D’origine russe, Tatiana Ivchenkova, peintre et illustratrice, vit et travaille à Paris depuis 2010. Elle s’est formée à la pratique artistique dans sa ville natale, Rostov-sur-le-Don, avant de poursuivre en France. Docteur en histoire de l’art, elle a soutenu une thèse intitulée “le visage impossible”, dans lequel elle pointe l’effacement du visage humain dans la peinture occidentale moderne et contemporaine, en lien avec l’empreinte du totalitarisme et de la terreur. Artiste touche-à-tout, elle maîtrise de nombreuses techniques : peinture à l’huile, aquarelle, pastel gras ou sec, crayons de couleur…
Les œuvres publiées dans le numéro 278 sont des portraits, l’un de ses sujets de prédilection. Ce sont pour la plupart des anonymes, rencontrés dans ses pérégrinations, ou des sujets de photographies. « Le visage m’intéresse depuis l’enfance. C’est pour moi la partie la plus importante d’une personne, celle qui porte presque toutes les informations sur son état d’esprit et sa personnalité. Quand une pose, une expression du visage ou des yeux, une grimace, un nez, une coiffure m’attirent, je me mets à dessiner. Le résultat est souvent inattendu, même pour moi, et n’a parfois presque rien à voir avec le modèle. explique Tatiana Ivchenkova. Plus le spectateur regarde, plus le sujet se révèle, à la fois identique et changeant. « Le visage bouge, change tout le temps. Les expressions changent. Le visage montre tout et rien à la fois, il reste une énigme. On dit qu’on ne se connaît pas, comment connaître les autres ? Est-ce moi, ce visage que je vois dans le miroir ? Ou un étranger ? Je laisse au spectateur le soin de dessiner les détails manquants. Et chaque fois qu’il les regardera, ils ne seront plus les mêmes. »
Une galerie de portraits, comme autant de rencontres, déconcertantes, amusantes, fortes…
