17 mars 2023
jee monde francophone célèbre chaque année, le 20 mars, la Journée internationale de la Francophonie, qui est aussi la Journée de la langue française à l’ONU. Cette date fait écho à la naissance de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), qui a vu le jour en Afrique, à Niamey (Niger), le 20 mars 1970. La philosophie des quatre pères fondateurs (Président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor et ses homologues tunisiens, Habib Bourguiba et nigérian, Hamani Diori, ainsi que le prince Norodom Sihanouk du Cambodge) se reflète parfaitement dans une phrase du poète Sédar Senghor : « dans les décombres du colonialisme, nous avons trouvé cet outil merveilleux, la langue française » consistant à mettre le français au service de la solidarité, du développement et du rapprochement.
Aux domaines originels de la coopération francophone, la langue, la culture et l’éducation françaises, se sont ajoutés, au fil des Sommets des chefs d’État et de gouvernement, l’instance suprême de la francophonie institutionnelle qui réunit tous les deux ans, les instances politiques (paix, démocratie, droits de l’homme), développement durable, économie, numérique, soit quatre missions définissant le but de la Francophonie.
Dans ses interventions, l’OIF privilégie trois thématiques prioritaires transversales : l’enseignement/apprentissage du français, l’égalité femmes-hommes, les actions en faveur des jeunes.
Parce que la francophonie est jeune ! Elle compte 765 millions de jeunes en son sein, un potentiel incroyable. 70% de la population de certains pays est composée de jeunes.
Fondée sur les valeurs et la vision des pères fondateurs, que nous venons d’énoncer, la mission de la Francophonie revêt une actualité toujours renouvelée, au service des populations, avec agilité, solidarité et efficacité, notamment dans le contexte des défis mondiaux que nous traversons et de la remise en cause du multilatéralisme.
La Francophonie rassemble 88 États et gouvernements du Nord et du Sud, unis par une langue et des valeurs communes, c’est un creuset de diversité culturelle. Ses membres sont profondément attachés au multilatéralisme.
Nommée en 2021 comme Représentante de l’OIF auprès des Nations Unies, j’ai le privilège de porter aux Nations Unies l’action politique et diplomatique menée par Madame la Secrétaire Générale de la Francophonie Louise Mushikiwabo, en étroite coordination avec les Missions des pays membres de l’OIF réunie au sein du Groupe des ambassadeurs francophones. Pleinement engagée dans la promotion et la défense du statut du français, langue officielle des Nations Unies et langue de travail du Secrétariat, la Représentation de l’OIF a une ambition plus large, la défense du multilinguisme au sein des Nations Unies.
Dans les forums des Nations Unies, la tendance au monolinguisme, qui se développe depuis plusieurs décennies au profit de l’anglais, s’est accélérée pendant la pandémie de COVID-19. Le recul du français dans les activités et le fonctionnement du système onusien est, il est regrettable, une réalité. Paradoxalement, les organes de l’ONU n’ont jamais autant délibéré sur la question du multilinguisme. Un grand nombre de résolutions, de décisions et de cadres stratégiques visant à promouvoir le multilinguisme ont été adoptés sans toutefois endiguer le déclin du français et des autres langues officielles.
Photo prise lors de la 47e session de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF), Kigali, Rwanda, le 8 juillet 2022. L’APF est un acteur de la Charte de la Francophonie qui réunit les parlements et les organisations interparlementaires de l’espace francophone en afin de mettre en œuvre la diplomatie parlementaire au service des valeurs de la Francophonie. OIF
Cette dynamique négative ne doit pas saper notre espoir que la place du français et de la diversité linguistique s’améliore dans les programmes et processus des Nations Unies, en particulier dans l’ère post-COVID-19.
Premièrement, le multilinguisme a été consacré à maintes reprises par l’Assemblée générale comme une valeur fondamentale de l’ONU. Les États veillent à sa mise en œuvre et le Groupe des ambassadeurs francophones est particulièrement mobilisé. Sentinelle du multilinguisme et de la langue française, ils documentent les entraves au régime linguistique de l’Organisation, interpellent les hauts responsables onusiens sur les carences constatées, notamment à l’égard des grandes négociations qui se déroulent sans interprétation. Les Ambassadeurs francophones rappellent systématiquement leur attachement au respect du multilinguisme et du statut du français à l’ONU dans le cadre des déclarations présentées à l’ouverture des travaux des instances onusiennes. Ils soulignent le lien étroit entre le plein respect du multilinguisme et la revitalisation du multilatéralisme.
