Prime Minister François Bayrou on December 23, 2024 in Paris (AFP / STEPHANE DE SAKUTIN)
Les ministres du gouvernement de François Bayrou ont pris leurs fonctions mardi, à la veille de Noël, le nouveau garde des Sceaux Gérald Darmanin promettant un tandem de fermeté avec le ministère de l’Intérieur au sein d’un nouvel exécutif déjà menacé de censure par la gauche.
Au lendemain de la présentation du nouveau gouvernement, les transferts de pouvoir se poursuivent. Au ministère de la Justice, un fantôme est revenu : Gérald Darmanin. Le nouveau ministre de la Justice a promis de travailler « main dans la main » avec le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, l’un des 19 ministres du gouvernement Barnier reconduits dans ses fonctions.
L’ancien locataire de la place Beauvau a promis de faire du narco-banditisme et du trafic de drogue sa “priorité absolue”, et a déclaré donner des instructions “très fermes” aux procureurs dans les prochains jours.
Auparavant, c’est l’ancienne Première ministre Elisabeth Borne qui avait pris possession d’un important ministère de l’Éducation et de la Recherche. Lors de cette passation de pouvoir, elle a lancé un appel très politique à « retrouver le chemin de la stabilité institutionnelle ».
Le nouveau ministre des Outre-mer Manuel Valls le 24 décembre 2024 à Paris lors de la passation du pouvoir avec son prédécesseur (AFP / STEPHANE DE SAKUTIN)
Un autre ancien chef du gouvernement, Manuel Valls, outre-mer, a promis de faire de Mayotte et de sa reconstruction une « urgence ». Il a annoncé qu’il se rendrait avec le Premier ministre « le plus rapidement possible » sur le territoire ravagé par le passage du cyclone Chido.
Il a été immédiatement reçu à Matignon, a constaté un journaliste de l’AFP. Tout comme le nouveau ministre de l’Économie Éric Lombard, entré en fonction lundi.
L’ancien directeur de la Caisse des dépôts et consignations, présenté par François Bayrou comme un homme de gauche, a immédiatement appelé à « soigner notre mal endémique, le déficit ».
– Nouveau budget, censure –
Le Premier ministre François Bayrou assiste à une séance de l’Assemblée nationale le 17 décembre 2024 à Paris (AFP / STEPHANE DE SAKUTIN)
Ce sera le premier défi de l’équipe Bayrou : faire adopter un budget pour 2025 à l’Assemblée nationale, là même où le 4 décembre son prédécesseur Michel Barnier a été renversé par une motion de censure.
Le nouveau Premier ministre espère que la présence de poids lourds dans son équipe l’en protégera. Il n’envisage en aucun cas de demander la confiance le 14 janvier à une Assemblée fracturée.
“Je suis convaincu que l’action que je définis devant vous et l’équipe gouvernementale garantira que nous ne serons pas censurés”, a déclaré lundi le leader centriste quelques heures après la présentation de son gouvernement.
“Aucune des conditions du pacte de non-censure n’a été respectée” dans la composition du nouveau gouvernement, a néanmoins répondu mardi le leader du PS Olivier Faure, “il n’y a aucune raison d’accorder quoi que ce soit à ce gouvernement”.
Le leader socialiste, qui avait accepté de négocier une sorte de pacte de non-agression avec François Bayrou, a regretté que ses revendications n’aient pas été entendues : « pas de dépendance à l’extrême droite, plus de passage en force au 49.3 et un changement de direction.
Il a précisé que son groupe pourrait voter la censure dès que la déclaration de politique générale serait faite. La France insoumise (LFI) a déjà annoncé son intention de déposer une motion de censure, Mathilde Panot a critiqué une équipe pleine de « gens désavoués lors des urnes et qui ont contribué au naufrage de notre pays ».
-Xavier Bertrand-
Mais le Rassemblement national, groupe le plus nombreux à l’Assemblée, a une nouvelle fois réitéré qu’il ne censurerait pas a priori le nouveau gouvernement.
Marine Le Pen a toutefois assuré mardi dans un message vidéo que les Français seraient amenés “bientôt, très bientôt, au pire dans quelques mois” à choisir “une nouvelle voie”. Et le président de son parti Jordan Bardella n’a pas mâché ses mots contre la liste gouvernementale : « Heureusement, le ridicule ne tue pas » car « François Bayrou a réuni la coalition de l’échec ».
Graphique montrant la répartition des membres du gouvernement Bayrou par appartenance politique, annoncée le 23 décembre 2024 (AFP / Nalini LEPETIT-CHELLA)
Du côté des Républicains (LR), qui restent au gouvernement, Laurent Wauquiez a évoqué un soutien « très exigeant » à François Bayrou qui pourrait être « retiré » en fonction du cap fixé.
Au sein du parti de droite, le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand a annoncé lundi une heure avant l’annonce du gouvernement qu’il n’en ferait pas partie « en raison de l’opposition du Rassemblement national ». Dans un communiqué, il a dénoncé un gouvernement « formé avec l’aval de Marine Le Pen ».
Et François Bayrou a dû démentir la rumeur d’un échange téléphonique avec Marine Le Pen sur les derniers ajustements de la composition du gouvernement.
L’équipe gouvernementale compte 35 membres, soit un peu moins que celle de Michel Barnier (42 ans) et quasiment à égalité avec 18 femmes et 17 hommes. Un premier Conseil des ministres est prévu après les vacances, le 3 janvier.
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