Pandémie virale et scientifiques nazis au cœur de Cherbourg 44, le nouveau roman de Frédéric Leterreux

Pandémie virale et scientifiques nazis au cœur de Cherbourg 44, le nouveau roman de Frédéric Leterreux
Descriptive text here

Par Frédéric Bourgeois
Publié le

20 avril 24 à 12h20

Voir mon actualité
Suivre La Renaissance le Bessin

Avec Cherbourg 44 (Editions Orep), le journaliste et écrivain Frédéric Leterreux signe le quatrième roman de sa série mettant en scène l’agent Greg Mieltype de Normand James Bondqui cette fois doit empêcher une souche virale conçue par les nazis de détruire l’effort de guerre allié, un an avant la Atterrissage. Entretien.

Frédéric, vous venez de publier aux Éditions Orep le quatrième opus de votre saga mettant en scène le plus normand des espions britanniques, Greg Honey. Cette fois, il doit empêcher un virus cultivé par des scientifiques nazis de mettre les Alliés en déroute. « Cherbourg 44, virus en rade », est un rappel imparable de la pandémie de Covid-19…

L’idée est née d’une discussion avec un confrère journaliste en 2020, au début de la pandémie de coronavirus. J’avais mis cela au fond de mon esprit. Il m’a fallu presque 5 ans pour sortir ce roman car j’ai mené différents projets d’écriture ailleurs. J’ai choisi Cherbourg comme décor de ce nouveau roman car j’aime décrire des lieux que je connais. J’ai étudié à l’arsenal de Cherbourg avant de passer trois ans à l’école de tir à la marine de Lorient. J’étais commis à l’alimentation et je livrais du pain à bord des sous-marins. C’est un univers qui ne m’est pas étranger ! Je me rends régulièrement à Cherbourg en voilier depuis Ouistreham. Lorsqu’il faut passer le Raz Blanchard, ou le Raz de Barfleur, Cherbourg est le passage obligatoire. Où l’on s’arrête en attendant le renversement. Je me suis donc souvent promené dans le centre-ville de Cherbourg ces dernières années.

Dans le précédent opus de la série, intitulé “Le Havre 44”, Greg Honey ne doit pas livrer du pain dans un sous-marin, mais le couler ! A son bord, des dignitaires nazis voulant fuir l’Europe pour l’Amérique du Sud. Honey doit en chemin récupérer l’inventeur du moteur à réaction pour le livrer aux Américains qui ont besoin de cette technologie pour leur programme spatial. Dans Cherbourg 44, vous détruisez l’image des gros bonnets nazis à travers le personnage d’Elmut Duisdorf, un scientifique qui aime se faire (sévèrement) tabasser dans une maison close de Cherbourg !

Etant originaire de Honfleur, c’était encore plus simple de décrire Le Havre qui est juste en face et que j’adore ! Je pense aussi à un Bayeux 44… Mais pour revenir à ce livre, Cherbourg 44, ça brise l’image du glorieux Teutonique à travers ce médecin qui aime se laisser dominer et qui fréquente très régulièrement le Joli Toutou en le réclamant à chaque fois. les services du même professionnel d’amour à prix. Je voulais montrer qu’on peut être un grand scientifique et un total escroc, comme on l’a vu sur les plateaux télé pendant le Covid !

J’opère sur le flash, sur la fraîcheur de l’émotion. Il suffit d’un clic, d’une étincelle pour que l’inspiration éclate.

Frédéric Leterreux

Il n’y a pas que l’occupant qui en prend pour son grade, surtout quand on décrit la propriétaire du bordel qui ne se soucie pas beaucoup de l’origine de l’argent, contrairement à son mari qui est un combattant de l’ombre, membre de la Résistance… Comme le héros de votre série, Greg Honey, inspirée de l’histoire bien réelle du plus normand des espions britanniques. Comment est né ce personnage ?

En faisant des recherches dans les archives du Calvados dans le cadre de la préparation du numéro spécial « Un siècle d’actualité dans le Calvados » pour les journaux du groupe Publihebdos de notre département, je suis tombé par hasard sur une affaire incroyable. J’ai été attiré par un titre très accrocheur sur un automobiliste qui aurait ouvert le feu sur un policier caennais au début de l’Occupation à Caen. C’est en effet l’affaire Hopper qui fera par la suite la Une des journaux. J’ai évidemment raconté cette histoire dans Un siècle de faits divers dans le Calvados.

En tant que spécialiste du Débarquement et de la Bataille de Normandie, le choix de l’époque dans laquelle se situe l’intrigue de ce qui fut votre premier roman, « Si on vous le demande… la folle évasion d’un espion anglais en 1940 » (Orep, 2013), n’est pas un hasard…

J’aime étudier les attitudes des gens à une époque où les Français faisaient preuve de comportements héroïques en se mettant dans le camp du refus. Comme Greg Honey, le héros de mon livre. John Hopper (1912-1991), est né en Angleterre et a vécu en France dès l’âge de 12 ans, à Caen. Il appartenait probablement aux services de renseignement. À l’automne 1940, il rassemble des hommes prêts à lutter contre l’occupant. John Hopper est alors recherché partout pour ses actes de résistance. Même si Hopper a dû fuir, j’ai inventé celui de Greg Honey.

