une nouvelle étude controversée soutient l’hypothèse d’une contamination des animaux sauvages

une nouvelle étude controversée soutient l’hypothèse d’une contamination des animaux sauvages
une nouvelle étude controversée soutient l’hypothèse d’une contamination des animaux sauvages

Dans une étude à paraître ce vendredi dans la revue scientifique CelluleUne équipe internationale de chercheurs dirigée par un scientifique du CNRS (Centre national de la recherche scientifique) affirme avoir identifié l’espèce animale qui serait la plus susceptible d’être à l’origine de la pandémie, étayant l’hypothèse selon laquelle cette dernière aurait été déclenchée par l’introduction d’animaux infectés sur le marché de Wuhan (Chine) fin 2019.

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« Grâce au séquençage génétique d’échantillons prélevés sur les étals du marché après sa fermeture le 1er janvier 2020, les scientifiques ont mis en évidence la coprésence du matériel génétique du virus SARS-CoV-2 et de celui de certains animaux sauvages dans ce lieu. Parmi les espèces identifiées figurent des chiens viverrins (un canidé qui ressemble à un raton laveur, NDLR) et des civettes, deux espèces déjà impliquées dans l’émergence du SRAS en 2002 et considérées comme facilitant le passage du virus à l’homme. »indique le CNRS dans un communiqué.

En parallèle, les scientifiques ont étudié les génomes viraux des premiers patients atteints du Covid-19 afin de retracer l’évolution possible du virus. Le CNRS affirme que ce faisant, les scientifiques ont pu démontrer que la diversité génétique du virus présent sur le marché était représentative de la diversité génétique des premiers cas humains de la pandémie.

« Ce résultat, cohérent avec une origine commerciale, s’ajoute à d’autres déjà existants comme la localisation des premiers cas à proximité du marché de Wuhan. Ainsi, cette nouvelle information étaye l’hypothèse selon laquelle la pandémie a été déclenchée par l’introduction d’animaux infectés sur le marché fin 2019 », conclut l’institution scientifique.

Critiqué par plusieurs scientifiques

Mais même avant sa publication en Cellulel’étude en question faisait déjà l’objet de critiques au sein de la communauté scientifique, notamment pour des raisons méthodologiques.

« Les auteurs réanalysent les données fournies par la Chine en 2023, sur des collectes réalisées sur le marché de Wuhan deux ans plus tôt, début 2020. Ces données ne peuvent pas apporter grand-chose car aucun échantillon n’a été prélevé sur les chiens viverrins et les civettes en vente sur le marché. Pour confirmer l’hypothèse du marché, il faudrait d’autres éléments : des signes d’infection chez les animaux du marché susceptibles d’avoir apporté le virus et chez les vendeurs ou les personnes ayant manipulé ces animaux ou en amont chez les fournisseurs, ou sur d’autres marchés. Or, il n’existe actuellement aucune donnée permettant d’étayer cette hypothèse. »souligne Virginie Courtier, directrice de recherche au CNRS.

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« Les seuls échantillons positifs provenaient de commerçants non impliqués dans le commerce d’animaux sauvages et de clients. Cela montre que le virus circulait sur le marché, ce que personne ne conteste, mais pas que le virus est apparu sur le marché. »“Mais ce n’est pas la seule faiblesse de l’étude relevée par le scientifique”, ajoute Renaud Piarroux, biologiste spécialiste des maladies infectieuses et tropicales.

« L’article présente comme des faits établis et non controversés les conclusions d’une étude qui soutient que le marché de Wuhan a été le lieu de multiples passages du virus de l’animal à l’humain et que ces transmissions ont eu lieu vers la fin du mois de novembre. Il faut rappeler, puisque les auteurs omettent de le préciser, que ces affirmations restent sujettes à débat scientifique, de nombreuses études concluant à un début de la pandémie plus tôt, tandis que plusieurs études publiées plaident en faveur d’une origine unique de la pandémie (un seul franchissement de la barrière des espèces). »il dit.

Des données identiques, des conclusions opposées

De plus, le biologiste explique que deux autres études sur les mêmes résultats d’analyse d’ADN et d’ARN, dont une publiée dans Naturearriver à la conclusion opposée.

« Deux autres études ont déjà été publiées avec les mêmes résultats d’analyses d’ADN et d’ARN, dont une publiée dans Nature, et elles n’arrivent pas aux mêmes conclusions. Au contraire, dans leur étude, Liu et al avaient insisté sur le fait que les échantillons prélevés ciblaient beaucoup plus les étals de vendeurs d’animaux sauvages que les autres, entraînant un biais d’échantillonnage (plus on échantillonne un type d’étal particulier, plus on a de chances de trouver des échantillons positifs). Pour ces auteurs, cela expliquerait la présence d’un plus grand nombre d’échantillons positifs dans la partie ouest du marché. Lorsque l’on prend en compte le nombre d’échantillons collectés, la corrélation avec les étals de vendeurs d’animaux sauvages disparaît », il précise.

Etienne Decroly, virologue et directeur de recherche au CNRS, est également prudent.L’apport principal de cette étude est d’attester de la présence de certains animaux sur le marché de Wuhan. C’est une confirmation formelle de cette observation. Mais cela ne prouve pas que ces animaux étaient des sécréteurs du virus. Les espèces animales présentes sur le marché chez lesquelles on retrouve le plus de Sars-CoV-2 ne sont pas forcément infectables par le virus. Autrement dit, elles ont permis d’identifier un suspect sur les lieux du crime, mais on n’est pas sûr qu’il était en possession de l’arme du crime.

Hypothèse de laboratoire

De son côté, André Goffinet, docteur en médecine et professeur émérite à l’UCLouvain, va jusqu’à qualifier la publication d’escroquerie.« Cette étude n’est tout simplement pas crédible, elle ne devrait pas être publiée dans une revue scientifique. Pratiquement plus personne parmi les scientifiques ne croit à l’hypothèse selon laquelle les animaux sauvages seraient responsables de la pandémie. »dit notre interlocuteur.En revanche, bien que le gouvernement chinois n’ait accepté aucune enquête, on sait parfaitement que l’Institut de virologie de Wuhan mène depuis plus de 10 ans des expériences systématiques pour adapter des virus de chauve-souris à des cellules humaines et animales diverses, ainsi qu’à des furets, des souris transgéniques et des hamsters. Le mécanisme d’émergence du virus qui est de loin le plus probable est donc que l’hôte intermédiaire n’était pas un animal de ferme mais plutôt les passages et l’adaptation à l’homme en laboratoire. Le Covid est alors une zoonose non naturelle, comme le confirme l’observation que le SARS2 était parfaitement adapté à l’homme dès son émergence à Wuhan fin 2019″il juge.

 
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