La CGT, l’Unsa et Sud-Rail recensent de nombreux dysfonctionnements de ces trains qui circulent bien plus que le TGV Inoui. SNCF Voyageurs se défend et indique que « la sécurité des voyageurs et des agents est une priorité absolue ».
Ouigo, l’offre low-cost de SNCF Voyageurs, est un succès indéniable avec 110 millions de passagers transportés cumulés sur la décennie (2013-2023), dont 25 millions l’an dernier.
La compagnie a également décidé de renforcer considérablement sa proposition commerciale avec davantage de destinations et l’arrivée de 12 nouvelles rames dans le cadre de la rénovation « à mi-vie », c’est-à-dire après quinze à vingt ans. service, TGV Inoui classique qui rejoindra donc l’offre Ouigo.
L’opérateur mise également sur le rafraîchissement à grands frais de l’intérieur des trains existants.
SNCF Voyageurs affiche ses objectifs : que Ouigo représente 30 % de son trafic grande vitesse d’ici 2030 contre 20 % aujourd’hui et 33 millions de clients par an, soit 30 % de plus que l’an dernier.
En attendant, les trois syndicats de la SNCF (CGT Cheminots, Unsa-Ferroviaire et Sud Rail) tirent la sonnette d’alarme concernant la fiabilité (mais aussi l’hygiène) des 38 trains en circulation.
Des trains anciens, plus utilisés que le TGV Inoui
Rappelons que ces trains, déjà anciens, sont très demandés puisque le modèle Ouigo implique bien plus de rotations et de remplissages qu’un TGV Inoui afin de générer de la rentabilité.
Dans un communiqué, l’intersyndicale ne tourne pas autour du pot et parle de « naufrages ».
“Cela fait plus de deux ans que l’état de nos trains Ouigo s’est fortement dégradé (…), il y a urgence à agir”, peut-on lire.
Et d’accuser la direction de publier « un inventaire des trains et des incidents internes bien en deçà de la situation que nous, agents de terrain, connaissons ».
Car à trop rouler, les trains fatiguent, estiment plusieurs antennes locales de la CGT dans un communiqué distinct qui accuse la direction de Ouigo d’être « irresponsable ».
Le syndicat met en avant l’exemple du train 765 « avec des essieux en mauvais état ». Et d’expliquer que fin novembre 2024, “un bruit suspect au niveau des essieux” a été signalé par un agent du Technicentre Atlantique à bord.
« Essieux en mauvais état », « cafards »…
« L’inquiétude s’avérera justifiée. En effet, le mauvais état des essieux constaté par l’équipe technique dans la soirée était tel qu’ils ont dû retirer les boulons à la main au lieu de la machine prévue à cet effet. Ainsi, la circulation du train était dangereuse, le risque de déraillement élevé » poursuit l’organisation syndicale.
Le lendemain, le train a été retiré de la circulation « in extremis au moment du départ du train avec les passagers évacués. Aujourd’hui, nous le trouvons comme neuf. Mais la direction se garde bien de communiquer sur cet incident particulièrement grave ».
Ces antennes locales de la CGT dénoncent « l’état déplorable » de la flotte des TGV Ouigo, affirmant que « sur les trois derniers mois, les TGV Ouigo ont accumulé plus d’incidents et d’annulations que ces deux dernières années ».
Et d’énumérer d’autres problèmes comme les infestations massives de cafards, de punaises de lit, les toilettes scellées et les portes cassées.
“Le point culminant de cette situation a été atteint fin novembre avec sept trains Ouigo simultanément indisponibles (…) abandonnant des milliers de nos passagers sur les quais”, peut-on lire.
“Jamais aucun risque pris”, assure SNCF Voyageurs
En circulant bien plus que les TGV classiques (14 heures par jour selon le syndicat), le « temps de maintenance des trains est insuffisant ».
Contactée, SNCF Voyageurs affirme que « la sécurité des voyageurs et des agents est une priorité absolue chez Ouigo comme pour tous les trains SNCF Voyageurs. Aucun risque n’a jamais été ni n’est pris dans cette affaire», sans fournir de précisions. sur la question d’un essieu défectueux soulevée par la CGT.
« Les trains Ouigo bénéficient d’un important renouvellement (le plus important depuis son lancement en 2013), qui commence à se déployer en début d’année, avec une flotte à la fois plus importante et plus moderne », poursuit un transporteur. mot.
Sur le reste des points évoqués, l’opérateur indique simplement que « des discussions sont en cours avec les organisations syndicales et nous avons toute confiance dans le dialogue social ».
Face à cette situation, l’intersyndicale appelle à un rassemblement des agents cette semaine et évoque le spectre d’un préavis de grève.
En tout cas, hasard ou coïncidence, la conférence de presse qui devait dévoiler le nouvel intérieur du Ouigo (nommé Tango) en janvier a été reportée, indique la CGT, une information confirmée par SNCF Voyageurs.
Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Affaires
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