Si Yoann Richomme est né en 1983 à Fréjus, et que sa première rencontre avec la mer a donc eu lieu en Méditerranée, il a grandi à l’intérieur des terres. En effet, la famille a suivi les changements de son père Yannick et c’est en région parisienne qu’il a grandi. Loin du vent et des vagues même si grâce à son père, les enfants Richomme ont rapidement goûté aux plaisirs du large lors de croisières familiales. Mais c’est bien dans les Yvelines que Yoann a bâti son esprit d’aventurier et de découvreur.
Enfant, entouré de forêts, il aimait le bois et construisait de nombreuses cabanes : déjà son envie de liberté. Le skipper de Paprec Arkéa est plus un homme des champs, de la nature, des grands espaces qu’un homme des villes. Après sa victoire en mai dernier dans la Transat CIC Lorient – New York et en attendant le départ de la New York Vendée Les Sables, il n’est pas resté à flâner dans la Grosse Pomme. Avec sa femme Margaux, ils sont partis se ressourcer dans le Grand Canyon. La mer est aussi évidemment un endroit où il aime être et où il se sent bien.
-
2. Ses premiers pas dans la voile
Il n’a pas fait un parcours de course au large « classique ». Il ne faisait pas comme beaucoup de marins du Vendée Globe, de l’Optimist, du Laser… mais plutôt du rugby. Il a appris la mer et la navigation à la maison avec son père. Le tournant a lieu lors d’une transatlantique en 2000. Alors qu’ils viennent de passer quatre ans à Philadelphie, son père Yannick, qui avait attrapé le virus de la voile auprès de son propre père, souhaite ramener par la mer le voilier familial : « Mon meilleur mémoire? Certainement ma première traversée de l’Atlantique d’ouest en est, raconte son père. Nous avons vécu longtemps aux Etats-Unis et sommes rentrés en France avec mon voilier en trois étapes : les Bermudes et les Açores. Yoann était à bord de ce 33 pieds.
C’est là que Yoann Richomme prend goût à la mer. Il se lance ensuite dans la course au large par le côté technique. Il rejoint l’équipe de Roland Jourdain puis Nicolas Lunven avant de se lancer seul. Il assume même un autre rôle, celui de chef de la commission de jaugeage du Figaro pendant plusieurs années. Ce père de deux petites filles, désormais basé à Larmor-Plage, aime la voile en solitaire et le grand large et se fait une place au soleil : Figaro, Class40, Imoca et même en VO65 où il a remporté The Ocean Race Europe avec Mirpuri. . Il se découvre alors un meneur d’hommes.
-
3. Ses études
Lorsqu’il arrive des Etats-Unis, bac en poche, il ne sait pas trop dans quel domaine il veut se diriger : il aimait l’informatique mais finalement, il a pris la tangente. La traversée de l’Atlantique en bateau lui ouvre d’autres horizons. Il aime la navigation presque autant que la météo ou la technique. C’est donc vers Southampton qu’il se dirige et étudie l’architecture navale, presque en même temps qu’un certain… Charlie Dalin mais pas dans la même école. Tous deux ont l’esprit cartésien des scientifiques et des purs et durs. Rien n’est jamais laissé au hasard.
Yoann Richomme est diplômé en architecture navale de l’université de Southampton en Angleterre. Il aime participer à la construction de ses bateaux. Pour son Vendée Globe, il a fait confiance à Antoine Koch et Finot-Conq mais visiblement, il n’a pas pu s’empêcher d’y mettre la main. Et ça se voit. Il a beaucoup travaillé à bord et a pris le temps de trouver les points forts de sa monture et de modifier ce qui n’allait pas lors des premières navigations. Après un lancement en février 2023, lui et son équipe ont rencontré des problèmes techniques mais ont su rebondir rapidement. Cette fois encore, il a montré entre Lorient et New York qu’il connaissait son bateau et savait le piloter à la perfection.
-
4. Ses victoires et ses coups durs
Yoann Richomme est un dur à cuire. Il sait se donner à fond pour réussir ce qu’il entreprend : s’il aime naviguer pour le plaisir lors d’une croisière en famille ou entre amis. S’il aime faire du Moth Foiling quand il a le temps, il aime aussi concourir et gagner. Comme le dit Fabien Delahaye, son ami et aussi son concurrent de longue date : « Yoann n’est pas quelqu’un qui prend le plus de plaisir à traîner en mer en compétition. Se mettre dans un rythme où l’on se blesse pour passer du temps en mer n’est pas l’esprit.
Son objectif a toujours été le Vendée globe. Mais il n’a jamais raté les étapes. C’est grâce à la cabane du Figaro qu’il apprend ses talents de pilote. Tenace et précis, il a appris durant huit saisons sur ce circuit exigeant. Il a remporté la Solitaire du Figaro pour la première fois en 2016… devant Charlie Dalin de quelques minutes seulement lors des dernières 24 heures au large de La Rochelle. Il est alors sous les couleurs de la Macif.
Il a ensuite eu un passage un peu plus complexe. Mais en 2019, il revient à ses premières amours, la course à armes égales où il faut se blesser. Et, sous les couleurs de Hellowork – Le Télégramme, il a décroché une deuxième victoire sur la Solitaire du Figaro après avoir survolé la course. Une autre lui tient à cœur : la Route du Rhum au départ de Saint-Malo et arrivant en Guadeloupe. C’était en 2018, après avoir lancé la première construction de bateau, un Class40 d’un plan Marc Lombard. La course est dure, la première semaine, il a l’audace d’affronter la dépression et l’évasion. « Il n’hésite pas, il apportera la victoire. Il va la chercher, il n’attend pas qu’elle vienne à lui. Il est audacieux et il provoque ce qu’il veut”, analyse son entraîneur Erwan Tabarly. Ses concurrents ne le reverront pas d’ici Pointe-à-Pitre.
En 2022, alors que son Imoca est en construction, il lance un deuxième Class40 avec ses partenaires Paprec et Arkéa pour continuer à naviguer. Toujours aussi minutieux, il sait exactement ce qu’il veut… Son bateau sera libéré en juillet 2022, soit quatre mois seulement avant le départ de la 12e Route du Rhum. Mais pas d’inquiétude, il se présente avec la ferme intention de conserver son titre : bingo ! Il est l’un des rares doubles vainqueurs.
France
Related News :