Jessica Murphy
BBC News, Toronto
Depuis des mois maintenant – face à un électorat frustré, à la montée en puissance d’un rival politique dans les sondages et, surtout, à une aversion croissante de la part des électeurs – le premier ministre Justin Trudeau est confronté à des variantes de la même question : « Allez-vous démissionner ?
Il a toujours tenu bon, jurant qu’il serait celui qui mènerait le parti aux prochaines élections.
Mais la démission surprise de son adjointe clé, l’ancienne ministre des Finances Chrystia Freeland, à la mi-décembre, s’est avérée être le domino renversant qui a conduit à l’annonce d’aujourd’hui.
Trudeau a accédé au pouvoir il y a près de dix ans, présenté comme le nouveau visage de la politique progressiste. En 2015, influencés par son charisme juvénile et son message politique plein d’espoir, les électeurs ont catapulté les Libéraux du troisième parti à la majorité – sans précédent dans l’histoire politique canadienne.
Il reste le seul dirigeant encore debout parmi ses pairs lorsqu’il est entré en fonction, de Barack Obama à Angela Merkel, en passant par Shinzo Abe et David Cameron, et est actuellement le dirigeant le plus ancien du G7.
Mais dans les années qui ont suivi, et au cours de deux élections générales, Trudeau et sa marque sont devenus un frein à la fortune du parti.
Une série de premiers scandales éthiques a commencé à ternir l’éclat du nouveau gouvernement. Il a été reconnu qu’il avait enfreint les règles fédérales relatives aux conflits d’intérêts dans le cadre d’une enquête de corruption – l’affaire SNC-Lavalin – et lors de voyages de luxe aux Bahamas.
En 2020, il a fait l’objet d’un examen minutieux pour avoir choisi un organisme de bienfaisance ayant des liens avec sa famille pour gérer un programme gouvernemental majeur.
Plus récemment, Trudeau a été confronté à des difficultés liées au coût de la vie et à l’inflation, qui ont contribué aux bouleversements des élections au pouvoir dans le monde entier.
Et après plus de neuf ans au pouvoir, il est l’un des premiers ministres du Canada les plus anciens, et il règne un sentiment général de lassitude et de frustration à l’égard de son gouvernement.
En fin de compte, la pression exercée par ses propres députés, qui pendant les vacances ont clairement fait savoir qu’ils ne soutenaient plus son leadership, a rendu son maintien presque impossible.
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