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Droits de douane élevés, influence chinoise… Cinq minutes pour comprendre la menace du président élu américain

Même s’il n’est pas encore officiellement au pouvoir, Donald Trump avance déjà sur sa future politique commerciale. Et, fidèle à son style, il ne fait pas les choses dans la demi-mesure. Dimanche, le président élu a menacé de reprendre le contrôle du canal de Panama, pointant le traitement « injuste » réservé à la marine américaine par les autorités locales, ainsi que l’influence supposée de la Chine sur ses activités. Dans la foulée, le président du Panama José Raúl Mulino a rejeté ces réprimandes, rappelant que « la souveraineté et l’indépendance de notre pays ne sont pas négociables ». On fait le point.

Qu’est-ce que le canal de Panama ?

Le canal de Panama est un canal de navigation long de 80 km qui traverse ce pays d’Amérique centrale. Il relie le golfe de Panama, dans l’océan Pacifique, à la mer des Caraïbes et à l’océan Atlantique.

5% du trafic maritime mondial transite par ce canal. Son emplacement est une aubaine : il permet aux navires en provenance d’Asie de rejoindre la côte est des États-Unis sans faire un long et périlleux détour par la pointe sud de l’Amérique du Sud.

Qui le contrôle ?

La construction du canal de Panama a été achevée par les États-Unis en 1914. Le 31 décembre 1999, son contrôle a été entièrement restitué au Panama, les deux pays se référant à un accord signé par le président démocrate Jimmy Carter en 1977. Depuis , l’Autorité du canal de Panama (ACP) gère cette route maritime. Au début des années 2010, ce pays d’Amérique centrale a investi plusieurs milliards de dollars pour développer un nouvel ensemble d’écluses, inauguré en 2016.

De quoi Trump accuse-t-il les autorités ?

“Notre marine et notre commerce sont traités de manière particulièrement injuste (…) Les droits (de passage) que réclame le Panama sont ridicules”, a déclaré Donald Trump sur son réseau Truth Social. ” Ce arnaque la destruction totale de notre pays cessera immédiatement », a-t-il promis.

Le président élu a formulé de nouvelles critiques à l’égard des autorités compétentes, invoquant la prétendue influence de la Chine sur les activités du canal. «C’était seulement au Panama de gérer cela, pas à la Chine ou à qui que ce soit d’autre. Nous ne le laisserions jamais tomber entre de mauvaises mains », a-t-il ajouté.

Quels sont les tarifs appliqués sur le canal ?

Les tarifs « sont établis publiquement et lors d’une audience publique, en tenant compte des conditions du marché, de la concurrence internationale, des coûts d’exploitation et des besoins d’entretien et de modernisation de la route interocéanique », a répondu José Raúl Mulino à son homologue américain.

« Il est vrai que les prix ont augmenté l’année dernière », constate Paul Tourret, directeur de l’Institut supérieur d’économie maritime (ISEM). « Les autorités panaméennes ont décidé de mettre aux enchères les créneaux de passage dans le canal », souligne-t-il, ce qui a inévitablement fait monter les prix. L’ACP, de son côté, justifie cette politique d’enchères par les conditions climatiques du pays. La sécheresse qui a frappé le Panama en 2023 et début 2024 l’a poussé à prendre cette mesure afin de réguler le trafic.

“Cette politique n’est plus appliquée aujourd’hui”, rappelle Paul Tourret, ajoutant que “75% des marchandises transitant par le canal” au cours de la dernière année étaient liées à l’économie américaine, ce qui pourrait donc expliquer la colère de Donald Trump sur les tarifs douaniers. “Mais l’ACP n’a pas la capacité d’appliquer des tarifs spécifiques aux cargaisons américaines, il n’a pas la capacité juridique pour le faire”, ajoute le directeur de l’ISEM.

Qu’en est-il d’une éventuelle influence chinoise ?

« Hormis quelques activités sur les ports du canal, notamment via l’opérateur portuaire Hutchison Port Holdings, la Chine n’a aucune autorité sur le canal et ne le contrôle pas », balaie d’une main Paul Tourret. « Tout cela n’est qu’un fantasme de Donald Trump. »

“Le canal n’est pas sous le contrôle direct ou indirect de la Chine, de la communauté européenne ou des États-Unis, ni d’aucune autre puissance”, a déclaré sans broncher dimanche soir le président panaméen.

 
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