---Deuxièmement, le renforcement du cadre normatif et des mécanismes institutionnels destinés à faire progresser le multilinguisme à l’ONU est une étape positive pour un rééquilibrage des langues. L’ONU s’est dotée d’instruments essentiels. Citons à titre d’exemple le Cadre des Nations Unies pour les langues, lancé en 2020, qui vise à fournir un référentiel commun pour toutes les langues officielles, dans les domaines de l’évaluation et de l’identification des compétences linguistiques, de la détermination des exigences linguistiques lors du recrutement, de la gestion et de la stratégie planification des ressources humaines, enseignement des langues. Le Secrétariat adoptera prochainement un cadre stratégique sur le multilinguisme, qui permettra l’intégration systématique du multilinguisme dans les travaux de l’ONU. Cette action, pilotée par le Bureau du Coordonnateur pour le Multilinguisme des Nations Unies, reçoit le soutien de l’OIF.
Troisièmement, les équipes dirigeantes des Nations Unies sont bien conscientes que le multilinguisme est un vecteur d’efficacité et de confiance dans l’action des Nations Unies, de mobilisation des États, de transparence et d’appropriation nationale des décisions et recommandations du système des Nations Unies. . Le Secrétaire Général est pleinement attaché au plus grand respect du multilinguisme. Il en a fait une priorité de son mandat. Il s’est clairement exprimé en faveur du renforcement de la présence de hauts fonctionnaires francophones au sein des Nations Unies, tant au siège que sur le terrain. L’OIF travaille dans ce sens avec le Secrétariat de l’ONU pour favoriser les appels à candidatures auprès de ses réseaux.
La Représentation de l’OIF est le pivot des différents réseaux de veille et d’influence en faveur de la langue française à l’ONU. Elle assure la coordination du Groupe des ambassadeurs francophones et approfondit le partenariat avec le Secrétariat pour un plus grand rayonnement de la langue française, à tous les niveaux.
Photo prise au « Village de la Francophonie » créé à Djerba, Tunisie, lors du XVIII Sommet de la Francophonie, novembre 2022. Le Village de la Francophonie a accueilli les pavillons des pays francophones et plusieurs événements culturels. En arrière-plan, le portrait des pères fondateurs de la Francophonie, tandis que la « Francophonie du futur » est incarnée par de petits enfants. OIF
Le domaine politique et diplomatique n’est pas en reste. Forte de ses principes directeurs de coopération et de solidarité, l’OIF déploie des actions de prévention et de réponse aux crises et conflits dans les pays de la francophonie en étroite collaboration avec nos partenaires internationaux, au premier rang desquels l’ONU. .
Quelques illustrations :
L’OIF contribue directement au renforcement des capacités de ses États membres et de leurs personnels afin d’optimiser la contribution francophone aux opérations de paix de l’ONU, et de faire vivre le français dans ces opérations. Les plus grandes opérations de maintien de la paix sont en effet déployées dans les pays francophones — la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation. en République centrafricaine (MINUSCA). Cette coopération débouche sur un certain nombre de résultats tangibles (formation développée pour la première fois en français au profit des chefs de missions ainsi que des femmes militaires ; projet pilote développé avec la MINUSMA au Mali pour renforcer les compétences linguistiques en français des non-francophones). troupes parlantes).
L’OIF mène également des actions de prévention et de gestion des crises par des initiatives diplomatiques et politiques dans le cadre d’une dynamique collective, pour plus d’efficacité.
Enfin, la Francophonie accompagne les processus démocratiques des États membres, en apportant une expertise basée sur un système unique, ses réseaux institutionnels, regroupant des institutions judiciaires, de régulation et de médiation, de promotion et de protection des droits humains. ‘Homme. L’OIF est également très engagée dans l’accompagnement des processus électoraux.
Le thème choisi pour la Journée internationale de la Francophonie 2023 est « 321 millions de francophones, des milliards de contenus culturels » afin de célébrer la création culturelle francophone, sa diversité, mais aussi la nécessité de favoriser l’accès aux contenus culturels francophones en ligne. , leur découvrabilité. Une vaste programmation culturelle sur les cinq continents marquera ainsi la célébration de la Journée internationale de la Francophonie (http://20mars.francophonie.org).
Notre diplomatie culturelle renforce constamment l’action politique et technique présentée dans cet article. Elle est la marque de fabrique de notre Organisation, des valeurs universelles et de l’humanisme qu’elle promeut, et illustre son attachement inlassable au plein respect de la diversité.
Là Chronique ONU n’est pas un document officiel. Il a le privilège d’accueillir de hauts responsables des Nations Unies ainsi que des collaborateurs distingués extérieurs au système des Nations Unies dont les opinions ne reflètent pas nécessairement celles de l’Organisation. De même, les frontières et les noms indiqués et les désignations utilisées sur toute carte ou dans les articles n’impliquent pas nécessairement l’approbation ou l’acceptation officielle par l’Organisation des Nations Unies.