
Le 1er février 2023 a marqué la fin du service « Contact Covid » de l’assurance maladie, signifiant l’arrêt de l’activité des brigades dédiées à la recherche des contacts, mais aussi du dispositif dérogatoire de prise en charge des arrêts maladie liés au Covid. ou l’isolement des cas positifs. Une évolution suivie, le 1er mars, par l’arrêt – sauf exceptions pour certaines populations susceptibles de développer une forme grave – de la prise en charge à 100 % par la Sécurité sociale des tests. L’occasion de revenir avec Antoine Bourdon, directeur de la caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) de l’Aude, et Marianne Falandry, à la tête de la brigade de l’Aude de mai 2020 à janvier 2023, sur les impacts qu’aura eu l’épidémie en conditions d’activité et de fonctionnement de la Sécurité Sociale.
Pouvez-vous rappeler comment et dans quelles conditions les « brigades » dédiées au principe « tester, tracer, confiner » se sont constituées et ont évolué ?
Antoine Bourdon : L’enjeu, je le rappelle, était de traiter au plus vite les signalements de cas afin de les mettre rapidement à l’isolement. Il faut comprendre que lorsque ce système de brigades de « contact tracing » démarre, nous n’avons aucune idée de sa durée. Nous avons enchaîné différents cycles de stratégie, avec une grande partie de notre activité liée à l’Éducation nationale, mais aussi en partenariat avec la préfecture, l’agence régionale de santé, les entreprises, le médecin du travail. A la fin du printemps 2022, la CNAM a décidé de concentrer l’activité sur 10 caisses, dont la CPAM de l’Aude, qui a pris en charge les départements d’Occitanie, et celle du Val d’Oise : les autres brigades ont été désarmées, nous avons donc accueilli de nouveaux CDD, notamment de Haute-Garonne, pour passer de 20 à 40 personnes. Enfin, en septembre 2022, nous sommes revenus au format équipe de l’Aude, pour aller jusqu’à fin janvier 2023.
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Marianne Falandry : Les premiers protocoles nous ont été transmis par la caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) le 11 mai 2020. A l’issue de la 1euh En confinement, les CDI internes à la CPAM, qui ne pouvaient plus assurer leurs missions en raison des restrictions de contact imposées et qui étaient en quelque sorte au chômage technique, ont donc été réquisitionnés. Une vingtaine de personnes, conseillers du service informatique (CIS), délégués de l’assurance maladie, agents du Prado, service dédié au retour à domicile post-hospitalisation, ont rejoint la plateforme téléphonique destinée à contacter les assurés et à gérer la liste des cas positifs qui était fournie avec le SI -DEP (système d’information sur le dépistage). Nous avons ensuite procédé à un recrutement externe, pour une équipe mobilisée 7 jours sur 7 : compte tenu des volumes de positifs et de cas contacts, il était impossible de reporter à lundi le traitement des dossiers qui nous sont parvenus le week-end.
---Quels ont été les principaux écueils à surmonter pendant plus de deux ans et demi de mobilisation ?
Marianne Falandry : Nous sommes passés d’une organisation artisanale à une gestion de plus en plus raffinée. Nous avons recruté des personnes ayant des profils de téléconsultant, mais qui devaient aussi être empathiques, répondre au besoin de rassurer, et enfin capables de s’adapter à ces procédures qui évoluaient très vite. Ce dont je me souviens, c’est que chacun est arrivé avec en tête la mission de service public qui était la nôtre, aider les assurés. Et je crois que chacun est fier d’avoir participé à cette expérience professionnelle hors du commun, répondant au mieux aux besoins de la population.
Antoine Bourdon : Cette question d’empathie est importante, il faut se replacer dans le contexte anxiogène de l’époque. À l’automne 2022, une automatisation, avec l’envoi de SMS pour les cas positifs et les cas contacts, a été mise en place : mais il y avait encore un soutien technique pour aider les assurés et les employeurs. Le fonctionnement de cette brigade était basé sur le télétravail. D’abord parce que, physiquement, nos locaux ne permettaient pas l’installation d’une grande plateforme réunissant tous les agents. Mais aussi parce que la période nous a imposé et appris à travailler différemment : sur l’ensemble de la CPAM, nous sommes passés d’un taux de 20 à 30 % de télétravail, à titre plutôt expérimental, à 60 à 70 %. Pour ceux qui ont franchi ce cap, l’impact est positif, mais il a fallu un accompagnement : financier, encadré par le droit du travail, pour l’équipement d’adaptation des logements, mais aussi d’un point de vue social. Ces brigades auront aussi été un véritable challenge managérial, pour répondre aux besoins de formation et d’adaptation : entre mai 2020 et cet arrêt du service « Contact Covid » en janvier 2023, 26 modes de fonctionnement se sont succédés, avec des mises à jour constantes des procédures à suivre. appliqué en fonction du statut de vacciné ou non, de la durée de l’isolement…
Que sont devenus les membres de la brigade ?
“Au total, entre les CDD et les intérimaires, avec le recours aux étudiants, notamment le week-end, 125 contrats auront été signés sur toute la période pour maintenir en permanence une équipe d’une vingtaine d’agents”, a déclaré Marianne Falandry, responsable de la brigade de traçage Covid à la CPAM de l’Aude. Cette activité maintenant terminée, que sont devenus ses membres ? Impossible d’espérer une titularisation systématique, « dans un contexte mondial de baisse des dépenses publiques »a précisé le directeur de la CPAM Antoine Bourdon : « Mais la CNAM nous a accordé le droit de recruter pour cinq CDI. Un autre suivi donné à huit CDD, affectés à un “nouveau travail” CPAM pendant six mois. Des évolutions que Marianne Falandry situe dans un contexte plus global : “Certains sont restés 18 mois chez nous, on leur a donné un peu d’espoir et d’expérience dont ils peuvent profiter sur le chemin de l’emploi.”