Aux États-Unis, le Global Engagement Center (GEC) est la première agence fédérale à fermer ses portes. Le département d’État américain a annoncé mardi 24 décembre que son bureau spécialisé dans la désinformation étrangère allait disparaître, faute de budget en 2025. À l’approche de l’investiture de Donald Trump, le 20 janvier à Washington, les chefs des agences fédérales sont dans la ligne de mire du président élu et de ses influents partisans. Ils« peut profiter de ces derniers jours pour édicter davantage de protections et de règles » avant que leurs missions ne se retrouvent fragilisées voire éliminées“soit attendre, en espérant que les Républicains maintiennent certaines de leurs directives”, estimait la chaîne NBC début décembre.
Créée il y a huit ans pour traquer et contrer la désinformation produite par les pays rivaux des Etats-Unis, la GEC a été largement critiquée par les élus républicains, qui ont accusé l’agence d’espionner les Américains et pas seulement les puissances étrangères. Le couperet est finalement tombé lorsque le texte législatif sur le budget a été voté au Congrès, après un long processus.
Donald Trump avait menacé les élus républicains de présenter des candidats dissidents contre eux dans leurs circonscriptions s’ils votaient pour une précédente version du budget. Un texte plus au goût du président républicain a finalement été adopté, évitant au dernier moment la paralysie budgétaire de l’Etat fédéral. Dans cette dernière version, le budget de 61 millions de dollars alloué à l’agence et à ses quelque 120 employés a été tout simplement supprimé.
Elon Musk, devenu depuis le principal soutien de Donald Trump dans la course à la Maison Blanche, avait pris en aversion cette organisation, assurant qu’il représentait « une menace pour la démocratie » Américain. L’homme le plus riche du monde, propriétaire du réseau social « le pire agent de censure gouvernementale et de manipulation des médias ».
Les dirigeants du centre ont toujours nié ces allégations, estimant que leur travail est crucial pour lutter contre les campagnes d’ingérence étrangère sur le sol américain, notamment celles de la Russie et de la Chine. Le chef de l’agence venait par ailleurs d’annoncer le lancement d’une organisation multinationale basée en Pologne pour contrer la désinformation de Moscou sur la guerre en Ukraine.
Le Bureau de protection financière des consommateurs (CFPB) est également dans la ligne de mire des républicains, désormais majoritaires à la Chambre des représentants et au Sénat. Cette agence de contrôle indépendante est chargée de surveiller les pratiques des banques et autres institutions financières envers les consommateurs. Créée après la crise financière de 2008, elle œuvre pour éviter des catastrophes comme celle des « subprimes », ces prêts hypothécaires à haut risque accordés massivement aux Américains. Cité par le Washington Poste, Kathy Kraninger, qui a été placée à la tête de l’organisation par l’administration Trump entre 2018 et 2021, promet « de gros changements ».
Fin novembre, Elon Musk déclarait de son côté dans un message sur son réseau socialSUPPRIMER” le CFPB. Le message d’Elon Musk répondait à une déclaration d’un autre donateur majeur de Donald Trump : l’homme d’affaires Marc Andreessen, spécialiste du capital-risque. Après que le CFPB ait fermé une société de prêt en ligne dans laquelle il avait investi, l’accusant de tromper ses clients, l’homme d’affaires a estimé que l’objectif premier de l’agence était de « terroriser les institutions financières », en rapport Le Gardien. L’agence a également cherché à limiter les sanctions financières que les banques peuvent imposer aux clients qui dépassent les limites de leurs comptes courants, note l’agence. Washington Post.
Lors de son premier mandat, le magnat de l’immobilier a dans un premier temps nommé à la tête d’un opposant notoire à l’agence, en la personne de Mick Mulvaney. Cette dernière avait notamment demandé à la Réserve fédérale de lui accorder un budget de… zéro dollar pour fonctionner, a rapporté Politico.
Juste après son élection en 2016, Donald Trump a nommé Scott Pruitt, procureur général de l’Oklahoma connu pour ses liens avec le lobby de l’énergie, dirige l’Environmental Protection Agency (EPA). Pour ce nouveau mandat,Le président élu a nommé le 11 novembre un autre de ses amis proches à ce poste : l’ancien représentant de l’État de New York, Lee Zeldin. Si ce dernier siégeait au sein du Conservateur Climate Caucus au Congrès, un groupe d’élus républicains qui reconnaissent l’origine humaine du changement climatique, les associations écologistes craignent que l’agence ne soit considérablement fragilisée pour les quatre prochaines années. Son prochain directeur « garantira que des décisions de déréglementation rapides et équitables soient prises, qui renforceront la force des entreprises américaines, tout en maintenant les normes environnementales les plus élevées »a justifié le futur président en annonçant cette nomination.
Ainsi, les récentes normes décidées par l’EPA, comme les limites d’émissions de CO2 applicables aux centrales électriques au charbon, pourraient être annulées, comme l’avait promis Donald Trump lors de la campagne présidentielle. Mais c’est surtout l’Office of Environmental Justice, un organisme de l’EPA né sous la présidence de Joe Biden, qui est menacé, rapportait CBS début décembre. Donna Thomas, une militant dans la lutte contre la pollution de l’air.
Cet organisme a financé à hauteur de plus de 2,8 milliards de dollars destinés à « communautés défavorisées, marginalisées et surpolluées » est directement pointé du doigt par le Projet 2025, une feuille de route ultra-conservatrice publiée pendant la campagne et présentée comme le programme officieux du futur président. Si Donald Trump a ouvertement pris ses distances avec ce document, il a nommé dans sa nouvelle équipe plusieurs des personnalités ayant participé à sa rédaction.
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