Je le promets, je le jure, les modérateurs de Telegram ne connaissaient pas le mot “merde”. C’est du moins ce qu’a assuré le fondateur de la messagerie, Pavel Durov, selon des propos datant de décembre et consultés ce samedi 18 janvier par l’AFP.
Au milieu de nombreuses activités criminelles que l’application Telegram est accusée d’avoir facilitées, par négligence ou par laxisme, les juges d’instruction parisiens ont interrogé en décembre dernier le milliardaire russe de 40 ans au sujet d’un groupe public baptisé « Livraison merde herbe Paris » qui n’avait pas été repéré par les modérateurs de l’application.
Durov a été inculpé fin août pour une longue liste d’accusations, notamment « complicité dans l’administration d’une plateforme en ligne permettant une transaction illicite par un groupe organisé » ou même « importation d’un moyen de cryptologie n’assurant pas exclusivement des fonctions d’authentification ou de contrôle d’intégrité sans déclaration préalable ».
Mais Durov s’est défendu contre toute négligence de la part de ses équipes, au sein desquelles tout serait « respectueux des lois ». Raison pour laquelle le mot “merde” leur est inconnu. Et l’algorithme ? Ce n’est tout simplement pas “pas assez formé”, il a décidé.
Vitrine
Pourtant, le groupe était bien implanté sur la plateforme. Comme le racontent les juges d’instruction, il a simplement été découvert par les enquêteurs alors qu’il « une recherche par mots-clés liés à la vente de stupéfiants ». « Comment un site avec un nom aussi explicite et des photos aussi explicites a-t-il pu être diffusé sur Telegram ? » ont demandé les juges.
-Réponse de Pavel Dourov : « Même si nos équipes tentent de modérer ce type de recherche [sur la drogue, ndlr] depuis plusieurs années, ces recherches se concentrent principalement sur les marchés et dans les langues où Telegram est le plus populaire. La France ne faisait pas partie de cette liste. Dès que nous l’avons appris, nous nous sommes beaucoup améliorés.
Aucune connaissance des drogues
“Il y avait des modérateurs pour la France, donc c’est à eux de connaître les mots utiles et d’adapter l’intelligence artificielle ?” ont poursuivi les juges. Mais rien pour déconcerter Pavel Durov, qui répond : “Les modérateurs que nous avons embauchés étaient comme moi, des gens respectueux des lois qui n’avaient aucune connaissance du milieu de la drogue.”
“Tous ceux qui parlent français connaissent le mot merde, même s’ils ne consomment pas de cannabis” les juges ont alors répondu. Selon Pavel Durov, « Cela s’explique certainement parce que les modérateurs s’intéressaient à d’autres infractions et qu’ils n’avaient pas l’ampleur de ce problème. Vous avez tout à fait raison : les algorithmes d’IA de Telegram ont été développés pour permettre l’identification de ce type de contenu. […]».
“Telegram ne disposait pas de suffisamment de données pour pouvoir enseigner à l’algorithme ce type de contenu, notamment en français”, assure Dourov. Depuis, il a promis, « nous avons fait davantage de progrès ».
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