Il a mis fin à ses jours la veille du Nouvel An. La SNCF a annoncé mercredi que les retards en cascade des trains de mardi étaient la conséquence du suicide du conducteur du TGV Inoui n°1. 6689, au départ de Paris Gare de Lyon à destination de Saint-Étienne. Le conducteur “a mis fin à ses jours alors que le train roulait”, a précisé la SNCF. Bruno, 52 ans, était une figure bien connue des cheminots stéphanois. Son décès a provoqué une tristesse infinie parmi ses collègues.
Militant engagé, entré à la SNCF en 1997, Bruno était un « chauffeur expérimenté », nous disent des sources de la SNCF, et « un représentant du personnel CGT à la résidence traction de Saint-Étienne ». Un mandat qu’il occupait toujours, selon Le Progrès. « Tout le monde est sous le choc », affirment plusieurs cheminots.
Récemment, le chauffeur habitant Feurs (Loire) s’est activement engagé contre la réforme des retraites, défilant en cortège avec ses collègues de la CGT, banderole à la main. « Vive l’égalité, le bien-être pour tous et la justice sociale », écrit-il dans la biographie de son compte X (ex-Twitter). Sur ses réseaux sociaux, ses publications ne cachent pas son engagement politique contre le Rassemblement national, parti qui dégage selon lui une « forte odeur de fascisme et de racisme ».
« Les cheminots sont en deuil suite à la disparition tragique de notre camarade. Les pensées de la fédération CGT vont à la famille et aux proches de la victime. Les attaques contre la société Cheminote sont scandaleuses. Nous y répondrons en temps voulu”, écrit la CGT-Cheminots sur X.
« Un camarade exemplaire »
«Bruno était fermement engagé dans la défense du service public ferroviaire», affirme X Cécile Cukierman, sénatrice communiste de la Loire. La voie du malheur au travail ne semble pas, pour l’instant, privilégiée. Mais « la symbolique est forte », insiste un syndicaliste et ancien cheminot auprès du Parisien. Quand on fait ça sur son lieu de travail, dans son train, ce n’est pas anodin. Un 24 au soir… Il y a de vrais enjeux de réorganisation du travail à la SNCF. Il ne faut pas tirer des conclusions hâtives. Aujourd’hui, toute personne a des problèmes personnels. Cela pose des questions. »
Sur le plan personnel, le quinquagénaire roannais (Loire) semblait pratiquer régulièrement l’équitation, un hobby qu’il partageait avec sa compagne. Ses proches et collègues dressent le portrait d’un homme vertueux et loyal. «C’était un camarade exemplaire, d’une intégrité et d’une intelligence rares… et doté de beaucoup de sensibilité», témoigne une connaissance sur les réseaux sociaux. “Il y a beaucoup d’émotions, de tristesse et aussi beaucoup de pudeur”, confie un autre. C’est incompréhensible et douloureux pour tout le monde. »
Selon plusieurs sources, Bruno traversait actuellement des difficultés personnelles et était « très déprimé ». Une information qui semble confirmée par ses dernières publications sur les réseaux sociaux, où il a notamment évoqué son « impuissance » face à l’autisme de son enfant. L’enquête, confiée aux militaires de la gendarmerie de Melun, devra affiner les circonstances du drame et déterminer les raisons de ce geste.
La SNCF, qui a insisté sur cette « terrible tragédie » qui a plongé dans le « deuil » toute la famille ferroviaire en ce jour de Noël, explique que les systèmes de sécurité ont parfaitement fonctionné. Selon un porte-parole, c’est « de mémoire » la première fois qu’un tel incident se produit.
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