Le géant allemand a confirmé jeudi avoir pris une participation de 41% dans la société italienne pour 325 millions d’euros tandis que Rome mettait 250 millions dans la cagnotte.
ITA Airways, la compagnie aérienne nationale italienne née des cendres d’Alitalia, est désormais prête à atteindre sa vitesse de croisière. Le géant allemand Lufthansa a confirmé jeudi avoir pris une participation de 41% dans l’entreprise pour 325 millions d’euros tandis que l’Etat italien mettait 250 millions au pot.
Au bord de la faillite, Alitalia avait été placée sous la tutelle de l’administration publique en 2017 et sa situation s’était encore dégradée sous l’effet de la crise du Covid-19. Cela a été suivi d’un processus de recherche de partenaires privés pour prendre une participation.
Rome et Lufthansa avaient ouvert fin janvier des négociations exclusives sur l’acquisition par le groupe allemand d’une participation minoritaire dans ITA.
Marché stratégique pour Lufthansa
Air France-KLM avait été un temps pressentie pour cette opération. Par ailleurs, le géant italo-suisse du transport maritime MSC, qui avait déposé une offre conjointe avec Lufthansa en janvier 2022, jeté l’éponge en novembre, laissant l’entreprise allemande seule en piste.
Une fois la transaction finalisée, ITA et Lufthansa pourront coopérer sur le plan opérationnel et commercial. ITA “coopérera étroitement avec le groupe Lufthansa pour bénéficier des synergies du groupe telles que l’accès au réseau de partenaires, la gestion centrale des revenus et l’utilisation des canaux de vente et de marketing mondiaux du groupe Lufthansa”, peut-on lire dans un communiqué.
L’entreprise allemande se réjouit d’être désormais mieux positionnée en Italie, qui « représente le marché le plus important en dehors des pays d’origine du Groupe et des États-Unis. L’Italie est la troisième plus grande économie de l’UE, avec une économie fortement tournée vers l’exportation. C’est l’une des nombreuses raisons pour lesquelles les voyages d’affaires vers et depuis l’Italie sont importants. Pour les voyageurs privés, le pays méditerranéen est l’une des destinations de loisirs les plus populaires. activités dans le monde ».
Une flotte récente mais réduite de moitié par rapport à Alitalia
Lufthansa parle d’un accord “gagnant-gagnant” “car un ITA plus fort va booster la concurrence sur le marché italien” renchérit Carsten Spohr, directeur général de Deutsche Lufthansa AG.
« Cet investissement nous permettra de poursuivre notre croissance dans l’un de nos marchés les plus importants », ajoute-t-il.
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Cependant, ITA a subi une perte nette de 486 millions d’euros en 2022, en raison des effets persistants de la pandémie de Covid-19 et de la hausse des prix du kérosène. Ces résultats sont “en ligne avec la phase de démarrage de l’entreprise dans un environnement de marché encore faible durant les premiers mois” de l’année 2022 “du fait de la persistance de la pandémie”, commente le groupe.
Pour 2023, la société s’attend à “une croissance significative continue du volume des revenus” grâce à l’expansion de son réseau et de sa flotte, ce qui devrait se traduire par une “amélioration significative” du résultat d’exploitation.
La jeune compagnie dessert initialement 64 destinations, dont dix intercontinentales, mais cherche à renforcer sa position sur le long-courrier. ITA Airways a également pris livraison de son premier Airbus A330neo “pour desservir ses routes long-courriers et de nouvelles destinations intercontinentales”.
ITA exploite une flotte d’avions récents, dont 68 Airbus, mais réduite de moitié par rapport à Alitalia. 23 nouveaux avions devraient être ajoutés d’ici fin 2027, selon son plan industriel élaboré conjointement avec Lufthansa.
La justice européenne annule le plan d’aide aux compagnies aériennes italiennes
Le Tribunal de l’Union européenne considère que la Commission européenne n’a pas suffisamment motivé sa décision d’autoriser l’Italie à subventionner les compagnies aériennes pendant la pandémie de Covid-19.
Rome avait alors accordé 130 millions d’euros à trois petites compagnies aériennes du pays : Neos, Blue Panorama et Air Dolomiti.
Quelques jours plus tôt, le même tribunal avait annulé l’approbation par la Commission d’un plan d’aide de 6 milliards d’euros de l’Allemagne à Lufthansa.
Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business