Le président du groupe Horizons, 44 ans, régulièrement cité comme « ministériel », voit enfin son tour venir. Mais avec le portefeuille de l’Action publique, de la Fonction publique et de la Simplification, il s’attaque à un dossier explosif alors que les relations s’étaient dégradées entre son prédécesseur, Guillaume Kasbarian, et les syndicats du secteur, qui dénonçaient des mesures d’économies et une méthode jugée brutale. La séquence a laissé des traces, a permis l’unité syndicale et a abouti à des manifestations qui ont rassemblé des centaines de milliers de personnes le 5 décembre.
Expérience « locale ». Mais Laurent Marcangeli « a toujours été habitué à traiter avec les syndicats et il est capable de relever ce défi », se défend son entourage, vantant son expérience « locale ». A la tête du groupe Horizons au Palais-Bourbon, le député de Corse-du-Sud aux yeux bleu acier et au teint pâle, élu député en 2022 et 2024, marié et père de deux enfants, a été élevé par des parents dans une école nationaliste. sensibilité, avec une mère syndicaliste à La Poste.
Né le 10 décembre 1980 à Ajaccio, sa carrière politique débute en 2008 comme conseiller municipal d’opposition à Ajaccio. Elu conseiller général en 2011, il devient un an plus tard, à 31 ans, le plus jeune député de Corse, sous les couleurs de l’UMP. C’est à cette époque qu’il se lie d’amitié avec Edouard Philippe, le fondateur d’Horizons.
“Apaisement”. Dans la Fonction publique, il devra composer avec des syndicats qui ne manqueront pas d’exiger rapidement des engagements, sur les salaires, les carrières, les rémunérations, et surtout de « se donner les moyens d’apaisement » après un dernier trimestre 2024 jugé « particulièrement désastreux ». pour les agents publics et le dialogue social», a réagi la Fonction publique CFDT dans un communiqué après sa nomination.
En 2014, Laurent Marcangeli remet la droite au pouvoir à Ajaccio, en s’imposant face à Simon Renucci (DVG) qui dirigeait la mairie depuis 2001. Mais il se retrouve vite mal à l’aise au sein de sa famille politique. Et après avoir soutenu Alain Juppé à la primaire présidentielle des Républicains de 2016, il quitte le parti en mars 2018, opposé à la ligne du nouveau chef du parti, Laurent Wauquiez.
En mars 2020, il conserve son siège à la mairie d’Ajaccio face à sept candidats, avant d’être contraint de l’abandonner à son premier adjoint, Stéphane Sbraggia, en raison de la loi sur le cumul des mandats. Puis en octobre 2021, il rejoint le parti Horizons, apportant son soutien au président sortant Emmanuel Macron pour un second mandat en février 2022.
“Pas nationaliste”. Durant les semaines de violences de mars-avril 2022 en Corse, après l’attentat mortel contre Yvan Colonna dans la prison d’Arles (Bouches-du-Rhône), où l’indépendantiste purgeait la perpétuité pour l’assassinat du préfet Claude Erignac, Laurent Marcangeli a exprimé son malaise : « Je ne suis pas nationaliste. Ai-je le droit ? Des milliers de femmes et d’hommes se posent aujourd’hui la question », dit-il à l’Assemblée de Corse.
Une position qui lui fera être la cible de tags crasseux lors d’une manifestation en avril 2022 à Ajaccio. Mais cela ne l’a pas empêché de jouer un rôle central dans le processus dit Beauvau, initié après ces violences de 2022, et visant à accorder plus d’autonomie à la Corse. Ce processus a abouti à un accord prévoyant « la reconnaissance d’un statut autonome » de la Corse « au sein de la République » en mars 2024. Mais la dissolution de l’Assemblée nationale en juin a brutalement mis un terme aux discussions, laissant de nombreux élus corses dans l’embarras. craignent l’abandon du projet.
Thomas GROPALLO
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