On n’attendait pas Houda Benyamina ici. En août 2016, le réalisateur français sort « Divines », qui met en scène des jeunes filles dans une ville parisienne sur fond de trafic de drogue. Elle lorgne sur Scorsese et De Palma et remporte la Caméra d’Or au Festival de Cannes et trois César, dont celui du meilleur premier film.
Huit ans plus tard, le cinéaste revient avec « All for One ». Derrière cette devise et une affiche kitsch rouge et or se cache une parodie des « Trois Mousquetaires », entre comédie et western. Quelque part entre Monty Python, Tarantino et le Pippi Gang.
« All for One » met en scène trois mousquetaires dûment moustachus et barbus. Trois femmes, en effet, qui se déguisent pour pouvoir se battre, au risque d’être pendues si elles sont démasquées. Aramitz, Athos et Portau recherchent la reine de France, réfugiée en Espagne. Ils doivent la retrouver devant les cinquante mercenaires envoyés à sa poursuite pour la tuer, mais ils ne savent pas quel chemin prendre. Sur leur chemin, ils croisent Sara, une prisonnière qui leur promet de les aider s’ils la libèrent…
Combats à l’épée homériques, musique country, hip-hop ou pop à fond, réalisation façon pompier… Houda Benyamina n’est pas dupe, et c’est ce qui donne la saveur à ce film qui ressemble à un sketch d’une heure 36. Au fond, nous sommes souvent dans de grandes poteries. Les codes de la virilité coûtent cher. Lorsque les mousquetaires font essayer à Sara un faux pénis en tissu, ils lui disent : « Tu le sens ? Avec une bite, tu as moins peur ! », avant de jouer à secouer leurs parties génitales. Plus tard, le trio enseigne l’art de faire pipi debout : « Forcez-vous à diriger votre jet », indiquent-ils en riant.
-Dans le rôle des mousquetaires et de D’Artagnan, les actrices sont toutes terriblement audacieuses et humoristiques, de Sabrina Ouazani à Daphné Patakia, en passant par Oulaya Amamra et Déborah Lukumuena (toutes deux déjà au casting de « Divines »).
Le rythme faiblit au fur et à mesure et les aventures avec la reine n’ont aucun intérêt – hormis une séquence de coït assez drôle avec le roi. Mais certaines scènes valent le détour. Comme ce moment en calèche où l’immense Portau console un marquis terrifié par son apparition. « Armand, je sens qu’en toi, tout est fragile », explique-t-elle au malheureux devenu liquide. Tu as le droit de pleurer ! » Et de conclure, avec compassion : « C’est dur d’être un homme. »
Related News :