Vous avez annoncé en novembre dernier que vous n’aviez pas forcément l’intention d’aligner une équipe 100% EuroLeague, malgré la disponibilité des joueurs. Quelle réflexion a guidé vos choix pour cette nouvelle liste ?
Toujours pareil. La complémentarité reste essentielle. Je pense aussi que puisque nous sommes dans une nouvelle ère, pouvoir travailler dans la continuité est un gain de temps par rapport aux 4-5 entraînements que nous aurons avant le match en Croatie. Avoir des joueurs qui ont participé à la fenêtre de novembre signifie que nous n’avons pas à repartir de zéro, ni à tout expliquer à nouveau. Andrew Albicy va d’ailleurs créer le lien entre ces deux mondes et avoir cet acteur fédérateur est essentiel. Cette réflexion a donc été le point de départ pour constituer la meilleure équipe possible. Et ça n’a pas été facile car beaucoup de joueurs évoluent en EuroLeague et il a donc fallu faire des choix assez forts.
Les joueurs ayant réalisé une excellente saison en EuroLeague ne feront pas partie de l’équipe de France alors que les joueurs NBA ne sont pas encore disponibles. Est-ce l’illustration parfaite de l’extrême difficulté d’intégrer l’équipe nationale ?
Absolument, car je le répète, ces joueurs jouent mais surtout ils performent. C’est donc compliqué. Mais avec le temps, des joueurs vont rejoindre cette équipe de France car on a besoin d’en voir beaucoup. Il y a ce rendez-vous de février, j’espère l’EuroBasket 2025, une fois la qualification acquise, puis d’autres fenêtres, nombreuses, de qualifications pour le Mondial 2027. C’est la chance du basket français d’avoir pléthore de joueurs dans les championnats nationaux, en EuroLeague. Et on n’a pas encore puisé dans le réservoir NBA… ou universitaire où certains éléments jouent très bien, sans forcément pouvoir bien les évaluer.
Coïncidence du calendrier, cette semaine, Timothé Luwawu-Cabarrot (Vitoria) a marqué 25 points contre l’Olympiakos, Sylvain Francisco (Zalgiris) 20 points contre Virtus, Nadir Hifi (Paris) a été décisif contre Anadolu Efes. Dans quelle mesure ces performances bousculent-elles parfois vos certitudes ?
Timothé a été longtemps blessé mais Sylvain et Nadir sont performants depuis le début de la saison. Donc je n’étais pas plus dérangé que deux jours plus tôt (il sourit). Sylvain et Nadir ont été au coeur de nos échanges avec le staff car ils sont très bien avec leur club. Mais Théo Malédon, Elie Okobo et Matthew Strazel sont aussi très bons. Il faut donc faire des choix autour des spécificités mais aussi par rapport à la connaissance que je peux avoir des joueurs. En cinq jours, c’est très dur de connaître la personne, au-delà du joueur. Cela me laisse le temps de parler avec certains par téléphone d’ici l’été. Nous aurons le temps de nous découvrir.
Doit-on lire vos choix comme des indices pour la campagne d’été ou s’agit-il d’une réflexion pour le moment ?
C’est vraiment le moment. J’aimerais évidemment que les joueurs jouent le plus de matches possibles ensemble avant l’EuroBasket, car c’est ainsi que l’on gagne en automatisation. Mais difficile de trop se projeter sans la certitude que certains seront présents cet été, ce qui pourrait modifier l’équipe autour de ces très grands joueurs. Encore une fois, je suis très attentif à la complémentarité. Mettre les 12 meilleurs joueurs est presque simple : les stats, les temps de jeu, on les met sur papier et c’est parti. Mais ça ne marche pas comme ça.
-Même si cela est sans doute quelque peu caricatural, on pourrait estimer que le potentiel externe des Bleus est en EuroLeague alors qu’une grande partie du secteur interne est en NBA (Wembanyama, Gobert, Yabusele, Sarr, etc.). Est-ce que cela a facilité la sélection ?
Peut-être que c’était un peu plus clair dans ce secteur, d’autant qu’Amine Noua et Yoan Makoundou ont été très bons en novembre, chacun dans son registre. Mais parmi les intérieurs de l’EuroLeague on a parlé de Mam Jaiteh, Moustapha Fall, Petr Cornelie. Par exemple, j’ai parlé avec Moustapha Fall et nous avons conclu que ce n’était pas forcément le bon moment pour le rappeler. Je pensais qu’il était important d’avoir des gens qui connaissent les formats de fenêtres, ce qui est le cas de Vincent Poirier et Jaylen Hoard. Quant à Neal Sako, il est très bon depuis le début de saison et joue avec Théo Maledon, ce qui simplifiera l’intégration dans le jeu.
Malgré son bilan, la France n’est pas encore qualifiée. Après une double confrontation contre Chypre en novembre le contexte sera radicalement différent et bien plus périlleux…
Si les Croates ne gagnent pas contre nous, ils sont éliminés. Ils nous attendront donc de pied ferme. On a beaucoup de joueurs habitués à jouer dans des ambiances particulières, au Partizan, au Red Star, à l’Olympiakos. C’était important.
Lorsque vous avez communiqué cette liste, vous êtes-vous dit que celle que vous présentez cet été va vous causer beaucoup de nœuds dans le cerveau ?
Oui mais ce sont de bons nœuds. Des nœuds sympas à défaire ! La formation française est présente partout. J’y ai pensé même si depuis décembre je m’étais concentré essentiellement sur l’EuroLeague et cette liste de février. Je suis très content de la liste que nous avons publiée, avec l’objectif d’avoir un basket efficace pour gagner et de jouer du beau basket.