugby, je crois que je ne sais plus jouer en mêlée ». C’est peut-être stupide ! Mais quand nous avons repris en juin, j’avais beaucoup de mal. Au corps à corps, je ne savais plus comment enchaîner, en haut, en bas, j’étais perdu. Cela m’a pris un peu de temps, mais j’ai en quelque sorte dû le réapprendre.

Rabah Slimani le confie : il a eu du mal à traverser la période du Covid-19. (©Icon Sport)

Avez-vous un côté hyperactif ?

RS : Je ne dois jamais m’arrêter. Quand on fait une pause d’une semaine ou deux, je sais que je dois faire quelque chose autrement, sans dire que je serai à la rue, j’ai peur de perdre le rythme. Surtout que quand je regarde quelque chose, je prends du poids ! Et cela joue aussi un rôle mental. Pendant le confinement, même si j’ai fait tout le sport que je pouvais, on ne faisait que manger, regarder la télé, manger encore… ton corps change et tu es dégoûté !

Joueur ou entraîneur

Qu’est-ce qui vous a permis de reprendre vos esprits ?

RS : Quand Jono est arrivé au club, il y avait Dato (Davit Zirakashvili, ndlr) avec lui. C’était une période où j’étais plus ou moins bon dans le jeu, mentalement… Et à partir de là, j’ai commencé à m’y remettre un peu. Dato m’avait beaucoup aidé, en me disant que je ne pouvais pas devenir inutile du jour au lendemain, oublier comment tenir une mêlée, etc. Alors on a travaillé, et ça est revenu. Ils m’ont donné confiance, ils m’ont intégré aux leaders, et dans ma tête ça faisait du bien. Ensuite Jono a été remplacé par Christophe (Urios, ndlr), qui m’a tout de suite considéré comme un leader du groupe, et c’est aussi quelque chose qui aide. Le regard des autres n’a pas changé, ils m’ont toujours demandé conseil, mais j’ai toujours l’impression d’être l’un de leurs papas, surtout envers les plus jeunes. Je me dis que j’aimerais continuer à transmettre, et après ils feront leur chemin.

Vous pouvez jouer ce rôle de transmission en tant que joueur ou en tant qu’entraîneur d’ailleurs…

RS : Quoi qu’il arrive, que je continue à jouer ou non, normalement je ferai toujours partie du club. Que ce soit en tant que joueur ou entraîneur de mêlée, j’aurai toujours un peu ce rôle. Si je rejoins le staff, j’aurai ce poste de transmission entre le staff et les joueurs.

Avez-vous toujours eu au fond de vous cette envie de partager vos connaissances et votre expérience ?

RS : Cette fibre n’a pas forcément toujours été en moi, elle est née petit à petit. C’est aussi arrivé au moment où on m’a demandé de revenir en mêlée. Je le faisais déjà un peu, avec l’expérience que j’ai, des jeunes me posaient des questions, et j’y répondais avec plaisir. On y prend goût, je vois leur intérêt aussi, c’est bien ! Et je me souviens aussi quand j’ai débuté, les gars que j’avais autour de moi, je pense à David Attoub qui m’a beaucoup apporté, Sylvain Marconnet, Rodrigo Roncero, étaient tous importants.

Joueur ou entraîneur, Rabah Slimani souligne qu’il sera toujours à Clermont la saison prochaine. (©Icon Sport)

La fin de saison avec Clermont

Clermont aura aussi beaucoup besoin de ses cadres dans une saison aux enjeux très différents en Challenge Cup et en Top 14. Comment abordez-vous les prochaines échéances ?

RS : On s’est donné des objectifs en début de saison, la Challenge Cup était majeure. On aurait très bien pu dire qu’on allait se concentrer sur le Top 14, mais on a vraiment envie d’être présent. Certes, ça se passe un peu moins bien en championnat, mais rien n’est joué. Cette Challenge Cup, c’est aussi une petite bouffée d’oxygène qui nous fait du bien. Surtout en janvier, lorsque nous avons bien joué ensemble, nous avons joué loyalement. Nous avons un peu perdu ce truc en février et mars, et nous l’avons retrouvé en huitièmes de finale et en quarts de finale. Gagner contre les Cheetahs, relever le défi contre l’Ulster, ça redonne un élan positif et de la confiance. Cela veut dire quand même que nous n’avons pas trop perdu de ce que nous savions faire.

Le retour aux affaires quotidiennes du championnat n’a-t-il pas été trop difficile ?

RS : Il fallait vite remonter en Top 14, car certes nous sommes en demi-finale de Challenge Cup, mais nous n’avons rien gagné. Le staff nous a placé en tête du classement du championnat, et nous avons pris une petite tape sur la tête. L’euphorie, c’est bien, mais il reste encore du travail à faire.

Stade Français – Clermont, rencontre séparée

Vous affronterez votre club préféré ce week-end. Est-ce encore spécial ?

RS : Jouer au Stade Français sera toujours spécial. Cela reste le club où j’ai grandi, où j’ai passé une bonne partie de ma carrière, avec lequel j’ai été champion de France. C’est séparé. Après, depuis mon départ, il y a eu beaucoup de changements, la direction, les entraîneurs. Cela signifiera toujours quelque chose pour moi, j’ai vécu des choses exceptionnelles avec ce club, mais cela a beaucoup changé.

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