Sce cri d’alarme avait ému les chefs d’Etat européens. “Si nous n’avançons pas plus vite, nous allons tous mourir !” » lançait en mars 2024 Philippe Baptiste, alors président du Centre national d’études spatiales (Cnes), conscient que l’Agence spatiale européenne (ESA) est en danger face à la concurrence agressive de SpaceX et de la Chine. Une devise qu’il pourra appliquer lors de son mandat de ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche au sein du gouvernement de François Bayrou, dévoilé lundi 23 décembre.
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L’expert du secteur spatial rapporte à Élisabeth Borne, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et ancienne chef du gouvernement. L’homme ne découvrira pas son ministère, loin de là.
Cet ancien chef du département de la stratégie et de l’innovation du ministère de l’Éducation nationale de 2013 à 2014 est aussi, de 2017 à 2019, la directrice de cabinet de la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, avec qui elle préfigure la célèbre plateforme Parcoursup.
Spécialiste en intelligence artificielle
Docteur en informatique de l’Université de Technologie de Compiègne (Oise) et ingénieur civil des Mines de Nancy (Meurthe-et-Moselle), ce spécialiste des algorithmes et de l’intelligence artificielle injecte systématiquement les nouvelles technologies lors de ses visites chez le privé chez Bouygues, IBM et totale. De 2002 à 2012, il a enseigné l’informatique à Polytechnique, mais c’est sa carrière de chercheur qui l’occupe le plus.
A LIRE AUSSI Gouvernement : François Bayrou défend son casting sans se mouiller sur le fondAu Centre national de la recherche scientifique (CNRS), il crée, en 2010, l’Institut des sciences de l’information et de leurs interactions, avant d’être nommé, en 2014, directeur général adjoint chargé de la science. Cela lui permet de rejoindre le conseil d’administration de l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (Inria) et le haut conseil scientifique de l’Office national d’études et de recherche aérospatiales (Onera), deux joyaux de la recherche publique en France.
En 2021, Philippe Baptiste réalise son Graal : il est nommé président du Cnes. Lui qui rêvait de cosmonautes et réalisait des maquettes de l’atterrisseur lunaire Apollo lorsqu’il était enfant peut enfin consacrer toutes ses forces à l’exploration spatiale.
Je n’ai pas peur de la controverse
Il a décidé de moderniser cette vénérable institution en donnant plus de place aux start-up, en promouvant des systèmes innovants comme les nanosatellites et les constellations, sans oublier d’accompagner la montée en puissance du Space Command, une branche de l’armée de terre. d’air et d’espace qui sera installé, dès 2019, dans les locaux du Cnes à Toulouse (Haute-Garonne), en attendant de disposer de son propre bâtiment. Experts militaires et civils collaborent au quotidien pour défendre les intérêts français en orbite.
A LIRE AUSSI Éric Lombard, le nouvel homme fort de BercyNe craignant pas les polémiques, Philippe Baptiste propose de restreindre un principe fondateur de l’ESA : le retour géographique, selon lequel chaque euro investi par un État membre dans un projet spatial européen lui donne droit à une part proportionnelle des emplois générés.
Son objectif : dynamiter l’usine à gaz dans laquelle sont produites aux quatre coins de l’Europe des pièces de fusées ou de satellites avant d’être assemblées. Trop cher et trop complexe, comparé à SpaceX qui concentre – et optimise – l’ensemble de ses activités industrielles dans son usine de Hawthorne, en Californie.
Lutter contre la fuite des talents
Au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste devra notamment assurer le financement des esprits français, de leur formation à leurs carrières de chercheur. Face à l’explosion des budgets des laboratoires chinois, il est encore plus difficile d’enrayer la fuite des talents, désormais courtisés en Asie comme en Amérique du Nord.
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Kangourou du jour
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Alors que nos chercheurs, y compris ceux récompensés par de grands prix internationaux, doivent se battre pendant des mois pour obtenir un poste de doctorant ou de jeune chercheur dans leur équipe en France ou en Europe, les laboratoires étrangers leur offrent des opportunités. forfaits difficile de refuser, avec des millions de dollars.
« Je dois me battre pour obtenir un budget de 50 000 euros pour essayer de garder un prix Nobel ici », nous confiait amèrement un haut responsable de la recherche en France il y a quelques jours. Philippe Baptiste saura-t-il mettre des étoiles dans les yeux de nos chercheurs ? Pour cela, il ne faut pas que la fusée du gouvernement Bayrou reste clouée au sol.
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