“Je me suis rouillé”, le retour discret d’un médecin non vacciné suspendu 600 jours – .

“Je me suis rouillé”, le retour discret d’un médecin non vacciné suspendu 600 jours – .
“Je me suis rouillé”, le retour discret d’un médecin non vacciné suspendu 600 jours – .
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A 8 heures du matin le lundi, la Nissan noire prend la route D 649 en direction de Maubeuge. Au volant, Grégory Pamart se sent étonnamment serein. La nuit a été bonne. “Je pensais que je serais stressé, mais je suis en paix…”, nous raconte, au téléphone, le médecin généraliste de Jenlain, dans les Hauts-de-France.

En chemin, il laisse derrière lui les combats autour du vaccin contre le Covid, son refus de l’injection, sa longue suspension. C’est le jour de la réconciliation, l’heure du cessez-le-feu. Ce médecin de 34 ans, qui n’avait pas soigné un rhume depuis un an et demi, s’apprête à réapparaître dans le monde des soignants. Cette fois, à l’hôpital, d’où il ne garde que de vagues souvenirs de son internat. Le temps d’ouvrir un nouveau cabinet, il nous a offert un coup de main bienvenu aux urgences, où nous cherchons toujours des armes. Une clinique a également attiré son attention. Rejeté dans le passé, convoité aujourd’hui. « En un SMS et trois mails, j’ai eu deux offres d’emploi… », sourit-il fièrement.

Ne fais pas de vagues

Depuis un décret, il y a dix jours, les bannis sont autorisés à reprendre du service. Le gouvernement, sur avis de la Haute Autorité de santé, a levé l’obligation de vaccination, au vu d’un contexte épidémique favorable. Ce retour, le Dr Pamart l’espère discret, sans flou, il préfère donc qu’on le retrouve en fin de journée, à l’entrée du CHU.

Ailleurs, les hôpitaux ne voulaient pas qu’on voie le retour des suspendus. “Ce serait pour les mettre en valeur, et ça nous dérange… En plus, ils sont très peu nombreux”, nous dit-on. Sur les 0,3 % de personnels hospitaliers et 1 868 professionnels de santé libéraux, sommés de rendre leur blouse en septembre 2021, une poignée est revenue : « 200 » sur 100 000 en Île-de-France, nous indique l’AP-HP, « 13 » sur de 18 000 professionnels à Marseille (AP-HM). La décision de les réintégrer est peut-être prise, mais elle est jugée « irrespectueuse pour les patients fragiles », selon plusieurs médecins, à contre-courant du « revirement » du gouvernement.

18h30 Sandales en cuir, stéthoscope en poche, le médecin aux lunettes rondes apparaît, détendu, sur le parking de l’hôpital. ” Tout s’est bien passé. J’ai foiré! C’est un peu comme le vélo, ça ne s’oublie pas ! répond-il, encore vague et soupçonneux. A force d’insister, il dit avoir plâtré une fracture aux urgences, rassuré un homme qui s’était coupé, s’être fait engueuler par un autre, agacé de traîner trois heures. Et répondu, sans trop en dire, aux questions des collègues : « Alors, qu’est-ce qui vous a amené aux urgences ? Un médecin de ville à l’hôpital ? “Oui, ceux qui le souhaitent peuvent effectuer des consultations de médecine générale chez nous”, confirme le CHU de Maubeuge.

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“Ils ne m’ont pas encore viré, c’est déjà ça”

“Médecin? Mais ce n’est pas vrai, qu’est-ce que tu fais là, tu travailles ici ? », lance, soudain, une femme d’une cinquantaine d’années. Un ancien patient vient de reconnaître Grégory Pamart sur le parking. “Et oui, pour le moment, ils ne m’ont pas encore viré, c’est déjà ça”, plaisante-t-il. « Ne restez pas trop longtemps quand même, nous avons besoin de vous… Comment vont vos enfants ? Vous attendez le cinquième ? »

Sur le chemin du retour, à Jenlain, banlieue bourgeoise de Valenciennes, la voiture passe devant son charmant ancien bureau, une maison de briques rouges. Il a tiré le rideau le 14 septembre 2021, refusant ce vaccin “inutile” contre l’épidémie, malgré des dizaines d’études attestant le contraire. Se rendait-il compte qu’il laisserait ses patients sans médecin ? ” Oui ! C’est un choix mûrement réfléchi. Mais ce n’est pas moi qui ai décidé d’arrêter, c’est l’état ! »

Pendant ses 600 jours à l’arrêt, il en a profité pour vivre “au ralenti”, pour se présenter, sans étiquettes, aux élections législatives. Et… soigner un malade du Covid, malgré sa suspension ! « L’ordre m’a convoqué. C’est incompréhensible. Je n’ai pris en charge qu’un patient qui avait besoin de moi en urgence”, justifie Grégory Pamart. Contactée, l’autorité ne nous a pas répondu.

Dans son futur cabinet, le médecin controversé entend pratiquer une médecine “plus naturelle, non conventionnelle et sûrement dans le chapeau”. « Les gens donneront ce qu’ils veulent. Ce sera à votre bon cœur! »

Dans un café de Jenlain, Marguerite, 65 ans, reconnaît aussi le docteur Pamart ! « Tout le monde le regrette… », souffle-t-elle à part. La dame, en gilet rouge, doit maintenant demander à son voisin de l’emmener au bureau le plus proche à 4 km. « Il aurait quand même pu avoir un vaccin ou deux, hein ? Maintenant, nous sommes très ennuyés… »

 
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