Un conducteur de train de la SNCF, âgé de 52 ans, s’est suicidé mardi soir en sautant de sa cabine à toute vitesse. Des problèmes personnels l’auraient poussé à mettre fin à ses jours, selon ses proches.
Les cheminots toujours sous le choc après le suicide d’un de leurs collègues. Mardi soir, sur la ligne Sud-Est, un conducteur de TGV a sauté de sa cabine alors que son train roulait à toute vitesse… Il a été retrouvé mort, sur les rails, par les secours. Son suicide a entraîné l’activation des « dispositifs d’arrêt automatique des trains ».
L’arrêt du train sur les voies a bloqué les TGV dans les deux sens sur cet axe. Une dizaine de TGV et 3 000 passagers ont été concernés la veille de Noël. Certains trains avaient entre trois et cinq heures de retard. “C’est vrai que c’était quelque chose qui n’était jamais arrivé auparavant qu’un conducteur décide malheureusement de se suicider”, a expliqué le ministre des Transports Philippe Tabarot.
Père d’un enfant autiste
L’homme de 52 ans, pilote stéphanois expérimenté, a été très apprécié. Il aurait mis fin à ses jours à cause de problèmes personnels. “Bruno, c’était un type en or mais torturé” : la voix tremblante, un proche du conducteur du train peine encore à trouver les mots.
Entre deux sanglots, il se souvient d’un ami qui souffrait de sa vie de famille. Père d’un enfant autiste, qui a dû être hospitalisé à plusieurs reprises. À cela s’ajoute une récente rupture amoureuse. « Il m’a dit qu’il n’allait pas bien. Mais je ne pouvais pas imaginer qu’il mette fin à ses jours, surtout dans ces circonstances », ajoute son ami.
Il devait bientôt prendre sa retraite
Car au quotidien, cet ancien secrétaire syndical CGT des cheminots de la Loire mettait toute son énergie au service des autres. Il a été impliqué dans toutes les luttes sociales, se souvient Cécile Cukierman, sénatrice communiste de la région.
« Il était très sympathique, très calme, très combatif, souligne-t-elle. Il était toujours attentionné. Il prenait toujours le temps d’expliquer les situations et les difficultés qu’ils vivaient. En public, il ne reflétait pas une telle souffrance. personnel.” Cheminot depuis 1997, le conducteur de train allait bientôt prendre sa retraite. La CGT de Saint-Etienne, sa ville d’origine, souhaite lui organiser un hommage dans les prochains jours.
Un suivi psychologique insuffisant ?
Malgré ses problèmes personnels, le conducteur du train était toujours en service. Lors de leur embauche, les conducteurs doivent passer un examen « psychotechnique ». Concrètement, il s’agit d’une batterie de tests de réflexes et de personnalité.
Des tests qui doivent être réalisés par un psychologue agréé par le ministère des Transports, mais qui restent insuffisants pour Bernard Aubin, secrétaire général de la Fédération indépendante des syndicats ferroviaires et des transports. «On place la personne dans une situation stressante», explique-t-il. « Si on voit qu’ils perdent leurs moyens, ils ne seront pas sélectionnés. Mais il s’agit plus d’une mesure d’aptitude que d’une évaluation psychologique.
Possibilité de passer sous les radars donc, selon le syndicaliste. Car l’examen psychotechnique n’est répété qu’au moment du renouvellement du permis de conduire, tous les dix ans. Et entre les examens, pas d’évaluation régulière, selon Bernard Aubin. À moins que les supérieurs ne tirent la sonnette d’alarme.
Laurent Picat with Julie Brault and Caroline Renaux
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