« Écrire un roman me permet de lâcher prise »

Cette saga dédiée à Greg Honey démontre votre capacité à imaginer des fictions époustouflantes, du sabotage des rampes V1 lors du Débarquement dans “L’Espion du Jour J”, à la création d’un virus capable de faire tomber l’effort de guerre allié. dans « Cherbourg 44 ». Mais la main qui guide la plume de votre romancier est aussi celle d’un journaliste qui a consacré plus de 30 ans à couvrir l’actualité locale du Calvados. Vous connaissez la vérité. Et c’est bien la vérité historique qui a donné naissance au personnage de Greg Honey.

Être journaliste, c’est traiter l’information en respectant la vérité au millimètre près. Écrire un roman me permet de lâcher prise. C’est la lecture qui m’a donné envie d’écrire. Un écrivain comme Romain Gary, militaire et aviateur de la France Libre, juif, est un auteur qui m’inspire au quotidien. Il a surmonté tous les obstacles. Il a tellement reçu de la critique littéraire qu’il a fini par changer de nom dans les années 1970 et a reçu deux fois le Goncourt. Pas sûr qu’un gars en soit capable aujourd’hui. Mais pour ma part, je lâche de plus en plus !

Vous venez de signer un numéro spécial pour La Renaissance le Bessin et - qui compile 44 portraits de combattants, de Résistants, de civils, qui ont en commun un destin hors du commun et vous vous apprêtez à sortir plusieurs ouvrages, notamment un livre consacré à la dix tués par le commando Kieffer le 6 juin 1944, avec Stéphane Simonnet, et le tome 3 des Histoires secrètes et curieuses du Débarquement, avec Frédéric Veille. Le 15 décembre 2023, votre sang a bouilli en découvrant sur une plateforme de vente en ligne une biographie truffée d’erreurs consacrée à Léon Gautier, le dernier survivant français du Débarquement, décédé le 3 juillet 2023. En tant que biographe officiel du dernier d’entre eux les 177 bérets verts du commando Kieffer, quelle a été votre réaction face à cet ouvrage (qui a été retiré du site) probablement écrit grâce à l’intelligence artificielle ?

J’ai du mal avec ceux qui veulent gagner de l’argent sur la mémoire de ceux qui sont venus nous libérer et qui, pour beaucoup, ont eu le ventre ouvert en arrivant sur les plages. Je pense à Raymond Duménoir, l’un des seconds maîtres du commando Kieffer, décédé dans les premières secondes du Débarquement et dont l’historien Stéphane Simonnet et moi allons raconter l’histoire dans un livre intitulé « Pas de billet retour pour Ouistreham ». qui rend hommage aux 10 tués du Commando Kieffer, le 6 juin 1944.

Vidéos : actuellement sur Actu

Je me souviens d’une phrase d’Eddy Florentin, ancien déporté et résistant, et d’une référence dans des livres sur la bataille de Normandie. Voyant ma passion pour le sujet, il m’a dit : « Tu verras Frédéric, un jour, tu écriras des livres… » Je le dis souvent, je ne suis pas historien. Je n’ai pas étudié pour ça. D’un autre côté, je suis un conteur d’histoires. Et je crois que j’apporte ma modeste contribution au devoir de mémoire.

Frédéric Leterreux

Alors oui, je sors des livres. Il ne s’agit pas de gagner de l’argent, mais de transmettre la mémoire de ces acteurs et témoins du Débarquement, chaque année moins nombreux. Ce genre de livre demande un vrai travail. Pour écrire « Billet sans retour pour Ouistreham », Stéphane Simonnet et moi nous sommes rendus aux archives du ministère de la Défense, au château de Vincennes, sur accréditation. Là, certains dossiers étaient vides : un dossier portant la mention « Mort pour la France » contenu dans un dossier. D’autres fichiers contenaient des choses intéressantes. Nous avons été reçus par l’amiral qui commande la branche marine des forces spéciales qui nous a ouvert les archives de l’école des tirailleurs et commandos de marine de Lorient où nous avons trouvé des choses très, très intéressantes. D’autres éléments ont été collectés directement auprès des familles.

Cherbourg 44, virus sur la rade, 212 pages, 10,90 €, Éditions Orep.

Suivez toute l’actualité de vos villes et médias préférés en vous abonnant à Mon Actu.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

NEXT Vaccin anti-Covid-19 – Victime de blessures à répétition, un joueur de Laval en « errance médicale » assigne Pfizer en justice